Entretien avec Pär Sundström, bassiste de Sabaton

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eMaginarock : Bonjour, et merci de prendre quelques minutes pour répondre à mes questions. Pourrais-tu tout d’abord te présenter à nos lecteurs et nous expliquer ce qu’est Sabaton ?

Pär Sundström : Je suis Pär, le bassiste et manager de Sabaton depuis le début en 1999. Le groupe est un groupe de heavy metal parlant de batailles historiques, de combats épiques, et tout un tas de choses comme ça. C’est aussi simple pour nous de raconter des histoires que de parler de faits héroïques passés. J’aime la fantasy et on pourrait aisément en parler dans nos chansons mais l’ADN de Sabaton réside dans la guerre épique. Par exemple l’idée d’origine du tout dernier album, The Last Stand, est de parler des combats héroïques perdus d’avance de petits groupes face à des armées complètes, en allant des Thermopiles, popularisées par le film 300, à 1945.

M. : Comment as-tu commencé à jouer de la basse ?

P. S. : J’ai commencé à l’école alors que j’avais 13 ans, lorsqu’un gamin, avec les cheveux longs et qui visiblement écoutait du métal, m’a demandé si je voulais faire partie d’un groupe. Je lui ai répondu que oui mais que je ne savais jouer de rien. Tu joueras de la basse m’a-t-il dit, et je t’apprendrais. J’ai donc commencé comme ça, sans vraiment m’entraîner, préférant faire la fête avec les autres. Et finalement cela m’a inspiré pour ce que je suis devenu aujourd’hui, à regarder les bassistes célèbres. J’adore toujours regarder les grands concerts car ils ont l’air tellement passionnés devant une foule en folie et c’est ce que j’ai toujours voulu.

M. : Et est-ce dur d’être à la fois un membre, et le manager du groupe ?

P. S. : Pas vraiment en fait. Je pense que cela me donne une bonne compréhension de tout ce qui se passe. Nous n’avons jamais été forcés de faire quoi que ce soit, puisque nous décidons nous-même de ce que nous faisons. Au fil des années j’ai appris des choses et affronté des problèmes mais nous avons résolu les choses. C’est dans ma nature d’aimer résoudre les problèmes en trouvant la meilleure manière possible pour cela. Par exemple une fois nous avions cruellement besoin d’un tourbus mais les prix étaient excessifs. J’ai donc proposé que nous construisions un et finalement cela s’est avéré la meilleure solution ! Il y a plein d’exemples qui permettent de dire que les problèmes ont toujours une solution.

M. : Et d’où vient le nom du groupe ?

P. S. : Le nom de Sabaton vient d’une pièce d’armure médiévale. En fait nous n’y avons pas spécialement réfléchi, c’est Joakim qui est arrivé avec cette idée et un ami à lui a créé l’image graphique du nom, et c’était bon. Nous n’avons pas eu besoin de beaucoup à y penser car le nom nous plaisait même si on sait bien que le graphisme est une plaie pour les organisateurs du fait de ce gros S. Vous n’imaginez pas combien d’heures j’ai moi-même passé à adapter la typo du nom pour l’adapter à nos différents supports de comm.

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M. : Commençons à parler de The Last Stand avec l’artwork. Qui et comment a-t-il été créé ?

P. S. : Le graphiste s’appelle Peter et il a voulu retranscrire quelque chose de dynamique, mettant en avant différents héros. Nous travaillons avec lui depuis l’album live et nous sommes vraiment satisfaits de cette collaboration. Depuis que nous avons commencé à travailler avec lui nous n’avons jamais eu besoin de le faire revoir sa copie, il assure directement dans le sens que l’on souhaite et c’est vraiment agréable car il a saisi l’essence du groupe…

M. : Et quels sujet vouliez-vous mettre en avant à travers ce nouvel album.

P. S. : Dans The Last Stand il y a dix histoires différentes, que nous avons trouvées aussi passionnantes les unes que les autres. Par exemple la plus intéressante, même si je ne connais pas l’intégralité des détails de l’histoire est la bataille racontée dans Winged Hussards, parce qu’elle a plein d’aspects et qu’à la fin de la bataille de Vienne vint l’armée de secours, alors que le désespoir prenait les soldats enfermés dans la bataille, avec ces splendides cavaliers ailés. C’est particulièrement fascinant de voir à quel point par certains aspects la guerre peut être épique. Lorsque nous avons fait des recherches nous avons découvert ce type de hauts-faits d’armes qui sont particulièrement impressionnants et nous ont inspiré cet album.

M. : Qui a travaillé sur quoi au moment de la création de l’album ?

P. S. : Joakim est celui qui écrit la majorité des morceaux, mai nous avons de plus en plus de propositions de la part des nouveaux membres du groupe, arrivés en 2012. Puis plus tard, à la dernière minute, les paroles sont écrites par Joakim et moi, et c’est comme cela depuis le premier jour. On s’assoit et on discute de nos idées et on commence à écrire. A force d’échanger que ce soit en direct our par mail on commence à avoir une grosse librairie d’idées dans lesquelles piocher et lorsque l’on a choisi le thème pour cet album j’ai été sélectionner quelques livres dans ma bibliothèques et j’ai fais quelques recherches pour ressortir les grands thèmes des différents morceaux. On a pas écrit les chansons immédiatement, en fait on l’a fait alors que les morceaux instrumentaux étaient déjà enregistrés en studio. Ces recherches préalables ont permis d’écrire chaque chanson indépendamment et d’aller plus vite.

