El Sedero, une petite ville des États-Unis sur la côte pacifique. En pleine nuit, une petite fille d’une douzaine d’années court à toute vitesse. Elle s’enfuit, pourchassée par des hommes fermement décidés à la tuer. A la sortie d’une passerelle de bois, non loin de plage, elle se heurte à un insomniaque parti faire un jogging bien avant l’aube. Une rencontre due au hasard. Ou pas. Une rencontre providentielle en tout cas.
Car elle n’est pas tombée sur n’importe qui. Sam Dryden est un ancien des forces spéciales. Des opérations officielles, des opérations secrètes. Compétences multiples dans le domaine des armes, des kidnappings, des hélicoptères, des systèmes de surveillance. Et quand une petite fille poursuivie par des tueurs tombe sur quelqu’un qui n’est pas n’importe qui – on se souvient de l’entame, assez semblable, de « La Sirène rouge » de Maurice G. Dantec – on peut être sûr que l’action ne va pas manquer.
Commence alors une folle course-poursuite à travers les Etats-Unis. Deux individus traqués par les satellites, les hélicoptères, les équipes spécialisées, et par des systèmes de surveillance high-tech qui ne sont pas loin de faire frémir. Heureusement, Dryden a de la ressource. La surveillance et la traque il connaît. Et s’il a quitté le service quelques années auparavant, il est assez malin pour deviner que la technologie a entre-temps progressé. Quant à la jeune Rachel, elle a de la ressource également. Beaucoup plus qu’une simple petite fille ne devrait en avoir. Et si sa mémoire, en raison des drogues injectées par ses ravisseurs, que son organisme n’a pas encore totalement éliminées, ne remonte pas à plus de deux mois, elle sait qu’elle a fait partie d’un programme de recherches expérimentales qui lui confère certains pouvoirs. Quant à l’étendue de ces pouvoirs, elle ne s’en souvient pas pour le moment, et cela vaut peut-être mieux. Mais ceux dont elle est consciente, et dont elle fait la démonstration à Dryden, ne tardent pas à le persuader que tous deux se sont fourrés dans un énorme guêpier. Et lorsque peu à peu cette mémoire, par bribes, revient à la jeune fille – le site d’Elias Dry Lake, près de Cold Spring, dans l’Utah, le nom d’un médecin qui semble avoir disparu des écrans radars depuis des lustres, d’autres noms, d’autres inconnus – cela ne fait que poser les jalons d’un itinéraire qu’il leur faut suivre pour en apprendre plus, avec toujours des gens particulièrement malintentionnés, et particulièrement puissants, à leurs trousses.
Courses poursuites et high-tech, donc, mais aussi gunfights, complots politiques et scientifiques, manipulations mentales, pouvoir de contrôle du cerveau, télépathie, cobayes humains, centres de recherche ultra-secrets : en quarante-sept chapitres sans fioritures, Patrick Lee emporte ses personnages et ses lecteurs, de péripétie en péripétie, à la découverte de terrifiantes avancées de la science.
Alors que « L’Entité 0247 » et ses deux suites, « Le Pays fantôme » et « Ciel profond » étaient clairement destinées aux lecteurs de science-fiction, rompus aux paradoxes logiques et friands de complexité, « Runner » vise manifestement un plus large public. Si son intrigue, plus classique, contient une indiscutable touche d’anticipation, son aspect science-fictionnesque est moins marqué, son déroulement est plus simple, moins retors, ses personnages moins fouillés, et les situations mises en scène apparaissent parfois plus convenues. À l’évidence – bien des passages, particulièrement cinématiques, donneront aux amateurs de films d’action des impressions de presque déjà-vu – « Runner » est taillé sur mesure pour une adaptation sous forme de long métrage. Une évidence que vient confirmer en fin de volume le paragraphe de remerciements, qui laisse entendre, au vu de certaines personnes mentionnées – comme Justin Lin ou Michael de Luca – que de toute évidence le livre a été développé de concert avec une industrie hollywoodienne, à laquelle Patrick Lee a par ailleurs déjà vendu des scenarii qui, à ce jour, n’ont pas encore été adaptés.
Pour en rester au roman, « Runner » assure pleinement dans le registre du thriller. Nerveux, tendu, sans temps morts, sans complexité excessive – un honnête thriller de plage, donc, pour l’été qui s’annonce – avec le lot habituel de surprises et de rebondissements, et pour finir une jolie touche d’émotion. Un roman qui se suffit à lui-même, mais auquel Patrick Lee a écrit une suite, « Signal », pas encore traduite à ce jour, et dont on espère qu’Albin Michel, éditeur de « Runner », proposera une version française sous peu.
Patrick Lee sur eMaginarock :
L’Entité 0247 :
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Le Pays fantôme :
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Ciel profond :
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Runner
Patrick Lee
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Marina Boraso
Couverture : James Iacobelli / Joana Kruse / Arcangel / Steve Gardner
Editions Albin-Michel