Cthulhu : Les Créatures du Mythe regroupe les cahiers de notes et de croquis d’anthropologues partis à la recherche de secrets impies et qui, le plus souvent, ont payé leurs découvertes de leur vie ou de leur équilibre mental. Les croquis illustrent dans quel état d’esprit malsain les malheureux se trouvaient lorsqu’ils les ont tracés, parfois avec de l’encre, dans d’autres cas avec leur sang ou des substances inconnues.
Plus de soixante entités sont présentées, chacune avec une description détaillée, une illustration couleur, son symbole, sa taille par rapport à l’humain, son mode de déplacement et ses particularités. Ce Codex est l’occasion de découvrir les créatures qui peuplent le mythe de Cthulhu : Azathoth, Nyarlathotep, Yog-Sothoth et bien d’autres aberrations.
C’est quelque chose de plutôt original qui m’a été demandé de chroniquer. En effet, il ne s’agit pas d’un roman, ni même d’un essai ou d’une biographie historique, mais plutôt d’un bestiaire de créatures surnaturelles en tout genre tirées du fameux univers de fiction du Mythe de Cthulhu, créé à partir de l’oeuvre d’un certain (et fameux) Howard Phillips Lovecraft (1890-1937).
Autant vous le dire tout de suite : je connais très mal cet univers pullulant d’entités extraterrestres, ni même cette célèbre créature terrifiante qu’est Cthulhu et tout ce qui en découle. Je sais juste qu’il y a comme une sorte d’aura de mystère autour de ce Lovecraft et une de ses œuvres en particulier : le Necronomicon. Du coup, je ne peux pas être plus objective dans ma chronique, bien qu’une question me traverse l’esprit : saurais-je apprécier le livre à sa juste valeur, n’étant pas spécialement attirée par cet univers ?
Comme je suis une personne sérieuse et consciencieuse, j’ai pris le temps de me renseigner un minimum sur ce qui m’a été demandé de lire, l’histoire de ne pas être trop larguée. Si vous pensez qu’il s’agit d’une création, alors passez votre chemin. En effet, il s’agit de la réunion de deux ouvrages du créateur de jeux Sandy Petersen, à savoir :
- Les monstres de Cthulhu (1988)
- Créatures des contrées du rêve (1989)
Vous êtes déçus ? Je le soyez pas. Parce que nous disposons du coup d’un important catalogue de formes de vie surnaturelles, d’un bestiaire incroyable de créatures effrayantes et étranges ! Quelle imagination ! Cela force le respect !
“Par conséquent, rêveurs, étudiez ces pages avec attention. Elles traitent d’une grande variété d’entités des Contrées du rêve, celles qui représentent le plus d’avantages ou d’intérêts pour les humains.”
Soyons clairs : le bouquin est beau, le bouquin sent la qualité, le bouquin est relativement court et le bouquin est (je trouve) cher. Maintenant, allons creuser un peu plus loin : dans son contenu et son intérêt…
Lacouverture est sobre, certes, mais très efficace, et c’est ce qu’on lui demande. Là, on a vraiment l’impression de feuilleter un ouvrage précieux (couverture dure), l’ambiance est mystique, la forte odeur qui s’en dégage après avoir ouvert la première page sent le neuf. Bref, que du positif sur ce point.
Le contenu, lui, se nourrit d’un fort contraste. En effet, la personne non passionnée par cet univers se dira qu’il ne s’agit en fait que d’un regroupement de créatures inventées dont on essaye de nous faire croire leur existence par le biais d’une imagination débordante qui force le respect. Cette personne n’aura pas tort en soi. L’autre type de personne se dira qu’il s’agit d’un recueil extrêmement précieux de créatures surnaturelles en tout genre, une sorte de bestiaire ultime référençant des êtres passionnants et étranges créés ou inspirés par M. Lovecraft en personne. Et cette personne n’aura également pas tort ! Du coup, difficile de poser un avis objectif.
“Ces pages traitent des terreurs des royaumes hypergéométriques, celles qui concernent le plus les mortels liés à la Terre.”
Les créatures qui s’enchaînent sont tantôt minuscules, tantôt monumentales, bien souvent étranges, aussi effrayantes les unes que les autres, et d’une variété impressionnante. Certains descriptifs sont complètement perchés, et certains commentaires presque déroutants pour les profanes. On côtoie tantôt de terribles démons appelés Anciens, comme Azathoth (le “Sultan des démons”), Nyarlathotep, Shub-Niggurath ou Yog-Sothoth, tantôt des créatures mineures tout aussi troublantes, comme la Chose-rat (un énorme rat à tête d’humain dont la tête qui se contracte imite l’érection d’un pénis !!) ou encore le Chat de Saturne (un chat bizarre qui vit…bah sur Saturne). Il y a même des références mythologiques bien connues, comme Bast, la déesse des chats (la déesse Bastet égyptienne), Dagon (dieu amorrite), le Basilic (bête légendaire connue dès l’Antiquité) ou encore le Wendigo (créature maléfique issue de la mythologie amérindienne) ! De quoi être dérouté !
Citons bien sûr la présence de Cthulhu (indispensable), ainsi que de quelques créatures qui ont eu le mérite de m’intriguer dans le bon sens du terme, comme Celui qui hante les ténèbres, Le roi en jaune (quel nom étrange), le Shantak ou encore le Gnor.
Vous l’aurez compris, cet ouvrage s’adresse aux passionnés, non aux profanes : le premier sera fasciné par tant d’imagination ; l’autre dérouté. Personnellement, j’y vois un produit de qualité, avec des illustrations intéressantes et une mise en page réussie. La lecture est plutôt rapide (à peine 153 pages pour la réunion de deux ouvrages),le principe reste répétitif et à la longue un peu fatiguant (bah oui, dans le fond, ce n’est qu’une succession de créatures, sans aucun fil conducteur ni intrigue pour nous tenir en haleine). Les illustrations démentes (puisque nouvelles et refaites) et le prix raisonnable compte tenu de la qualité des deux ouvrages permettent de venir garnir notre belle collection d’ouvrages sur ce sujet. Le seul reproche que j’aurai trouvé, c’est de n’avoir finalement rien découvert de nouveau, puisqu’il ne s’agit pas d’une création.
Collectif
153 pages
Edition Bragelonne
30 €