Le Guide Lovecraft – Christophe Thill

 

On connaît Christophe Thill, co-fondateur avec Thomas Bauduret des éditions Malpertuis, grand connaisseur de l’œuvre de Robert Chambers dont il a publié la première version complète du « Roi en jaune » en langue française, et grand connaisseur également de l’œuvre du maître de Providence, Howard Phillips (avec deux « l », et le lecteur saura pourquoi) Lovecraft, au sujet duquel il dirige un travail monumental : la traduction multicéphale (par Thomas Bauduret, Erwan Devos, Pierre-Paul Durastanti, Jacques Fuentealba, Hermine Hémon, Hannaïg Houesnard, Maxime Le Dain, Arnaud Mousnier-Lompré, Florence Dolisi) de la biographie de Lovecraft par S.T. Joshi, « Je suis Providence », monumental opus de plus de mille deux cents pages, un projet qui devrait aboutir au premier semestre 2019.

 

Pour ceux qui désireraient en savoir plus sur le maître et qui ne pourraient attendre cette biographie d’envergure, on trouve sur le marché toute une série d’ouvrages comme – par exemple – le petit essai sur Lovecraft par Michel Houellebecq, ou les études de William Schnabel, Boris Maynadier et Cédric Monget publiées aux éditions La Clef d’Argent. Pour une introduction globale à la fois à l’œuvre et à l’homme, toutefois, ce « Guide Lovecraft », qui propose un tour d’horizon parfaitement lisible et facile d’accès, apparaît particulièrement adapté.

En à peine plus de deux cents pages, Christophe Thill dresse un tableau méthodique et raisonné : biographie, catalogue d’idées reçues, synthèse de l’œuvre lovecraftienne, choix de vingt nouvelles à lire (à l’intention de ceux pour qui les textes de Lovecraft restent à découvrir), choix de dix autres textes méritant l’attention (textes écrits en collaboration, mais aussi, réflexions, extraits de carnets, essais et poèmes), retour aux mythes et idées reçues avec un chapitre intitulé « C’est lovecraftien ! », les spécificités du fantastique lovecraftien (le matérialisme, l’horreur cosmique… ), les diverses formes d’héritage lovecraftien (« Le Mythe hors de Lovecraft » et « Lovecraft en dehors des livres », avec brièvement synthétisés la musique, la bande dessinée, le cinéma, les jeux vidéo, les jeux de rôle) et pour finir un « Petit lexique lovecraftien » où l’on retrouve, entre autres, des termes tels que « protoplasmique », « pseudopode », « tentacule » et « Trapézoèdre ».

Pour qui est familier de l’auteur, les choix opérés par Christophe Thill, même s’il précise qu’il ne s’agit en aucun cas d’un palmarès et qu’ils permettent de donner « l’idée la plus complète possible de l’étendue et de la diversité de la fiction fantastique lovecraftienne, de ses approches, de ses thèmes et bien entendu de ses évolutions », sont difficilement discutables. Et ils ont en effet, outre leurs qualités, celles d’ouvrir, comme Christophe Thill le précise dans les notules associées, vers d’autres textes correspondant à des facette voisines, ou à tout le moins similaires, de l’œuvre lovecraftienne. Des choix réfléchis qui sont donc loin d’être une simple sélection, mais composent également une introduction raisonnée, des portes et des passages vers les étranges territoires évoqués, décrits, arpentés, au moins sur le plan mental, par Lovecraft durant ses méditations et ses songes.

Si un des grands mérites de ce guide, assurément rédigé par un connaisseur, est de ne pas pérenniser clichés, idées reçues et même parfois sottises qui, hélas, sont bien souvent, et depuis bien longtemps, véhiculées au sujet de l’auteur, un autre est de revenir méthodiquement, toujours de manière raisonnée, pondérée et argumentée, sur les mille et un lieux communs ((le prétendu mythe de Cthulhu, le racisme, le reclus, les traductions, etc.) que véhiculent à l’envi ceux qui n’ont pas lu Lovecraft et essayent de faire croire à leurs interlocuteurs, sinon à eux-mêmes, qu’ils s’y connaissent un tant soi peu.

C’est dire toute la pertinence de la démarche de Christophe Thill, qui, en à peine plus de deux cents pages, parvient à en dire beaucoup et, sans en avoir l’air, à en contredire autant, à juste titre, avec honnêteté et toujours pour la pleine édification du lecteur.  Il mettra également en garde les lecteurs contre les « faux » textes de Lovecraft, qui ne manquent pas, notamment ceux (indiscutablement médiocres) qui ont été écrits par August Derleth, et rétablira quelques vérités sur les « collaborations » de Lovecraft avec ses épigones. C’est dire que les lecteurs désireux de s’informer sur cet auteur et sur son œuvre ne sauraient mieux trouver que ce « Guide Lovecraft », sans doute à ce jour sans doute le meilleur de la série des petits guides thématiques de chez ActuSF.

 

Le Guide Lovecraft

Christophe Thill

Couverture : Alexandre Bourgois

Editions ActuSF

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