La magie est revenue parcourir le monde, créant de nouveaux artefacts. Elle a surtout réveillé Prospero, le magicien de la Tempête de Shakespeare, qui entend bien récupérer son pouvoir afin de régner sur l’humanité. Pour réussir, il tire de son livre le cerveau criminel le plus brillant de la littérature : le professeur Moriarty. Face à ce duo, les Bibliothécaires vont avoir fort à faire.
La série reprend à la minute même où elle nous a laissé : suite à la confrontation entre les Bibliothécaires et la Fraternité du Serpent, Excalibur a libéré son énergie, réveillant de vieilles sources de magie.
Un homme tout à fait normal se souvient alors de son glorieux passé : il était Prospero, le puissant magicien, il a été vaincu et enfermé dans son enveloppe d’humain. Le voilà décidé à se venger. Mais comment faire sans son bâton magique ? À l’aide de ses pouvoirs restants, il tire un livre de Conan Doyle de sa bibliothèque et en invoque le Professeur Moriarty. Le maléfique duo se lance à la recherche des attributs qui permettront à Prospero de régner.
Après sa saison introductive, Flynn Carson et les nouveaux aventuriers peut cette fois se consacrer avant tout à son intrigue principale : six des dix épisodes tournent autour de l’affrontement avec Prospero et Moriarty. Ce dernier fait particulièrement office de bras intelligent à la solde du magicien et apparait à de nombreuses reprises.
Résultat : les épisodes isolés sont plus rares et apportent moins à l’écriture des personnages. L’épisode dédié à Jacob Stone est anecdotique et fait redite avec les développements précédents, celui sur Ezekiel Jones est plus drôle dans une variation d’un Jour sans fin malheureusement assez commune. La palme du mauvais épisode revient sans doute au sixième, intitulé Pacte avec le Diable, mal écrit et qui échoue à bâtir un quelconque suspense. Contrairement à la première saison, ces stands alones n’apportent rien. Ils ne sont pas non plus soutenus par un casting secondaire intéressant et peinent à convaincre de leur place au sein de la trame globale.
Il faut donc se tourner vers l’intrigue fil rouge, qui est bien plus marquant par l’ampleur des méchants choisis. Ce sont tous deux des symboles littéraires que les auteurs vont constamment raccrocher à leurs mythes personnels, ce qui offre une richesse inédite à l’histoire.
Prospero, interprété par Richard Cox, est un antagoniste qui en impose. Accompagné de sa fée Ariel, il cherche d’abord à restaurer son bâton de sorcier brisé avant d’étendre son influence. Les citations de Shakespeare sont très nombreuses, de même que des références visuelles à l’image de cette tempête qui menace de détruire New York en ouverture de la saison deux.
Moriarty, interprété par David S. Lee, est plus nuancé dans son statut et son approche. Esclave de Prospero qui l’a tiré des romans où il vivait, c’est bien entendu un génie du crime, mais qui s’humanise par sa position d’être sous contrôle. Il va peu à peu tomber amoureux d’Ève, la gardienne, ce qui va occasionner un triangle amoureux cocasse avec Flynn Carson.
L’autre intérêt de cette deuxième fournée est le retour au premier plan du personnage de Flynn Carson. Guest star de luxe dans la saison précédente, il devient plus franchement le héros de l’aventure aux côtés d’Eve Baird (Rebecca Romjin), sa gardienne. Cette modification vient d’abord de l’acteur Noah Wyle : retenu sur Falling Skies en 2014, il est cette fois libre de tout engagement et s’investit de manière plus importante dans la série.
On sent aussi une volonté plus prononcée de retrouver l’esprit des téléfilms originaux. Dans les deux derniers épisodes, cette impression se confirme : en plein délire geek autour de la magie et du voyage dans le temps (on croise volontiers le TARDIS ou la Dolorean), Flynn et Ève sont projetés à l’époque shakespearienne. La reconstitution fait penser à cette ambiance téléfilm d’aventure. Ce sont eux qui vont résoudre le nœud de l’intrigue.
L’équipe est ouvertement mise en retrait. Si elle contribue à vaincre la menace tout au long de la série, elle ne fait office ici que de faire valoir ou d’assistance à Carson. Cette modification de prisme sert le rythme global, car Noah Wyle continue à jouer de manière tout à fait énergique. Son côté détendu et sa capacité à changer de ton offre un réel plus. Le rapprochement de sa propre histoire avec celle du Roi Arthur apporte également un développement intéressant, à creuser sur les saisons suivantes.
Mais la dynamique générale en souffre. L’équipe, déjà séparée en début de saison, ne retrouve aucune interaction digne d’intérêt. Pire, les relations sont réduites à de simples gimmicks sans qu’il y ait une véritable volonté de faire bouger les lignes.
C’est donc un sentiment mitigé qui prévaut alors qu’en effort constant est maintenu pour se raccrocher aux cultures de l’imaginaire, une grande force de la série : au-delà des méchants principaux, on croise le Monstre de Frankenstein, l’Arbre de la Connaissance, la Dame du Lac, Dorian Gray, des renvois à Lovecraft ou Stephen King. Bref, les éléments sont encore là pour passer un bon moment.
Techniquement, la série reste agréable à regarder et poursuit dans la même lignée que son prédécesseur. Noah Wyle s’investit dans cette partie également en signant s’installant derrière la caméra pour le cinquième épisode. Scénaristes et réalisateurs reviennent sur plusieurs épisodes à la suite, ce qui assure une certaine cohérence visuelle et stylistique qui n’est pas pour déplaire. Joseph LoDuca continue à singer la musique de Doctor Who sans vraiment transcender les images.
Conclusion
Si la série justifie désormais pleinement son titre français, Flynn Carson et les nouveaux aventuriers reste un divertissement agréable à suivre malgré quelques faiblesses plus marquées sur cette deuxième saison. Heureusement, l’intrigue principale rattrape ces errances et c’est toujours un plaisir de voir Flynn croiser tant de références SFFF.
Flynn Carson et les nouveaux aventuriers Saison 2
Crée par John Rodgers
Avec Noah Wyle, Rebecca Romijn, Christian Kane, Lindy Booth, John Kim, John Laroquette
Diffusé par Syfy France