The Great Old Ones + Au Champ Des Morts – Nouveau Casino – Paris – 25/11/2019

On ne ressort jamais le même que lorsqu’on est entré à un concert de The Great Old Ones. C’est plus ou moins ce que je me suis dis à chaque fois que j’ai pu voir ce groupe en live. Grâce à Garmonbozia Inc. et grâce à la sortie récente de Cosmicism, le dernier album de la tête d’affiche, cette expérience pourra de nouveau être vécue ce Lundi 25 Novembre 2019 au Nouveau Casino de Paris. Pour ce Cosmicism French Tour, nous aurons droit au groupe Au Champ Des Morts pour ouvrir le bal avant de pouvoir entendre The Great Old Ones jouer et défendre son dernier album.

 

Au Champ Des Morts est un groupe de Black Metal de Limoges créé en 2014. Ce dernier a sorti pour l’instant un EP intitulé Le jour se lève et un album Dans la Joie. J’avais déjà eu l’occasion de voir ce groupe une fois en live dans le cadre du festival In Theatrum Denonium de Denain, et ce groupe m’avait laissé perplexe. Je ne demandais donc qu’à revivre l’expérience.

Il est 19h30 lorsque le groupe fait son entrée. Sans un mot, Au Champ Des Morts entonnera sa première chanson et nous laisse observer le visuel qui nous est proposé. On a affaire ici à 4 personnes, 3 hommes et une femme, portant un look très particulier. Stefan Bayle, le frontman du groupe, arbore une jolie paire de lunettes de soleil, de même pour le batteur, ce qui nous laisse imaginer une ambiance très Rock’n’roll dans la musique. Cependant, on peut observer un peu de rouge sur le visage et la guitare de notre frontman, signe assez régulier dans le Black. Bon, on est sur un visuel Black’n’roll donc. Eh bien pas du tout ! Musicalement, Au Champ Des Morts nous offre un Black Metal assez classique, reprenant quelques bribes au Black atmo et au Post-Black. On a des passages blastés, du chant clair par moments, le tout dans une ambiance très mélancolique. Si j’ai bien compris les thèmes abordés, on est sur différents sentiments que peuvent provoquer la guerre, sous différentes formes. “Dans la joie” n’est-ce pas ?

La salle est bien remplie mais pas totalement pleine. Et le public est très attentif à ce qui se passe sur scène. Chacun se laisse imprégner des émotions que le groupe essaye de nous faire ressentir. Et ça semble marcher ! Je mettrais tout de même quelques petites nuances à ce show. Si le son était très bien dans son ensemble, il y avait un vrai manque au niveau de la caisse claire durant les blasts. On ne l’entendait pas, ce qui dénaturait un peu la musique, c’est très perturbant de n’entendre que la grosse caisse pendant ces passages, on a vraiment l’impression qu’il manque quelque chose. Mais cela n’enlève en rien la qualité musicale du groupe, qui est plutôt très bonne !

Le groupe jouera en bonne partie ce qui se trouve dans leur unique album Dans la joie. Je retiendrais en particulier le morceau Après le carnage qui est selon moi le meilleur morceau de l’album. Dans ce titre, on a l’impression que le groupe crée la tristesse pour apporter le réconfort tout de suite après. C’est vraiment très beau. De plus, ce morceau est un très bon exemple du panel que le groupe est capable de nous proposer, on a des passages blastés, des passages très lents, du chant clair, du chant saturé, tout ! On aura lors du show quelques moments qui sortent de l’ordinaire, comme lorsque Cécile G., bassiste du groupe, prononcera quelques mots laissant penser à une sorte d’incantation avant un morceau, ou encore un superbe jeu de voix entre le chanteur en chant saturé et la bassiste en chant clair servant de support pour accentuer le premier chant.

Après les quelques mots de Stefan Bayle : “Un dernier morceau. Un dernier espoir. Une dernière prière. Afin qu’un jour tout se termine dans la joie”, le morceau éponyme de leur album nous est joué comme dernier titre du set. Puis le groupe repartira de la même façon qu’il est arrivé, sans un mot, laissant le public ovationner le groupe, ce qui montre que ce dernier était tout à fait conquis.

 

Le temps de prendre une petite pause et d’aller visiter la TRÈS petite pièce servant de fumoir au Nouveau Casino, je me positionne dans la fosse, vraiment beaucoup plus remplie, pour attendre tranquillement le show du groupe pour lequel nous sommes venus : The Great Old Ones !

 

The Great Old Ones est un groupe de Post-Black nous venant de Bordeaux. Créé en 2009 par Benjamin Guerry, le chanteur du groupe. Le nom du groupe “The Great Old Ones”, les grands anciens, fait directement allusion aux différentes œuvres de Lovecraft, en particulier celles qui ont amenée à toutes les histoires autour du mythe de Cthulhu. Ces dernières ont comme thème récurrent la place de l’homme dans l’univers et le fait qu’il soit totalement insignifiant, pouvant amener ce dernier vers la folie face à de telles prises de consciences.

