2151, côte nord de l’Australie. La mer joue un rôle prépondérant dans la vie des hommes, qui exploitent les fonds océaniques.
Méfie-toi de l’eau ! Évite la mer ! Ne va jamais nager !
Telles sont les mises en garde que Saha Leeds, 16 ans, a entendues durant toute son enfance, car une étrange blessure héritée du temps où elle était bébé lui interdit toute activité sportive aquatique. Élevée, depuis son plus jeune âge, par sa tante sourde et muette après la mort de sa mère, elle ignore tout de son père. À Seahaven, zone régie par les règles néo-traditionalistes, sa particularité physique fait d’elle une marginale, car tout le monde nage, plonge ou fait de la voile, et quiconque ne peut participer à ces activités s’exclut d’entrée de jeu de la vie sociale. Saha a presque fini par accepter cette existence solitaire lorsque, poussée dans un bassin par des camarades de classe, elle manque se noyer. L’examen médical qui s’ensuit et l’amitié qu’elle noue avec le condisciple qui l’a sauvée après plus de quinze minutes d’immersion la conduisent à s’interroger sur sa nature. Bravant l’interdit, elle se risque en mer – et fait une découverte incroyable…
Il faut parfois savoir passer outre certains romans pour en découvrir d’autres. En effet, ma première incursion dans l’univers d’Eschbach n’a pas été réussie puisque je n’ai pas du tout accroché à Des Milliards de tapis de Cheveux. J’aurais pu donc m’arrêter là, mais cela aurait été une grave erreur!
Aquamarine est un super roman fantastique et d’anticipation, raconté à la première personne par Saha elle-même. Ce côté “journal intime” permet de rentrer très facilement dans l’histoire. Dans ce monde futuriste, tout passe par le numérique; il n’y a plus de livres ni de mammifères marins, exceptés les requins qui n’ont pas succombé à l’extermination humaine. Mais Saha va découvrir qu’il existe autre chose de bien plus étrange dans les profondeurs de l’Océan Indien…
La couverture signée Killian Prevost est tout à fait en accord avec d’abord l’histoire du roman, mais aussi le style de l’auteur: simple et épuré.
À la limite du roman pour ados, Aquamarine dresse le portrait d’une jeune fille timide et effacée qui vit avec sa tante sourde-muette et est dispensée de natation pour cause de “plaies” au niveau des côtes. Souffre-douleur de la pimbêche du lycée (fille du grand patron de la ville), Saha est un jour poussée dans le bassin aux poissons. Ne sachant pas nager, elle pense alors se noyer, mais lorsqu’elle revient à elle, on lui apprend qu’elle est restée plus de 15min sous l’eau. Alors que se passe-t-il? Pourquoi s’en est-elle sortie? Et d’où viennent ses plaies qui n’ont pas vraiment l’air d’avoir été faites par un robot de jardin?
Saha va partir à la découverte de son passé; à la découverte d’elle-même grâce à Pilgrit, le jeune garçon qui lui a sauvé la vie. Elle lui apprendra son secret et grâce à lui apprendra également à s’ouvrir aux autres. Outre le fantastique parfaitement traité et original (avec toute une ambiance maritime à la fois dépaysante et apaisante), l’intérêt du roman réside également dans l’histoire au quotidien de cette jeune fille sans amis, différente des autres. L’ensemble est très touchant notamment grâce à une très belle écriture, poétique, mais aussi très directe et simple. Le personnage de Pilgrit vient apporter un peu d’humour sur cette trame plutôt sombre, malgré une belle évolution de la jeune fille.
CONCLUSION
Aquamarine est un très beau roman fantastique avec une ambiance nouvelle et une héroïne attachante; une écriture de qualité pour une trame bien maîtrisée et intelligente. À lire!
Aquamarine
Andreas Eschbach
Éditions L’Atalante
Collection: la Dentelle du cygne
Illustration de couverture par Killian Prevost
19€