Les Cinq Légendes – Peter Ramsey

Le Croquemitaine est de retour et il menace de conquérir le cœur des enfants. Jack Frost doit se joindre au marchand de sable, au père Noël, à la Fée des Fents et au Lapin de Pâques afin de les protéger et de découvrir qui il est réellement.

En 2012, Dreamworks Animation surfe sur les suites de ses franchises à succès (Shrek, Kung Fu Panda, Madagascar) et tente des incursions sur de nouveaux terrains. Les Cinq Légendes s’inscrit dans cette dynamique. Tiré d’un roman de William Joyce, il est réalisé par Peter Ramsey, qui a co-réalisé en 2018 Spider-Man : new generation.

Pour le film qui nous occupe, on le sait, le folklore et la mythologie sont des thèmes porteurs à l’écran. L’animation n’est pas en reste et en voilà une belle preuve. Les Cinq Légendes parle en effet de personnages qui hantent l’imaginaire des enfants présents un peu partout dans le monde occidental : l’équipe réunit le père Noël, le lapin de Pâques, la Fée des dents (cousine de la Petite Souris française), le Marchand de sable et Jack Frost. Cette idée d’adapter des figures connues, aisément reconnaissables, permet au récit de proposer une histoire intemporelle qui parlera à toutes les générations.

La première qualité du film est sa forme. Les Cinq Légendes joue facilement sur l’émerveillement suscité par ses personnages, ce qui passe par un aspect visuel très travaillé. Chaque personnage développe son monde : l’atelier du Père Noël ultramoderne, les terriers sans nombre du Lapin, les nuages du Marchand de sable sont des environnements très bien caractérisés qui permettent de poser rapidement chaque héros. De même, le Croquemitaine bénéficie d’un royaume bluffant de petites trouvailles tirées des voiles obscurs qui constituent son pouvoir. Tous les protagonistes ont été modernisés ou s’inspirent de croyances à leur sujet : le père Noël est un guerrier armé de deux sabres ; le lapin, un combattant au frisbee.

Cette collision entre les identités marquées de chacun culmine dans quelques scènes bluffantes, la plus impressionnante étant l’affrontement Croquemitaine/Marchand de sable dans le ciel nuageux. Après un début de combat dans les rues, le Croquemitaine évoque ses cheveux noirs aux formes effrayantes qui entourent Jack Frost et le Marchand de sable. Ce dernier décolle et emmène le combat dans le ciel plein de nuages. Commencent alors des duels entre tous les héros et les chevaux, pendant que le Croquemitaine entoure d’une nuée noire le Marchand de sable. La scène, dynamique et percutante, se conclue en apothéose et applique littéralement le show, don’t tell: le rêve est vaincu par le cauchemar et malgré les pouvoirs déchaînés, le Croquemitaine semble gagner le sommeil des enfants.

La thématique du film peut se lire à différents niveaux : les plus jeunes retrouveront l’affrontement du bien et du mal et une mythologie connue et partagée ; les plus grands y verront la nécessité de croire, le pouvoir de l’imaginaire et des rêves, un message extrêmement positif encourageant l’émerveillement.

Mais la sous-intrigue la plus intéressante concerne la construction de mythes et de légendes à partir d’une histoire réelle. C’est l’intrigue autour du personnage de Jack Frost, en quête d’identité tout au long du film. Frost est l’allégorie de l’hiver dans la culture anglo-saxonne, et Les Cinq Légendes s’interroge sur sa nature.

Quelle histoire se cache derrière le facétieux maître des du froid ? Comment le personnage va-t-il bénéficier de ses attributs ? Peut-il revenir en arrière ? Passer de la réalité au conte fondateur passe par un drame. À l’instar des contes de Grimm, c’est la mort et la perte qui feront de Jack Frost une légende en construction, qui a besoin que l’on croit en elle pour exister. Le message est plutôt bien amené et se montre là encore positif, comme l’essentiel du film.

L’équipe technique autour du film aligne les noms connus, comme souvent avec DreamWorks. Le compositeur est aussi à mettre en avant puisque c’est notre frenchie Alexandre Desplat qui s’y colle. Entre filmx et filmy, il y signe une partition thématique et enlevée, très classique, mais aussi très efficace. C’est à mon sens sa meilleure musique pour un film Hollywoodien tant il évite le Mickey mousing (la musique qui sautille comme les personnages à l’écran) au profit d’une approche très construite qui lui sied bien.

Conclusion

Les Cinq Légendes est un très bon film de fêtes, aux belles fulgurances visuelles. Malgré de petits problèmes de rythme, il propose des thèmes forts qui sont bien traités à l’écran. À découvrir en famille !

Les Cinq Légendes

d’après l’oeuvre de William Joyce

Peter Ramsey

avec Chris Pine, Isla Fisher, Alec Baldwin, Jude Law, Hugh Jackman

DreamWorks Animation

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