La Belle et la Bête – Jean Cocteau

 

Un marchand au bord de la faillite vit à la campagne avec ses quatre enfants. Deux de ses filles, Félicie et Adélaïde, sont égoïstes et superficielles, et traitent leur sœur, la gentille Belle, comme une domestique.
Un jour, le marchand part en voyage d’affaire et promet de rapporter des cadeaux à ses filles. Félicie et Adélaïde demandent des présents luxueux, mais Belle assure qu’elle se contentera d’une rose. En route, le marchand s’égare et trouve refuge dans un château étrange où il dîne et passe la nuit. Au matin, découvrant un buisson de roses dans le jardin, il en cueille une pour Belle. C’est alors qu’apparaît le propriétaire du château : un homme au visage terrifiant de bête qui condamne le marchand à mort pour lui avoir volé une fleur, à moins que ce dernier ne lui donne une de ses filles. Se sentant responsable du malheur de son père, Belle accepte et part pour le château…

 

Avant Walt Disney ou Christophe Gans, il y avait Cocteau.

Le mythe de La Belle et la Bête n’a jamais autant fasciné : du spectacle de Broadway (repris en France il y a quelques années) aux deux Walt Disney (dont le prochain sort sur nos écrans le 22 mars prochain) en passant par le récent remake de Christophe Gans, de nombreux producteurs, réalisateurs et scénaristes s’essayent à l’adapter.
Difficile d’oublier pourtant qu’il y a plus de soixante-dix ans maintenant, Jean Cocteau s’emparait de la légende pour en faire probablement l’une des adaptations les plus poétiques qui soit : en somme, un vrai conte de fées.

La Belle et la Bête de Cocteau est le tout premier film (dessins animés mis à part) que je me rappelle avoir vu.
Il a beau être en noir et blanc, je n’ai pas le souvenir d’en avoir été gênée malgré mon très jeune âge : cette absence de couleurs confère au contraire à l’œuvre un aspect atemporel et hors du monde. Dans le sublime palais de la Bête, le temps semble suspendu. Les personnages évoluent comme dans un rêve, à travers une atmosphère onirique qui renforce cette impression de conte de fées enchanté.

 

La beauté de Belle (Josette Day) n’a pas vieilli elle non plus, et sa personnalité correspond bien à celle que j’avais lue dans l’histoire : une jeune fille extrêmement gentille, innocente sans être naïve, dont l’ouverture et la bonté permettra de percer à jour le cœur de ce monstre qui se révèle à nous au fil du récit.
Le personnage de la Bête (superbement interprété par Jean Marais) est de plus en plus attachant au fur et à mesure de l’histoire. En raison de son masque, une grande partie de son interprétation repose sur sa voix, qui porte énormément d’émotions et ressemble au feulement d’un félin. L’apparence de la Bête (bien qu’elle ait, semble-t-il, été inspirée par le chien de Jean Marais) m’a en effet toujours fait penser à un lion (yeux sur le devant, nez aplati, forme de la gueule, crinière…). Ce masque reflète bien la dangerosité de la bête (les lions ont la réputation d’être d’excellents chasseurs) et attise en même temps un certain attendrissement avec ses airs de gros chat malheureux.

 

L’esthétique est superbe, pour ne pas dire parfaite. Les films en noir et blanc présentent d’ailleurs souvent une apparence très particulière, en raison des contraintes liées à l’absence de couleurs : la beauté des costumes et des décors doit se dévoiler autrement, elle passe à travers les contrastes, la précision des détails et les jeux de lumière.

Mais surtout il se dégage du film une atmosphère féerique et enchantée que je n’ai jamais retrouvée à ce jour. La splendeur mystérieuse de la forêt du prince, les chandeliers qui brûlent tenus par des bras sortant des murs, la végétation presque vivante envahissant le palais apportent une poésie extraordinaire et ne laissent aucun doute quant à la nature de l’œuvre : un véritable conte de fées.

La Belle et la Bête
Par Jean Cocteau
Avec Jean Marais, Josette Day, Michel Auclair,…

Disponible en DVD et blu-ray avec des éditions spéciales 

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