Ethan Burke se réveille sur une route, près d’une rivière, dans une petite ville qui lui est inconnue. Il a oublié son nom et la raison de sa présence, et n’a plus ni portefeuille, ni téléphone portable. Au fur et à mesure que la mémoire lui revient, les mystères s’accumulent : agent secret chargé d’enquêter sur la disparition de deux de ses collègues, il tente désespérément d’y voir plus clair, mais les rares personnes susceptibles de l’aider se montrent plutôt antipathiques… Plus inquiétant encore : il n’a toujours pas réussi à récupérer ses effets personnels ni à joindre ses proches et commence à se rendre compte qu’ici, à Wayward Pines, il semble totalement coupé du monde…
Wayward Pines est un roman choc, au suspense envoûtant.
J’ai très vite accroché à cette histoire étrange, aux questions qui s’accumulent et nous tiennent en haleine au fil des pages.
Le personnage d’Ethan Burke est plutôt bien vu et attachant. Loin des clichés de l’agent secret parfait et impeccable à la James Bond, Ethan se montre étonnamment humain. Pas de pouvoirs qui frôlent le surnaturel ni de scènes d’actions spectaculaires portées par un protagoniste invincible : le héros a aussi ses failles, et elles transparaissent tout au long de l’histoire. Miraculé d’un accident de voiture, la fatigue se fait de plus en plus sentir au fil de l’intrigue : Ethan se blesse, trébuche, s’effondre, perd connaissance à plusieurs reprises. Il lutte contre son corps et son esprit, obsédé par une seule idée : s’enfuir.
Ce parti pris de décrire un héros vulnérable ne rend ce livre que plus réaliste et angoissant : on ressent l’impuissance d’Ethan au fur et à mesure des chapitres, cette volonté d’échapper à l’atmosphère pesante de Wayward Pines sans cesse contrariée par une faiblesse physique extrêmement frustrante.
Il est d’autant plus facile de s’identifier à une personnalité qui avance au même rythme que nous : Ethan se questionne et doute sans relâche. Pas de révélations miracles, ni de compréhension subite de tel ou tel événement. Comme son lecteur, le personnage s’englue dans un univers qu’il comprend de moins en moins au fur et à mesure qu’il le découvre.
Le style est percutant et relativement simple, à la mesure de l’histoire. L’auteur décrit les paysages et les scènes d’action juste comme il faut, trouvant un bon équilibre entre l’errance intérieure de son héros et les moments plus mouvementés.
Cette façon d’écrire sert tout à fait le rythme du roman, qui alterne lui aussi entre des périodes de questionnement parfois assez lentes et les temps forts et plus rapides de l’histoire.
Ce que j’ai le plus apprécié, c’est sans contexte cette atmosphère très particulière, dont on ne sait si elle est surnaturelle ou pas. J’aime particulièrement ce genre, où le fantastique se laisse deviner petit à petit, de façon très subtile, sans apparaître tout d’un coup. Les éléments étranges se dévoilent par petites touches, par des détails qui peuvent sembler de prime abord insignifiants et se révèlent par la suite beaucoup plus importants qu’on aurait pu le penser…
Cette atmosphère rend, je trouve, l’histoire particulièrement originale. Elle porte tout le suspense et en conséquence, j’avais du mal à décrocher de mon livre.
Et au delà de cet aspect fantastique, le roman soulève également un point intéressant : à l’heure du vingt et unième siècle, on se rend compte au fil des pages que sans téléphone portable ni internet, nous avons l’impression de n’être plus personne…
La fin a eu le mérite de me surprendre, et ne correspondait à aucune des hypothèses que je m’étais formulées. Même si elle manque de crédibilité par certains aspects (ce que je développerai davantage dans la chronique du deuxième volume pour éviter les spoilers), cela ne m’a pas empêchée d’avoir envie de lire le tome 2 le plus rapidement possible !
Wayward Pines Livre 1
Blake Crouch
J’ai Lu