Athéna et ses chevaliers font une petite promenade de la Terre jusqu’à Sanctuaire.
À peu de choses près, voici donc le fameux scénario du film Les Chevaliers du Zodiaque – La Légende du Sanctuaire et il pourrait faire concurrence à Luc Besson pour le côté post-it de certains de ses scénarii.
Les rares souvenirs que je possède de l’anime sont la magnifique chanson de Bernard Minet et quelques brides d’épisodes de cette période (génération Club Dorothée oblige) Ainsi, cette rapide analyse du film se fera indépendamment de l’arc du Sanctuaire de l’anime.
Bien souvent, essayer de mettre en avant les producteurs d’un film n’est pas forcément un argument commercial…loin de là. Vu le nombre d’explosions et de dégâts en tout genre, il étonnant que Michael Bay, grand spécialiste de la destruction, ne fasse pas partie des producteurs. Je suis sûr qu’il aurait été à même de distiller ses conseils pour réduire Sanctuaire à néant d’un déluge de feu d’artifice. Permettant ainsi de relancer la construction grâce aux bétonneurs du coin.
Cette affiche est typique d’un film qui se veut rassurant pour les fans. Une jolie vue du Sanctuaire montre que l’action principale s’y déroulera bien et qu’hypothétiquement on aura le droit à de très beaux combats. Ceci étant renforcé par la présence de Seiya, alias le chevalier de bronze de Pégase. Rappelons que le titre original de cette œuvre est Saint Seiya, ceci reste logique.
Compte tenu de la diversité du nombre de personnages, j’ai décidé de m’attarder sur certains d’entre eux qui sont révélateurs des clichés. Vous aviez demandé des personnages épiques et profonds ? Malheureusement vous êtes tombé sur le mauvais film.
Commençons par Saori Kido ou Athéna. En faisant exception du Chevalier de la maison du Scorpion, c’est le seul personnage féminin du film, il y avait donc de grandes espérances pour ce personnage. De fille à papa très naïve, Saori va pleinement prendre possession de ce qu’être Athéna implique à la toute fin du film alors qu’elle est censée être toujours blessée et surtout affaiblie. Elle permet à Seiya de vaincre l’ennemi du film, ce qui lui permet de passer de statut de « Boulet que l’on traine » à « Déesse de la guerre ». Les réactions quelque peu stupides du début qui me donnaient envie d’enterrer le réalisateur jusqu’aux épaules en pleine forêt avec le visage enduit de confiture se raréfient au fur et à mesure que l’intrigue avance, mais cela arrive bien tard.
Venons-en maintenant à Seiya. Il était impossible de passer à côté du protagoniste principal de ce film et pourtant son analyse est vraiment très simple. S’il est vrai que sans lui, pas de Chevaliers du Zodiaque, il est d’autant plus vrai que c’est une sacrée tête à claques. Il s’agit du faire-valoir de l’humour du film. Il se remet de chacun de ses combats et a même assez d’énergie pour lancer des petites piques cinglantes. Par contre lorsqu’il dit qu’il va tout donner et qu’avec un unique coup, il est envoyé à l’autre bout du temple, Athéna a des raisons de s’inquiéter de ses protecteurs.
Pour vous donner le niveau de l’humour, voici un petit exemple : alors que Seiya vient de réceptionner Saori sur son dos, il déclare « Saori, t’es plus lourde que t’en as l’air ». Ce genre d’erreur aurait dû l’envoyer immédiatement de vie à trépas, car c’est bien connu, il ne faut jamais parler du poids d’une demoiselle, d’autant plus lorsqu’il s’agit d’une déesse.
Enfin, Le Grand Pope. Il aurait suffi d’écrire simplement « grand méchant de l’histoire » pour qu’on puisse résumer avec un étonnant détail ce personnage. Mais vu son importance dans le film, écrivons quelque chose de plus élaboré. Comme tout bon méchant qui se respecte, il a fait ses études à l’Université du Mal dont les professeurs enseignent également à l’École des Sbires, c’est dire le niveau. Donc au côté de Palpatine ou même de Diablo, il a dû prendre la grosse tête, ce qui fait qu’il préfère sous-traiter son boulot. Môssieur est trop fort pour se salir les mains. Avec un ego surdimensionné, la défaite lui pendait au nez et c’est bien fait pour lui.
Lorsqu’il est encore le Grand Pope, il a donc sous ses ordres une flopée de chevaliers. Malheureusement pour lui, tous ne lui sont pas fidèles et comble du malheur, ceux qui le sont ont le même égo que lui. Ainsi lors du premier combat, le chevalier Dreadman (non modifié) dure moins de 3 minutes ce qui est plutôt honorable vu qu’il passe surtout son temps à parler. Par ailleurs, gardez bien en tête ces 3 minutes, nous y reviendrons d’ici peu.
