Cette chronique de l’album Rivals, qui sera publié début juin par le groupe Coal Chamber, n’a pas été facile à écrire. Pas facile car après quelques écoutes, si l’on m’avait demandé mon avis, il m’aurait été difficile de répondre autre chose que « c’est d’la merde » – à la manière d’un Karadoc à qui l’on demanderait ce qu’il pense du pain de Kaamelott.
Si en réalité le constat ne peut être aussi catégorique, il n’en est pas moins vrai que ce nouvel album de Coal Chamber, après 13 ans d’inactivité discographique, n’est guère enthousiasmant pour autant.
Mais avant toute chose, faisons les traditionnelles présentations pour ceux qui ne seraient pas familier avec l’histoire du groupe Etats-Unien.
Coal Chamber est né en 1994 et publie son premier album éponyme en 97. Suivront Chamber Music en 99 et Dark Days en 2002. Le groupe splittera finalement en 2003 car les membres du groupe n’ont de cesse de se chercher des noises. Leur chanteur, Dez Fafara, partira fonder DevilDriver, groupe au style bien plus extrême et avec lequel il connaîtra beaucoup plus de succès. Le groupe se reforme en 2011 pour quelques concerts puis, de file en aiguille, finit par nous pondre ce Rivals.
Pour en revenir au style, pas de surprise pour l’époque, Coal Chamber joue du Nü-Metal (ou Néo-Metal comme vous préférez). Ils rejoignent donc la cohorte de groupe suiveurs des Korn, Slipknot, Deftones et autres Linkin Park ou Limp Bizkit. Ce qui les démarque malgré tout par rapport à ces différents groupes est leur imagerie plus gothique que leurs grands frères (cf le clip du titre Loco).
Mais alors qu’en 2015 les têtes de gondoles du style ont bien évolué et ont suivi leur propre voie, pour le meilleur et – souvent – pour le pire (au premier rang desquels Korn, Linkin Park et Slipknot), qu’en est-il de Coal Chamber ?
Eh bien Coal Chamber est resté indubitablement coincé dans une faille spatio-temporelle, quelque part entre l’an de grâce 1994 et la débâcle de 2002. Tout dans ce Rivals, de la 1ère à la dernière seconde (à part peut-être les deux interludes inutiles que sont Orion et Dumpster Dive) m’a rappelé les gimmicks, codes et stéréotypes du Nu Metal de l’époque.
Des rythmes saccadés (Suffer In Silence) au phrasé pseudo hip-hop (Empty Handed) en passant par les riffs redondant, saturés et distordus (I.O.U Nothing, Another Nail in the Coffin) sans oublier la rythmique lourde, pesante et plombée par une basse omniprésente (Bad Blood Between Us, The bridges You Burn, Wait), tout, absolument tout nous évoque ce style tant décrié. Toutefois, Coal Chamber arrive à faire preuve, au détour de quelques plans, d’une certaine originalité.
Il faut en premier lieu rendre à César ce qui lui appartient. Si j’en suis arrivé à modérer mon « c’est d’la merde » initial, le mérite en revient en grande partie au frontman et leader du groupe, Dez Fafara. Son chant agressif et juste tire vers le haut des compos souvent pauvres (Suffer In Silence par exemple, où dès que Fafara arrête de chanter il ne se passe plus rien) et permet d’apprécier certains refrains plutôt bien troussés (Light in the Shadows, Another Nail in the Coffin, I.O.U Nothing, Over My Head).
La seconde chose qui sauve – un peu – cet album de la noyade est le groove distillé par la batterie notamment (Bad Blood Between Us, Over My Head). Ces plans plus « frais », amenés également par la basse sur le début de Wait, permettent ainsi de se dire que, quand même, Coal Chamber a une certaine marque de fabrique.
Mais là où le groupe parvient à convaincre vraiment c’est quand il accélère le tempo et varie le rythme, se mettant alors au diapason de la voix agressive de son chanteur. Ainsi les deux seuls titres qui mettent à profit cette manière de faire – à savoir Another Nail in the Coffin et Over My Head – permettent à l’auditeur de ne pas (trop) s’ennuyer. Bien trop peu pour que je puisse m’enthousiasmer.
Tout au long de ce disque, je n’ai pu m’empêcher de me dire : « tient ça c’est du Korn pur jus dis donc ! » ou bien « ah tiens une rythmique à la Slipknot ! » ou encore « c’était vachement bien Korn quand même » ou aussi « c’est quand même dommage qu’ils aient fait de la merde entre 2003 et 2011 » (oui parce que eux ils ont vraiment fait de la merde) mais également « ouais mais par contre le retour de Head a fait du bien » et finalement « Tiens d’ailleurs je vais aller me réécouter leur dernier album qui est bien mortel ».
Preuve en est donc, pour moi en tout cas, que Coal Chamber en 2015 ne révolutionne rien, n’apporte rien si ce n’est peut-être le début d’un « revival » Nu Metal qui, s’il est du même acabit que cet album, ne promet pas grand-chose de bon.
Rivals
Coal Chamber
Napalm Records
2015