Scream, la saga – Wes Craven

Scream ou Frissons au Québec, est un film d’horreur américain réalisé par Wes Craven, sorti en 1996. Ce dernier porte un regard nouveau sur le sous-genre du slasher et en fait sa propre analyse au-delà de son ton ironique, satirique et horrifique.
Il a été suivi de 3 suites, et d’une 5e en préparation.

Un petit résumé très bref des 4 opus pour ceux qui vivent dans une grotte ou sont nés après 1997 :

Scream :
Un mystérieux tueur déguisé en fantôme sème la terreur dans une petite ville. Il téléphone à ses victimes et les force à participer à un quizz sur les films d’horreur…
Les ados notent très vite des similitudes entre l’attitude du tueur et celle des méchants de slasher-movie. La journaliste à scandale Gale Weathers fourre son nez dans l’affaire qui prend des proportions médiatiques incroyables.
Sidney, ado fragile traumatisée par la mort de sa mère deux ans auparavant, semble être la prochaine proie du psychopathe…

Neve Campbell

Scream 2 :
Sidney a quitté sa petite ville pour un grand campus où elle étudie le théâtre.
L’homme qu’elle avait accusé du meurtre de sa mère, Cotton Weary, est à présent libre, notamment grâce à Gale Weathers.
Mais le mystérieux fantôme réapparaît, bien décidé à en découdre avec Sidney…

Scream 3 :
Les mésaventures de Sidney ont été portés à l’écran dans le film « Stab », nanar avec Tori Spelling dans le rôle-titre. Cotton Weary est assassiné par un nouveau Ghostface, et sur le tournage de Stab 3, il massacre les acteurs des films… et Gale n’est jamais bien lloin quand il s’agit de décrocher un scoop juteux.

Scream 4 :
15 ans après les événements du 1er film, les suites de son adaptation n’en finissent plus. Stab 7 est à l’écran, et Ghostface revient. Encore, oui. Vous avez compris l’idée.

Qui c”est qui fait coucou ?

« Scream » aujourd’hui passe pour n’importe quelle resucée de slasher déjà trop vus, mais il faut se remettre dans le contexte du premier film.
A sa sortie en 1997, ce film a été un énorme coup de poing. Pourquoi ? Parce que les films d’horreur, à l’époque, jouissaient d’une réputation catastrophique auprès du jeune public et surtout des parents.
La sortie d’un film volontairement (mais finement) parodique a permis, pour beaucoup d’entre nous, de faire passer la pilule aux adultes et aux potes coincés.
Analysant point par point les clichés du genre, pointant du doigts les énormités scénaristiques et les ficelles grossières qui régissent les slasher habituels, Scream a fait rire les puristes, et a initié toute une génération. Car en 1997, ils étaient loin, les Halloween, les Vendredi 13, les Freddy. Nous étions une génération sans film d’horreur « à nous », du moins pour le grand public (les plus fous avaient chéri Evil Dead et Hellraiser, mais on joue sur un autre contexte). Redorant le teen movie et en faisant une vraie petite bombe d’humour et de frissons, Scream a fait passer un merveilleux été à tous les ados de l’époque, et a (re) lancé le genre de la parodie.
En termes d’analyse de scénario, les 4 films ne se valent pas, car évidemment c’est le premier le plus intéressant. Surprises, doutes et plot twist, tout y est. On ne sait jamais qui est mort, qui va revenir, qui est là, qui pourrait être coupable et qui ne le pourrait pas. Le jeu un peu pervers des ados qui organisent des soirées « film d’horreur » alors que leur camarade de classe s’est fait massacrer deux jours avant révèle en douceur les malaises et les personnalités borderline, la joie macabre d’un patelin de campagne où enfin « il se passe quelque chose ».

Les personnages sont finement joués, entre le flic dépassé par les événements, la journaliste à scandale détestable à souhait, les ados barjos et cons…  On voit des têtes connues. On sourit, bien sûr, au massacre du principal du lycée ou du crétin qui n’avait rien vu venir. Ca gicle, et c’est bien cool.