Quant aux chevaliers d’or du Sanctuaire, un seul embrasse totalement la cause de l’ennemi du film : le Chevalier du Cancer. Récemment, une expression est apparue dans les jeux vidéo. Lorsque l’on traite quelqu’un de cancer, cela signifie que son jeu est nuisible, bref qu’il pourrit absolument tout. Or là, c’est exactement la même chose. Masque de Mort (car c’est son nom) est une véritable plaie. Sa présentation tient plus du showman ou d’un chanteur passé par The Voice que d’un véritable chevalier. D’ailleurs, je pense qu’il a dû être sélectionné par Florent Pagny vu l’amour qu’il se porte. Enfin son entrée en scène se fait par l’intermédiaire de…ballons. Oui, du même genre que le clown Grippe-Sou mais en plus coloré. Il suffisait de les crever pour qu’il se transforme en crêpe. Au moins, le spectateur aurait échappé à sa prestation musicale et les protecteurs d’Athéna auraient gagné du temps. Donc concernant le cancéreux, l’équation suivante fonctionne :
Ego surdimensionné + Voix irritante² + Show à la Patrick Sébastien = Défaite majeure
Le combat entre Shiryu, chevalier de bronze du dragon, dure un peu moins de 3 minutes. Sachant que l’on peut porter cela à 5 minutes si on compte sa présentation. Oui, ce chevalier soi-disant surpuissant passe plus son temps à parler et à flatter son ego qu’à combattre. Sachant qu’il s’est révélé aussi fort que Dreadman, ce n’est pas une grande perte pour le Sanctuaire.
C’est alors que l’intrigue est relancée : le Grand Pope est en réalité Saga, chevalier d’or du Gémeaux. À ce moment-là on se dit que l’on peut espérer un combat épique vu que la fin du film approche. Et…..malheureusement non. Même avec les explosions, la poussière et les destructions occasionnées, le combat est plat et totalement prévisible. Un « Oh quelle surprise, notre héros semble bien plus puissant que l’ennemi » est de mise. En disant cela, n’oubliez surtout le ton sarcastique, c’est très important.
Le meilleur dans tout cela, est que son combat dure moins de 4 minutes. Décidément, le Mal n’est pas très bien représenté. Petit exemple de scène lors de cette bataille :
Alors même que Seiya est immobile, Saga n’arrive même pas à le toucher avec les lasers verts qu’il envoie, sachant qu’il n’est pas non plus à des kilomètres de sa cible. J’imagine que dans une autre vie, il devait être un Stormtrooper…
Enfin, typique de la mégalomanie des Méchants, il voulait recréer l’univers…
La dernière transformation de Saga n’est qu’un stratagème pour nous en mettre de nouveau plein la vue. Bien à l’abri dans une armure à la Power Ranger, il déclare « Je surpasse même les dieux ». Ah…j’oubliais que le crépuscule des Dieux était déjà passé et qu’ils étaient tous bien faibles désormais. Vous pouvez l’imaginer, Saga se fait promptement botter les fesses par un Seiya et une Athéna très en colère. En moins de 4 minutes, le combat est terminé, j’imagine que les professeurs de l’Université du Mal doivent de nouveau faire un facepalm.
Quand on voit la durée de chaque combat, on pense tout de suite que le scénariste et le réalisateur devaient tous deux être sous métamphétamine (encore un coup de Walter White). Car tout va vite, très vite et trop vite en fait. Bon dans le pedigree de Tomohiro Suzuki (le scénariste), on remarque qu’il travaille sur l’anime One Punch Man…ceci explique cela, puisque le héros de cet anime expédie les combats d’un coup de poing.
Finalement le problème sont bien ces satanées 1h30 de film. Les raccourcis se sont révélés omniprésents et n’amènent qu’à un film de qualité moyenne scénaristiquement parlant. Cela est totalement dommageable, car il ne s’adresse véritablement qu’aux fanboys du manga et de l’anime. En rajoutant, 30 minutes de plus, il aurait été possible de casser l’action et d’approfondir l’histoire, de donner plus de consistance à l’ensemble des personnages et d’égaler la durée d’Albator, le film-père des Chevaliers du Zodiaque. Cependant, ça serait de la mauvaise foi que de n’y voir que du négatif dans ce film. Clairement, c’est une grosse claque visuelle et là sa parenté avec Albator est indéniable. On voit bien les efforts pour nous faire vivre l’aventure de Seiya et de ses compagnons de la manière la plus « réaliste » possible. L’architecture du Sanctuaire, avec un mélange d’art Grec et ce quelque chose de divin, d’hors du temps est tout simplement somptueux. Quant à la musique, elle se révèle à la fois épique et emprunte d’une certaine douceur. Celle-ci aurait tout à fait sa place dans un Final Fantasy ou dans tout autre univers de fantasy. Alors, lorsqu’en image finale nous avons 5 étoiles s’illuminer dans l’espace, il nous reste cet étrange sentiment que le film était court, très court, trop court et qu’il gâche malheureusement ce bon divertissement que tout film devrait plus ou moins avoir en arrière-plan.
Les Chevaliers du Zodiaque – la Légende du Sanctuaire
de Kei’ichi Sato
D’après l’œuvre originale de Masami Kurumada