En 479 avant J.-C., un an après la célèbre bataille des Thermopyles, dans une Grèce magique où Athènes s’appelle Pensée et Sparte s’appelle Corde, erre un bien étrange amnésique. Blessé à la tête au cours d’une des sanglantes batailles de cette époque tourmentée, Latro a non seulement perdu le souvenir de son passé, mais aussi toute capacité de mémorisation. Chaque jour, il se réveille hors de tout contexte et n’a d’autre recours que de tenir son journal pour affronter l’éternel présent qu’est devenue son existence. Mais en contrepartie de cette infirmité qui l’oblige à un réapprentissage quotidien, Latro a hérité d’un don : celui de voir les êtres divins et surnaturels dont regorge la Grèce antique. Jusqu’où devra-t-il aller pour retrouver la mémoire, son nom et sa famille ? Avec son héros hors norme, ses dieux assoiffés de sang, ses mystères et ses batailles, le cycle du Soldat des brumes est sans conteste l’une des plus fascinantes créations de la fantasy contemporaine.
A chaque chapitre, Latro le héros, raconte ce qui s’est passé AVANT, sous-entendus ce que les lecteurs ne voient pas directement pendant leur lecture. Et de là vient tout le problème! Car nous sommes toujours dans une position en retard; en décalage et on ne suit pas les aventures de Latro. De plus, c’est à travers les parchemins lui permettant de se rafraîchir la mémoire, que nous découvrons son histoire. Nous assistons donc à une quête narrée et nous ne sommes donc jamais dans le mouvement. A chaque chapitre, Latro a oublié et on nous présente à nouveau ses camarades d’aventures; sous un autre angle certes, mais à chaque fois Latro ne sait plus ce qu’il a fait et ne reconnaît pas ceux qui l’accompagne. L’exercice est vite désagréable, car on a l’impression ne jamais avancer! Cette conception d’intrigue littéraire est vraiment perturbante surtout sur un pavé comme cette première intégrale.
La traduction est parfois étrange avec des phrases très complexes, grammaticalement pas toujours correctes. Les dialogues sont trop alambiqués et on a du mal à comprendre les relations entre les personnages. Les descriptions sont sommaires et comme l’auteur a inventé des noms pour des lieux connus (la Grèce, Sparte, la Perse), il est très difficile de se repérer. Mais le plus dommageable reste le manque d’attachement aux personnages et à leurs épreuves, notamment Latro pour qui l’on n’éprouve aucune empathie. Malheureusement, sa quête manque d’intérêt et ce n’est pas la présence de rares êtres divins rencontrés sur le chemin qui boostent l’intrigue!
Il est assez difficile de classer ce livre en fantasy, car la présence du merveilleux et/ou du fantastique est plus que légère. L’intrigue ressemble assez à un péplum mêlé de chronique historique; ce qui en soi n’est pas un point négatif puisque le genre est tout aussi passionnant, mais son exploitation est bancale et manque de divertissement. L’ouvrage est beaucoup trop long pour ne pas y insérer une bonne dose de rebondissements. Cependant, l’auteur a pris le parti d’être principalement dans le ressenti ce qui rend l’histoire ennuyeuse et la lecture laborieuse.
Soldat des Brumes – intégrale 1
de Gene Wolfe
traduction de William Desmond
Editions Denoël
30€