Le concert commence par l’introduction de l’album que le groupe est venu défendre, suivie du premier morceau de l’album The Omniscient. On peut tout de suite voir l’ambiance visuelle qui nous est proposée. La scène est plongée dans une lumière bleutée accompagnée de quelques spots blancs, ne laissant que l’ombre des membres du groupe visible pour l’audience. Le groupe est composé de 5 personnes, 3 guitaristes (assez rare pour le notifier !), un bassiste et un batteur, tous encapuchonnés. La décoration de la scène elle-même est très belle aussi. Chaque pied de micro est orné d’un logo, dont le central laisse clairement apparaître les célèbres tentacules de Cthulhu, et le fond de la scène est entièrement recouvert d’un artwork reprenant les thèmes abordés dans le groupe, on y voit encore pas mal de tentacules ! Visuellement, il est clair qu’on est dans l’ambiance.

On remarque tout de suite que le son est bien meilleur que lors de la première partie, cette fois, on entend les coups de caisse claire sur le blast, et heureusement, j’aurais été extrêmement déçu du contraire ! Le premier morceau est très bien exécuté, et on sait d’ores et déjà que ce nouvel album passera très bien en live, déjà qu’il passait parfaitement bien à l’écoute studio, on sent que le live lui fera honneur. Comme second morceau, Of dementia nous permets d’entendre quelques passages très lents, du type d’Amenra (il s’agit uniquement d’un passage de ce morceau qui me fait systématiquement penser au groupe, la musique globale de TGOO n’a strictement rien à voir avec Amenra, soyons précis !).

Au niveau du public, on voit très bien que celui ci est totalement soumis aux émotions provoquées par la musique. On a des mélodies qui te déchirent l’âme en deux, avec lesquelles tu te sens tellement seul, entourés de gens qui se sentent tous aussi seuls que toi. J’ai rarement vu autant de personnes fermer les yeux en même temps pour apprécier la musique, comme une façon de s’abandonner à la solitude que chacun ressent. J’ai l’impression que le peu que je connaisse des écrits de Lovecraft sont très bien retranscrits dans la musique, en tout cas, les sensations provoquées sont communes aux deux types de support artistique.

Vers le milieu du concert, l’ambiance visuelle semble quitter le bleu pour aller vers le rouge. Ce qui donne un tout autre état d’esprit au show. Les lumières sont incroyablement bien gérées pendant le concert, elles m’ont totalement fait me perdre au milieu de ces ombres qui semblent communier entre elles en bougeant en rythme, un énorme bravo à la personne qui gérait ça !

Le groupe ne communique pas du tout avec le public, c’est une chose qui peut être dommageable pour d’autres groupes, mais pas pour The Great Old Ones, le fait de communiquer aurait casser le rythme, et c’est très bien comme ça. Le fait de simplement lever les bras pour appeler le public à crier son ralliement est amplement suffisant et plus serait de trop. Et en parlant du public, je tiens à préciser que pour une fois, je suis extrêmement ravi du comportement de ce dernier. Je me trouvais sur le devant de la fosse, et en tout cas là où je me trouvais, il a été très respectueux, pas un bruit quand il y avait des moments calmes, se comportant totalement de la façon dont il doit se comporter pour se type de concert, statique, se laissant envahir par les émotions, c’était parfait !

Après avoir quitté la scène quelques instants, TGOO nous offrira Antarctica pour terminer le show. Ce dernier se termine sur une mélodie très stridente, avec beaucoup de reverb dans celle-ci, afin de totalement se perdre mentalement dans celle-ci. Le groupe quittera la scène après 1h30 de show qui seront passés à une vitesse astronomique. A peine le temps de se rendre compte que l’on est totalement sous l’emprise des sentiments de solitude et de mélancolie, on a l’impression de se réveiller d’un coup. Le public offrira une longue ovation au groupe quittant la scène, et vraiment, c’était magnifique, bravo The Great Old Ones !

 

Cette soirée était vraiment riche en émotions. Après la mélancolie de Au Champ des Morts, nous nous sommes abandonnés à la solitude et la folie de The Great Old Ones. Il est vraiment difficile de retranscrire par écrit ce que l’on peut ressentir lors de ce type de concerts, je ne pourrais donc que vous conseiller d’aller voir le groupe en live, vous n’en serez pas déçu, c’est une promesse que je vous fais ! Je terminerai cet article en citant la personne qui m’a accompagné à ce concert, et qui m’a dit en sortant de celui-ci : “Quand on apprécie la musique, la bière descend vite. Mais qui réussi à la boire quand la musique est exceptionnelle ?… J’ai rarement mis autant de temps à boire ma bière…”.

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