Ce n’est un secret pour personne sur ce site, les cultures et mythologies nordiques et scandinaves ont toujours beaucoup inspiré les acteurs de la musique Metal. Dans tous les styles, que ce soit de BATHORY à MANOWAR en passant par UNLEASHED ou YNGWIE MALMSTEEN, ces légendes sont un puits sans fond pour l’inspiration Metallique. A tel point que c’est en fait devenu un sous-genre à part entière : le Viking Metal que ça s’appelle. Et, de nos jours, quand on pense Viking Metal, on pense forcément AMON AMARTH. Eh bien il va falloir penser SKÁLMÖLD désormais.
Issu de la très petite mais néanmoins vivace scène musicale islandaise, SKÁLMÖLD est apparu sur les écrans radars du Viking Metal en 2010. Six ans, 3 albums et une collaboration avec l’Orchestre Symphonique d’Islande plus tard, revoilà nos fiers insulaires avec leur 4e album intitulé, Vogguvisur Yggdrasils.
Cet album, dont le nom signifie Les Berceuses d’Yggdrasil par chez nous, « se veut une collection de ce que pourrait être une berceuse type dans chaque branche de l’arbre-monde » (dixit le chanteur au nom imprononçable dans le Rock Hard n°169). Et il est bien entendu que dans les branches de l’arbre-monde on écoute du bon gros Heavy Metal des familles, cela va de soi.
Parce que la musique de SKÁLMÖLD sur ce dernier album est incontestablement Metal. Incorporant à sa musique des éléments folk (Nidavellir) ainsi que des arrangements absolument somptueux qui débarquent toujours à propos (Asgardur), les Islandais nous propose ici 50 minutes de Metal au sens le plus large du terme. Tapant aussi bien dans le black et le death par les vocaux (Niflheimur) et/ou les parties de doubles pédales (Asgardur), que dans le Thrash (Helheimur) et le sympho (Muspell), leur musique reste néanmoins tout à fait personnelle et cohérente. Les chœurs masculins donnant régulièrement la couleur épique que l’on attend de toutes bonnes formations de Viking Metal (Alfheimur), tout en apportant une originalité certaine. Enfin, riffs et rythmiques martiales, toujours simples mais jamais simplistes, sont bien souvent d’une redoutable efficacité (Alfheimur, aussi), à l’image des solos forts bien exécutés et jamais hors-sujets (Midgardur).
Mais le point d’orgue résumant la qualité de composition des scandinaves est atteint, sans conteste, sur Vanaheimur, dernier morceau de l’album. Mêlant, mid-tempo lourd et entraînant à la fois, vocaux death et black rehaussés de chœurs masculins toujours aussi classieux et épiques, nos vikings cassent soudain le rythme pour se payer une montée en puissance somptueuse, sur fond de claviers incantatoires que ne renierait pas GHOST. L’impression d’être un guerrier viking vivant ses dernières heures avant de voyager à travers les âges pour entrer au Valhalla est alors absolument prégnante. On dit souvent que la musique est affaire d’émotions. Ce n’est que trop vrai. Et ce morceau en est une des preuves les plus incontestable !
Ce titre conclu l’album en une telle apothéose qu’on en oublie les quelques petits défauts parcourant, tout de même, le dernier méfait de SKÁLMÖLD. On pourrait par exemple reprocher au chanteur principal une voix gutturale quelque peu faiblarde (Niflheimur) mais qui, paradoxalement, s’insère très bien dans la musique du combo. Ou encore un trio de titre (Midgardur, Utgardur, Alfheimur) un peu moins accrocheur que leurs prédécesseurs et successeurs dans la tracklist.
Toutefois, ces quelques faiblesses ne gâchent à aucun moment le plaisir intense et immense que représente l’écoute de ces Berceuses d’Yggdrasil. Un des ces albums que l’on se repasse encore et encore et dont on tombe amoureux chaque fois un peu plus, tellement il s’en dégage une force, une puissance, une beauté et une sincérité qui font un bien fou par les temps qui courent.
Vogguvisur Yggdrasils
SKÁLMÖLD
Napalm Records
2016