Transformers 5 : The Last Knight – Steve Jablonsky

 

Depuis le premier épisode de la franchise, sorti en 2006, Transformers bénéficie d’un univers musical à part entière, solide et épique, conçu par Steve Jablonsky. A travers quelques thèmes emblématiques comme Autobots, Decepticons, Optimus, Skorpinok, la marche du Allspark ou le noble Arrival to Earth, le compositeur a posé les jalons qu’il reprend depuis cinq films. La première trilogie bénéficiait ainsi de développements musicaux conséquents. Le dernier film en date, l’Âge de l’extinction, avait marqué une rupture : cette richesse disparaissait derrière un flot de morceaux sans personnalités.

L’arrivée du cinquième opus, The Last Knight, marque une tentative de trouver un équilibre précaire entre anciens et nouveaux, ce qui ne va pas sans quelques problèmes.

Avant de parler musique, parlons support, une fois n’est pas coutume : Transformers 5 : The Last Knight est le premier film de la franchise à bénéficier d’un édition complète par Lalaland Records. Un effort à souligner, alors que l’album du film original est introuvable (hors occasion), idem pour le troisième épisode La Face cachée de la Lune, et alors que le quatrième est en voie d’extinction, justement. Seul les quarante pauvres minutes de La Revanche (le second donc) sont encore facilement accessibles. Viennent s’y ajouter les deux heures dix minutes de cette nouvelle sortie.

De nouveaux thèmes arrivent. Le premier, Sacrifice, est une prolongation de Decision, la piste phare de l’Age de l’Extinction. Assez fade, il pose plus une ambiance déceptive qu’il n’accroche l’oreille attentive, faute d’une mélodie affirmée, dans le prolongement de son aîné. Quelques variations sont toutefois très percutantes, à l’instar de Purity of Heart, Sir Edmund Burton, ou du trop bref Cogman Sings, pour orgue et soliste dans une filiation d’Infinite White (Transformers 2).

Bien plus envoûtant, Merlin’s Staff introduit la partie « légende du Roi Arthur » du récit. La volonté de donner un ton celtique est affirmée, avec des cordes très mises en avant, notamment le violoncelle qui installe une ambiance sombre et mélancolique à souhait. Contrairement à la première piste, cette mélodie a l’occasion d’être amplement développée, que ce soit calmement (Seglass Ni Tonday) ou avec des variantes tantôt nobles, tantôt épiques (Purity of heart, Vivian, Merlin’s Tomb, Claims the staff). Assez facile à retenir, elle rappelle les récentes incursions de Bear McCreary sur ce style (Battlestar Galactica, Outlander), notamment avec l’utilisation du violoncelle électrique qui donne un son moderne à l’ensemble. On n’échappe pas à des références au Dark Knight de Hans Zimmer qui se promènent par ci par là, mais la volonté d’imprimer un thème fort qui parcourt l’album est une très agréable surprise.

D’autres suites parsèment l’album (Izzy et son piano très Armageddon, Quintessa et The coming of Cybertron qui font les thèmes des méchants) et, si elles n’ont pas la puissance ou l’intérêt de Merlin’s staff, renvoient à d’autres passages musicales de la franchise, ce qui donne une impression de continuité.

 

 

Malheureusement, ces nouveaux thèmes n’ont que peu l’occasion de croiser les thèmes traditionnels de la série. Sur le premier CD, il y a bien quelques légères réminiscences d’Autobots (Code Red) ou de Bumblebee (You have been chosen), mais la galette se retrouve vite partagée entre les passages solennels autour de Merlin’s Staff et de l’action électro-orchestrale irritante comme Steve Jablonsky nous y a trop habitué depuis le film Battelship (Peter Berg – 2012).

Arrive la deuxième galette, où les évocations de passages connus se multiplient (History of the Transformers, Two Moons) alors que les nouveaux venus se montrent plus présents. On rentre vraiment dans le cœur du sujet et le climax du film aide la musique à prendre plus d’ampleur.

Merlin’s Tomb lance cette machine d’action en reprenant Merlin’s Staff en mode épique, rappelant par ses ostinatis de cordes que nous sommes bien chez un compositeur proche de Hans Zimmer, alors que la chorale s’invite brièvement. La sonorité très massive rappelle alors, de plus en plus, le Transformers de l’origine, fait des marches triomphantes et de passages plus solennels. Claim the staff renvoie très clairement aux apparitions passées du NEST (sans reprendre le thème malheureusement), mais en hésitant pas le clin d’œil habituel au Dernier Samourai.

Your voice peut laisser alors revenir les thèmes traditionnels dans toute leur superbe : s’enchainent à bon rythme Optimus, puis Arrival to Earth (présent également sur I had my moment). C’est ensuite l’enchaînement, mais Steve Jablonsky oublie en route ses nouveaux thèmes, ce qui est dommage.

La conclusion épique de Calling all autobots, qui rappelle forcément No sacrifice, no victory (piste finale de Transformers), elle donne le sentiment d’une boucle qui se ferme. Après cinq épisodes, Michael Bay devrait passer la main. Est-ce que ce sera le cas aussi pour Jablonsky également ?

Conclusion

Si le premier CD laisse entrevoir un potentiel peu exploité, le second nous offre enfin ce que nous sommes venus écouter : de la musique martiale et épique façon RCP. Steve Jablonsky respecte son cahier des charges sans finesse, mais Merlin’s Staff est un morceau très intéressant, très présent sur tout l’album, et qui s’insère tout à fait dans la thématique mise en place sur la franchise depuis ses débuts. Il convient toutefois d’avoir bien en tête Transformers 1, afin de profiter pleinement des évocations esquissées sur ce cinquième opus.

Transformers 5 : The Last Knight

Composé par Steve Jablonsky

Album disponible en version numérique et édité sur support physique par La la land Records

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