En terme de réalisation, toujours impeccable avec Wes Craven aux commandes, ça a vieilli, mais pas tant que ça. Tout y est. Les champs, contrechamp, les travellings bien suivis, toutes les ficelles des classiques sont utilisées et magnifiées. Le film dans le film, la référence dans la référence, on peut jouer en permanence à « mais d’où vient cette réf ? ».
La scène d’intro du premier film, avec Casey faisant chauffer son pop-corn avec le tueur au téléphone lui demandant quel est son film d’horreur préféré, est restée gravée dans les mémoires.

Le 4e opus pousse d’ailleurs à son paroxysme le film dans le film .
Je me permets de vous copier le résumé de Wikipedia, car je ne pense pas arriver à mieux synthétiser le début de l’intrigue :
« Séquence introductive : 15 ans après

Dix ans après les événements du troisième volet, deux adolescentes, Sherrie (Lucy Hale) et Trudie (Shenae Grimes), se préparent à regarder un film d’horreur (Saw 4), mais elles sont attaquées et tuées par deux Ghostfaces. On comprend alors qu’il s’agit là de la scène d’introduction de Stab 6 regardée par deux adolescentes Rachel (Anna Paquin) et Chloé (Kristen Bell). Cette dernière sort un poignard et éventre à deux reprises son amie sous prétexte « qu’elle parle trop ». On comprend encore une fois qu’il s’agit de la scène d’introduction de Stab 7 qui est regardée par deux adolescentes « réelles » cette fois, Marnie Cooper (Brittany Robertson) et Jenny Rendall (Aimee Teegarden). Elles ne tardent pas toutes les deux à être harcelées puis tuées par Ghostface. »

Comment faire plus délirant en matière de destruction des codes ?
Même Télérama, à l’époque, avait apprécié la mise en abîme. C’est vous dire.

C’est seulement après le premier Scream qu’on a pu voir fleurir toute la génération des « Souviens-toi », « Destination finale » et autres sagas devenues classiques.
En ce qui me concerne, ce film m’a permis d’initier tous mes potes à des tas de choses à l’époque vues comme complètement déviantes, en pointant avec finesse la culture nécessaire à l’appréciation complète des vannes. Du concierge habillé comme Freddy aux clins d’œil à Hitchcock, des personnages regardant Halloween dans le film au plot twist final, je pouvais enfin faire la maline, étaler ma pop culture sans passer pour la tarée du collège, mais pour celle qui a un coup d’avance.
Bim. Je pouvais enfin inviter tous mes amis à mater Halloween et Psychose avec des tonnes de pop-corn.

Hémoglobine à volonté !

Evidemment, quelques faits divers écœurants ont fait les choux gras d’une presse en mal de sujets intéressants, mais en vain.Le film d’horreur n’était plus réservé aux désaxés, les gens cool kiffaient enfin se faire peur. Il était devenu mainstream d’aimer ce genre de film.

Les suites ont chacune leur intérêt, puisque chacune parodie à sa mesure les suites et les suites de suite. Avec des cameos délicieux comme celui de Carrie Fisher, des bonnes grosses vannes sur Hollywood, Scream 2, 3 et 4 préparaient le terrain en douceur pour des malinous comme les auteurs de Scary Movie, qui au final n’ont fait que grossir le trait de la parodie (parfois avec bio, d’ailleurs, même si pour ma part j’ai tendance à trouve leur humour plutôt indigeste).

Scream et ses suites sont bien plus que 4 films d’horreur vus et revus. Ils sont devenus cultes, ont marqué l’histoire d’un cinéma qui ne cesse de se réinventer.

C’est grâce à Scream que l’on a aujourd’hui des films d’horreurs avec parfois un trait d’humour, et aussi des films d’humour avec de l’horreur. Sans Scream, je pense que des Cabin in the Woods ou Tucker et Dale n’auraient jamais vu le jour. Le teen-movie pas si couillon, avec un regard gentiment piquant sur les teens et les movies, ce fut la sucrerie de mon adolescence, et pour cela je ne remercierai jamais assez Wes Craven.
En attendant la suite, si vous vous ennuyez, recrutez vos amis les plus calés, remettez-vous Scream et ses suites, et cherchez TOUTES les références : vous avez du boulot. Enjoy !

Date de sortie : 16 juillet 1997 (France)

Réalisateur : Wes Craven

Scénario : Kevin Williamson

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