M. : Cette manière assez étrange de travailler ne vous a jamais posé de problème ? Le fait d’écrire les paroles après l’enregistrement de la musique n’est-il pas dangereux en cas de page blanche ?

P. S. : Bien sûr mais on écrit toujours les paroles à la dernière seconde, et je pense que c’est parce que l’on aime être pris par l’urgence, par cette intensité causée par le studio. Cela ne nous a jamais vraiment posé de problèmes car c’est un moment de passion pure autour de notre musique, même si parfois le syndrome de la page de la blanche est apparu mais dans ce cas on passe à une autre chanson. Parfois certaines pistes demandent plus de temps pour maturer alors que d’autres viennent toutes seules. Et parfois cela prend vraiment du temps…

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M. : Sparta est le premier morceau de cet album et il donne immédiatement le style épique apporté par les claviers, que l’on trouvera sur le reste de l’album. Pourquoi avoir choisi la bataille des Thermopiles comme thématique pour cette première chanson ?

P. S. : En fait Joakim était avec moi dans le studio et travaillait sur un morceau et j’ai entendu quelques ensembles d’arrangements mélodiques et il m’a demandé mon avis. A ce moment cela tenait plus de la bande originale de film que d’une chanson de Sabaton et cela m’a fait penser à 300. En fait c’est la chanson qui a été prête le plus tôt, du fait de cette petite histoire et du coup nous avons choisi d’introduire l’album avec elle. D’ailleurs les paroles ont été très vite écrites après cet épisode.

M. : Cet album sort dans les jours qui viennent et vous allez partir en tournée directement après. Quelles sont les dates prévues ?

P. S. : En fait nous allons tourner sur les festivals tout l’été mais après la sortie de l’album nous allons lancer une tournée mondiale, en commençant par les USA, puis par l’Europe l’an prochain, le tout avec Accept. Nous voulions avoir un très bon groupe avec nous sur nos dates afin de s’assurer que les fans soient contents et lorsque nous avons proposé cela à Accept ils ont dit oui immédiatement, ce qui est fascinant car nous sommes fans de ce groupe…

M. : Et vous préparez quelques surprises pendant les shows ?

P. S. : Voyons voir… Nous allons peut-être essayer de proposer quelque chose de nouveau avec Accept, nous verrons. Il y aura aussi de pyrotechnie, pas mal d’effets, ce seront, nous l’espérons, de grands spectacles pour nos fans…

M. : J’ai découvert Sabaton sur scène au moment du Download Festival de Paris, il y a quelques semaines, et j’ai été particulièrement impressionné par la prestation du groupe qui n’a pas hésité à aller sur le devant de la scène malgré la pluie battante ( NDLR : Il pleuvait à torrent au moment du show de Sabaton sur festival mais le public est resté fidèle et enjoué malgré le fait qu’il soit trempé). Comment ce moment a-t-il été vécu depuis la scène ? Etait-ce difficile de jouer sous cette pluie ?

P. S. : Tu sais, beaucoup de membres du staff nous on dit : OK il pleut on va reculer tous les éléments pour les protéger de la pluie, vers l’intérieur de la scène. Nous avons dit non, sûrement pas et nous avons choisi de jour comme s’il ne pleuvait pas, comme si tout était normal. Cela nous semblait une question de respect : le public vivait un moment difficile sous cette pluie, et il était hors de question que l’on se cache derrière la scène pour ne pas être mouillés, nous voulions communier avec notre public.

Cela nous a finalement coûté cher puisque Joakim a cramé quatre micros, mes moniteurs ont cramé, la guitare de Thobbe également, mais nous avions décidé de le jouer comme ça et nous en sommes particulièrement heureux. Autre inconvénient : les cordes humides sur les guitares et les basses, qui ne rendent pas le même son et lorsque j’ai commencé à jouer j’ai été surpris et ait cru jouer d’un autre instrument. Cela prend quelques minutes pour s’habituer à jouer d’un instrument trempé, avec les cheveux mouillés et la pluie qui coule sur le visage mais j’en garde un excellent souvenir. Je pense que le public aussi car il a pu profiter de notre musique à fond.

M. : Quel est ton pire souvenir sur scène ?

P. S. : Il y a deux ou trois semaines nous avons joué à Munich, en Allemagne, et le beau temps était au rendez-vous, jusqu’à ce que l’on commence à jouer. Et là la pluie a commencé à tomber comme jamais, ils ont voulu évacuer le public, ont arrêté les écrans, le toit de la scène créait une chute d’eau, douchant littéralement le public au premier rang. On ne pouvait pas non plus utiliser les feux d’artifice et notre pyrotechnie. Et à un moment sur un morceau le beau temps est revenu et c’était fantastique de découvrir la foule derrière cette cascade d’eau…

M. : Merci beaucoup Pär pour tes réponses et je souhaite énormément de succès à ce nouvel album, The Last Stand, et j’espère pouvoir venir vous voir sur scène à Paris en 2017 !

Entretien réalisé par Thomas Riquet et photo par Doro

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