Ed Noxx avait tout pour réussir. Une belle carrière se profilait, une fiancée charmante et des amis fidèles étaient à ses côtés et un mentor hors pair allait lui mettre le pied à l’étrier. Et pourtant… Tout allait basculer sans qu’il ne vît venir le revers du destin qui allait tout lui faire perdre et le faire disparaître une vingtaine d’année dans une des prisons spatiales les plus isolées de la civilisation. Loin de tous, il va se résigner à son sort ou plutôt se détruire peu à peu dans un premier temps, même si les soins qui lui sont apportés ne font que prolonger ses tourments.
Et puis un jour, il va faire une rencontre improbable, une de ces rencontres impossibles telles qu’on pouvait en voir dans une vieille série SF comme Cosmos 1999. Un deus ex machina un peu facile, mais acceptons la littérature comme un divertissement. Et à partir de là, il va peu à peu se reconstruire et même se restructurer en devenant un autre lui-même, acquérant de nouvelles capacités insoupçonnées et se préparant à son retour parmi les vivants. Puis il va réussir à s’évader pour ensuite mettre en œuvre sa vengeance en s’entourant d’alliés pour le moins inattendus.
Oui, Oren Miller a ici fait un pari risqué. Mais elle l’a assez bien réussi. Imaginez Le Comte de Monte Cristo transposé dans un futur lointain, mode space opera et vous entrerez alors dans Le roi sombre. Ce roi sombre n’est autre qu’Ed qui va faire preuve d’un machiavélisme absolu en recouvrant de son ombre ceux qui jadis le trahirent et nous inviter à observer une vengeance grandiose où il va remettre en cause l’essence même d’une société qui l’a jadis condamné.
L’histoire n’est en rien lassante – déjà vu etc… -, car l’auteur fait preuve d’une grande ingéniosité dans les situations et la caractérisation des personnages, surtout les secondaires. Mon principal regret vient de ce superbe prologue qui est d’une densité, d’un humour corrosif qui m’a tellement plu qu’il a pu me faire ressentir la suite un peu fade. Mais il faut convenir que le ton du prologue ne peut être tenu, à la rigueur, que dans une nouvelle, un roman ne se prêtant pas à un telle débauche d’énergie sur la longueur. Sauf génie littéraire, mais en est-il vraiment ?
La couverture d’Emile Denis reflète parfaitement la dureté de la période d’emprisonnement d’Ed, vieillissant seul dans sa cellule, loin des honneurs qui l’attendaient et dont il fut privé, sous l’œil rouge qui le surveille en permanence. Une adaptation distrayante, sous une plume que je ne connaissais pas, mais qui fait preuve d’une grande maturité alors que sort cette année le deuxième roman d’Oren Miller aux Editions de l’Homme Sans Nom intitulé J’agonise fort bien, merci. Un auteur à suivre.
Le roi sombre
Oren Miller
Couverture illustrée par Emile Denis
Editions de l’Homme Sans Nom
2015
19,90 €