Suite à leurs mésaventures à bord du Locust, nos héros arrivent à YArkhan, où Jon se voit confier l’affaire criminelle la plus difficile de sa carrière. Il aura besoin de toute son énergie et de l’aide de ses alliés pour vaincre des criminels de génie et contrer les nombreuses menaces qui guettent la capitale de la magie : intrigues humaines et divines, coups de théâtre, trahisons et évasion rocambolesque, sans oublier l’arrivée du sinistre Lan Maek et celle du Champ qui compte bien profiter du chaos naissant.
Les enjeux du cycle accèdent à une autre dimension avec le tome 4 d’Alamänder, qui ouvre de nouveaux horizons, bouleverse les perspectives et multiplie les révélations fracassantes. Si vous êtes venu à bout des tomes précédents, réfléchissez à deux fois avant d’exposer votre encéphale à celui-ci. Ne dites pas que nous ne vous avons pas prévenu.
Pour faire bonne mesure avec la fin en trombe du tome précédent, le YArkhanie débute au même rythme effréné, avec l’arrivée quelque peu mouvementée de nos héros à YArkhan. Ils n’auront bien sûr pas l’opportunité de se reposer et devront faire face à une enquête hors norme, agrémentée d’enjeux mettant en cause l’équilibre du monde et l’avenir de l’humanité entière. Oui, rien que ça. Fidèle à ses habitudes, Alexis Flamand continue donc de noyer (et ce n’est pas toujours une métaphore) ses différents peuples sous une déferlante de problèmes plus ou moins graves, et, bien souvent, le compteur du nombre de morts s’affole. Pour autant, le lecteur n’a pas vraiment l’impression de voir là une quelconque exagération, chaque drame étant expliqué avec soin. L’ensemble est logique, personne n’y trouve rien à redire, pas même les principaux intéressés. En effet, Jonas et ses compagnons admettent volontiers l’impasse sanglante dans laquelle ils se trouvent et peinent à conserver un semblant d’optimisme pour continuer à lutter. Du coup, le lecteur ne peut qu’en arriver à cette conclusion sans appel : l’histoire va s’achever sur une catastrophe mondiale et, sans le moindre doute, incontournable et imminente. Il ne peut en être autrement. Vraiment ? Vous pensiez avoir deviné la fin, fidèles lecteurs de cette série décalée ? Eh bien c’est sans connaître ce vilain trublion qu’est Alexis. Il trouve le moyen de surprendre, le bougre, et de transformer le YArkhanie en tome charnière pour la suite où il pourra, contre toute attente, dévoiler encore de nouveaux axes pour cette histoire qui paraissait bouclée et condamnée à se terminer là. On lui en voudrait presque de continuer à nous torturer, et ses personnages aussi, si cette bouffée d’oxygène ne promettait pas une fin encore meilleure, car beaucoup plus originale que ce que nous pouvions en attendre. Un délice vicieux très appréciable, passez-moi l’expression.
Malgré ces drames à répétition, l’auteur n’en oublie pas pour autant l’humour avec lequel il a déjà marqué les tomes précédents mais il l’adapte tout de même pour qu’il reste d’une subtilité adéquate, collant ainsi aux situations plus sombres et plus mortelles qu’à l’accoutumée (si, c’est possible). Exception faite, bien entendu, des interventions de Retzel, que l’on retrouve en très grande forme (vous découvrirez enfin l’étendue de son appétit) et pour lequel, même s’il reste le clown de la bande, on découvre un aspect totalement nouveau qui nous amène à douter de bien des certitudes que l’on pouvait avoir à son égard. Le reste des personnages évolue encore face aux nombreux événements qu’ils traversent et cela permet de mieux les comprendre, de les apprécier encore davantage et même, parfois, de regretter qu’ils ne soient pas plus présents (je me suis découvert une affinité étrange avec le roi Ernst XXX). Le style toujours caustique et direct d’Alexis rend leurs pérégrinations d’autant plus jubilatoires et les pages filent à une telle vitesse que l’on arrive au bout du livre en s’exclamant : déjà ?!
Eh oui, déjà. Et pour la suite, il va falloir attendre. En effet, la série, chez HSN, s’arrête là. Mais rassurez-vous, elle reprendra ailleurs, avec une réédition à partir du tome 1 agrémentée, peut-être, d’illustrations intérieures. Patience, donc, pour retrouver Jonas et ses amis pour une histoire qui va prendre une nouvelle dimension.
Le cycle d’Alamänder, Le YArkhanie
Édition de l’Homme Sans Nom
376 pages
19,90 euros