Nexus est arrivé en fanfare dans le ronron de la SF, généralement trop occupée à se regarder le nombril en pleurnichant sur un « âge d’or » fantasmé (c’était mieux avant, ma brave dame…), en embrassant à bras le corps des thèmes qui faisaient de son auteur le continuateur de William Gibson, voir Neal Stephenson ou Norman Spinrad.
Crux, qui vient de sortir en grand format, n’est que la deuxième partie d’une trilogie qui constitue un seul et unique livre (Il est donc obligatoire d’avoir lu Nexus avant d’attaquer ce deuxième tome) qui débute déjà en pleine action, avec l’introduction d’un « Nexus 5 », faisant vite comprendre que bien des choses se sont passées avant même les premières pages du roman. Nexus qui est à la fois une drogue, un moyen de joindre des esprits, de recevoir des informations, et plus encore…
Lui-même scientifique chevronné, Naam brasse tous les enjeux actuels autour du transhumanisme et même du post-humanisme, sans angélisme ni pessimisme excessif mais en montrant les avantages et les risques inhérents à une telle découverte, à travers une trame ambitieuse brassant de tous les genre : hard-science (tout est plausible), thriller et même espionnage, surtout dans le premier tome en forme de mission classique où, bien sûr, les Chinois tiennent le rôle des bolchéviques d’antan — mais aussi de par un certain flou artistique générant le vertige propre au genre (lorsqu’il est bien employé).
Les influences mêlent aussi bien littérature, cinéma et même jeu vidéo, de façon subtile et pourtant bien présente. Pour une fois, ce style factuel, sans la moindre description colle bien à ce récit qui semble se dérouler dans un monde détouré, dépourvu de repères, dont une bonne partie semble relégué à l’esprit des protagonistes, posant l’éternelle question : où est la réalité ? Peut-être faudra-t-il attendre le troisième tome pour le savoir ?
Nexus
Ramez Naam
Pocket
Crux
Ramez Naam
Presses de la Cité