Dans le royaume d’Allorie, Selden, jeune esclave de douze ans, sert loyalement ses maîtres et se contente avec philosophie de cette vie simple et humble. Mais lorsqu’il croise la route de puissants Inquisiteurs venus de Calmédra, tout son univers va s’effondrer, et sa vie s’en trouve à jamais bouleversée.
Accusé du meurtre de son maître, poursuivi par les Inquisiteurs et par les Skybocks, monstrueuses créatures dirigées par le Seigneur Sarkor, il va se retrouver bien malgré lui engagé dans la guerre sans merci qui les oppose depuis près d’une décennie.
À tort ou à raison, tous pensent qu’il est le seul à pouvoir encore ouvrir les Portes d’Athion, et libérer ainsi le terrible pouvoir qui s’y cache.
Voici une belle claque littéraire terminée pendant les fêtes! Le roman d’Anne-Sophie Kindraich est superbe.
Professeur de sciences, il faut tout de suite noter que l’auteur décrit son univers de façon très réaliste et pragmatique. Par exemple, les séquences violentes (tortures ou combats) sont assez dérangeantes. Du coup, on a affaire à une dark-fantasy qui ne se complaît pas dans des pages de descriptions, mais reste au plus proche de l’action et surtout de ses personnages et leur ressenti. Le traitement dramatique de l’intrigue est d’ailleurs plus fort que le reste. C’est pour cela aussi que le récit à la première personne fonctionne très bien, car il permet de comprendre au mieux ce que va ressentir Selden.
Les deux principaux thèmes sont l’esclavagisme et la religion bien sûr, mais l’auteur réussit également à parler des tests biologiques et de tout ce que la science peut engendrer comme mal.
Jusqu’au bout, on pense à une tragédie tant le pauvre Selden subit un nombre d’épreuves toutes plus dures les unes que les autres. D’ailleurs, si l’on compatit d’abord aux malheurs du jeune esclave, on se prend ensuite à vouloir qu’il se batte; se relève et se rebelle contre ceux qui cherchent à le plier à leur volonté. Et quand le jeune homme reprend le cours de sa vie en mains, on suit avec d’autant plus d’intérêt la suite de ses aventures! Ce qui est très fort dans l’histoire c’est que la réaction des personnages est toujours très juste; très humaines, ce qui fait souvent oublier que nous sommes dans un roman de fantasy. Mais la meilleure surprise c’est qu’il n’y a ni de véritable héros (puisque Selden est quand même un antihéros jusque dans les deux derniers chapitres!) ni de grand méchant (puisqu’il y a un joli retournement de situation avec Sarkor à la fin…). On est donc très loin du manichéisme classique de la fantasy! Le personnage de Pandora, la Déesse gardant les Portes d’Athion, est plutôt ambigu également.
L’écriture est fluide, intelligente, avec un vocabulaire recherché et des dialogues justes. Il n’y a pas une seule fausse note dans le style de l’auteur!
La fin est étonnante, car le roman pourrait se clôturer ainsi, mais une suite serait envisageable; en tout cas elle ne serait pas de trop et même bienvenue pour continuer à explorer le monde et ses nombreux royaumes créés par Kindraich. Aussi parce que laisser ainsi l’Inquisition bafouée, Charlotte repentie et surtout la petite Angelica serait très dommage pour tous les fervents lecteurs de l’ouvrage! :-)
CONCLUSION
Cette première intrusion chez Armada est un franc succès! L’ouvrage d’Anne-Sophie Kindraich est passionnant et nous entraîne dans une lecture addictive. Une auteur et un éditeur à découvrir et à suivre!
Les Portes d’Athion
Anne-Sophie Kindraich
couverture Michel Borderie
Éditions Armada
20€