Stellaris – Andrea Waldetoft

 

La musique de jeu vidéo cherche de plus en plus souvent à se rapprocher de la musique de film, parfois avec des moyens (Steve Jablonsky sur Gears of War, Harry Gregson-Williams sur les Metal Gear, Le prochain God of War par Bear Mccreary etc…), régulièrement avec des idées et une bonne dose de « à la manière de ». Stellaris, du compositeur suédois Andreas Waldetoft, répond bien à cette deuxième catégorie.

Composée majoritairement pour le synthé et un petit orchestre, Stellaris surfe sur les canons du Space Opera. Autour d’un thème puissant répété à l’envi dès la première piste, Creation and beyond, la bande originale construit son ambiance sur les nappes synthétiques typiques d’un Vangelis dans son volet évasion (1492 : Christophe Colomb, Alexandre), une référence assumée par Andreas Waldetoft. In Search of life met en avant le thème principal joué lentement dans un style élégiaque proche du compositeur grec. Spatial Lullaby propose un clin d’œil appuyé à 1492 : Christophe Colomb, avec son ambiance planante, son chœur discret et sa structure proche de Hispanola par exemple. Sur Genesis, on retrouve ces grands élans synthétiques qui ont fait la célébrité du compositeur des Chariots de Feu.

 

Mais on relève aussi une autre influence, celle d’Hans Zimmer. La thématique se construit autour de thèmes bâtis sur des ostinatos repris en boucle, la marque de fabrique du compositeur de Pirates des Caraïbes. On sent fortement, dans l’omniprésence des cordes, l’empreinte de sa trilogie Batman par exemple. Dernière inspiration, plus évidente, celle d’Interstellar à travers l’utilisation du violoncelle et d’un orgue synthétique dans Deep space travel (à partir de 1 min 30 s) qui n’est pas sans rappeler la progression épique de No time for caution, le morceau d’action du film de Christopher Nolan.

Le modèle clairement exprimé à plusieurs reprises par les développeurs et le compositeur (comme sur cette interview) est celui de Tron : Legacy de Daft Punk. On devine parfois le temptrack – l’obligation pour le compositeur ne réprendre des sonorités similaires au morceau original – derrière la musique sans qu’il soit envahissant. La similarité évoquée jusque là n’est guère surprenante tant la musique de ce film a été travaillée dans les studios de Remote Control Productions, la société de Zimmer.

Pour autant, s’il y a un agrégat de références évidentes, Stellaris réussit un excellent croisement de toutes ces évocations afin de créer une ambiance propre. Dans ses moments chantés, la soliste Mia Stegmar enchante par sa voix puissante. Elle pose aussi un univers de contemplation, comme sur Faster than light où son timbre cristallin émerveille et fascine. Sur Distant Nebula, sa voix s’associe au thème principal qu’elle porte avec grâce.

Dans plusieurs pistes au long court (Pillars of Creation, The birth of a star, toutes deux au-delà des dix minutes), le rythme lent et rêveur proche de la tendance New Age renforce l’impression de l’auditeur de découvrir un univers mystérieux, gigantesque, difficile à percer. Ce type d’ambiance est parfait pour l’immersion et permet de s’envoler dans l’espace sur les presque deux heures que compte le score.

 

 

Conclusion :

Au final, Stellaris a tout de la bonne surprise. Réalisée avec peu de moyens, la bande originale parvient à nous faire vagabonder sur un long trajet et dans des approches variées. Elle propose une expérience classique et efficace quand on pense aux voyages spatiaux.

 

Stellaris

Composé par Andreas Waldetoft

Musique pour le jeu édité par Paradox Interactive

Disponible en version numérique sur le site de l’éditeur et sur Spotify

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