Entretien avec le groupe Whyzdom

Whyzdom 4eMaginarock : Bonjour et merci de prendre quelques minutes pour répondre à ces quelques questions. Pourriez-vous tout d’abord présenter le groupe puis votre parcours à chacun ?

Whyzdom : Bonjour à tous les visiteurs de eMaginarock. Whyzdom est un groupe de métal symphonique à chant féminin. La caractéristique de notre musique est d’utiliser énormément d’orchestrations, faisant intervenir une véritable écriture pour orchestre et choeur symphonique tout au long des morceaux. Nous avons sorti notre premier album en 2009, intitulé « From The Brink of Infinity », notre deuxième album en 2012, intitulé « Blind ? », et nous nous préparons à sortir le troisième début 2015.

Nous sommes six dans le groupe. Notre chanteuse, tout d’abord, Marie Rouyer, est une chanteuse lyrique de formation, mais dans Whyzdom, elle chante le plus souvent avec un timbre et une technique rock. Son univers d’origine, outre le classique, est le metal extrême qu’elle pratiquait avec son ancien groupe Entropia.

En ce qui concerne Nicolas Chaumeaux, Régis Morin et moi-même (Vynce Leff), nous avons à l’origine une solide culture progressive, c’est-à-dire un goût pour les musiques assez complexes, et pas mal d’années d’expériences derrière nous, avec déjà plusieurs albums sortis avant l’aventure Whyzdom. Marc et Xavier sont les plus jeunes du groupe, avec tous les deux une formation classique à la base.

M : Blind ? est votre dernier album sorti. J’ai eu l’occasion de le chroniquer et d’être agréablement surpris par la découverte. Comment s’est passée la conception de celui-ci ? D’où sont venues les idées pour chaque morceau ?

W : En général, je commence par l’écriture des textes. J’ai tendance à penser qu’il est plus facile de composer une musique en ayant au préalable une intention claire, plutôt que faire un texte arbitraire sur une musique… cela dit, pour être honnête, j’ai fait un peu l’inverse pour le 3ème album qui est en cours de réalisation. Donc, pour « Blind ? », j’étais en vacances durant l’été 2010, et en jouant avec des idées de textes éparpillées, une idée m’a frappé : le mot « Blind ». J’ai creusé un peu le concept, notamment du point de vue de l’imaginaire, avec l’opposition avec le don de double vue, le point de vue de la « clairvoyance » opposée à l’aveuglement, mais aussi en le raccrochant à des concepts plus terre à terre, comme la tendance de l’être humain à feindre l’aveuglement pour fuir ses responsabilités. J’ai développé les idées de texte que j’avais autour de ces concepts et c’est ainsi qu’est né « Blind ? ».

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M. : Quelle part de votre inspiration découle de l’imaginaire pur ? La lecture est-elle un moteur de création pour vous ?

W : L’imaginaire a une part immense dans l’écriture des textes. En fait, chaque texte a une valeur allégorique. Nous voulons faire passer une émotion, décrire un conflit intérieur ou encore réfléchir sur notre propre nature humaine… et dans tous les cas, nous recherchons une situation déconnectée de la réalité, et souvent reliée à un mythe éternel. Par exemple, la tour de Babel, ou encore Cassandre de Troie. Mais il nous arrive aussi d’inventer des personnages imaginaires porteurs de symbole, comme « The Paper Princess », la princesse de papier, qui est en réalité une femme mûre qui ressasse son passé d’enfant battue, ou encore « Daughter of The Night » sur notre premier album. D’ailleurs, parfois cela provoque des malentendus… notamment avec ceux qui n’ont pas cette culture de l’imaginaire, ou qui n’ont pas assez lu la mythologie. Par exemple, lorsque nous commençons la chanson « Cassandra’s Mirror » par « My name is Cassandra », un chroniqueur anglais s’est moqué de nous en disant qu’il était absurde de commencer une chanson de cette façon. Il ne connaissait visiblement pas le personnage de la guerre de Troie, et n’avait pas compris que quatre mots valait toutes les descriptions du monde sur le personnage central de la chanson – encore fallait-il savoir qui était la Cassandre mythologique…

Pour revenir à la lecture, c’est évident que c’est un élément très important pour nous. J’ai déjà évoqué Troie et les légendes grecques (à ce propos, la trilogie de Gemmell sur la guerre de Troie est un livre que j’ai dernièrement dévoré et que je recommande chaudement à tous). Mais je pourrais aussi parler de Borgès, dont je suis un grand admirateur… et qui est aussi pour moi une source d’inspiration. Je pense au recueil « Fictions », avec l’extraordinaire nouvelle sur la Bibliothèque de Babel, ou encore le recueil Le Livre de Sable, avec ses nouvelles sur « L’Autre » ou encore sur « Le disque » (un disque étrange ne comportant qu’une seule face).

M : Comment travaillez-vous en temps normal ? Qui écrit les morceaux, qui les compose,… ?

W : Une fois les concepts mis en place, nous proposons chacun un certain nombre d’idées de chanson. Je rassemble tous les morceaux, et nous faisons une maquette rapide pour voir où cela mène. Certains sont abandonnés et nous gardons ceux qui nous inspirent le plus sur le moment, ou qui se marient le mieux aux idées de texte. Donc il y a plusieurs compositeurs sur chaque album. En revanche, je suis le seul à m’occuper des textes, et aussi à réaliser les orchestrations symphoniques.

M : Cela n’a-t-il pas été trop difficile de changer de chanteuse alors même que l’album était fini ? Il vous a fallu réenregistrer toutes les voix afin de faire coller l’ensemble, cela a-t-il posé des problèmes ?

W : En effet, je vois que tu es bien informé. L’album était en cours de mixage et il nous a fallu accueillir une nouvelle chanteuse. Nous avons alors décidé de refaire toute la phase d’enregistrement du chant. Mais finalement, cela s’est avéré plutôt positif car j’adore cette nouvelle version des chansons. Nous avons même remonté le refrain de Cathedral of the Damned d’un ton, ce qui l’a rendu encore plus lumineux. Aucun regret à ce sujet, donc.

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M : Après un album comme Blind ? le groupe est attendu au tournant pour le suivant. Celui-ci sort-il bientôt ? Et que pouvez-vous nous dire dessus ?

W : La sortie de notre 3ème album est prévue normalement pour février 2015. Pour commencer, pas d’inquiétude en ce qui concerne le style, nous continuons sur la même ligne, avec énormément d’orchestre et de choeurs. Peut-être même plus que dans les deux précédents. En tous les cas, il est plus abouti au niveau des cuivres et cela lui donne une puissance que les deux premiers n’avaient pas atteinte. Du point de vue thématique, il s’agit d’une réflexion sur le parcours de l’humanité et de sa relation avec le divin. On y croisera Eve, Pandore, les Titans, les « prétendues » sorcières du Moyen Age, et d’autres personnages imaginaires. Mais l’unité temporelle n’est pas focalisée sur les temps reculés, puisque certains morceaux évoquent d’autres périodes troublées plus récentes, contemporaines, voire même futuristes. Pour chaque morceau, j’ai des idées visuelles très précises qui me donnent parfois envie de réaliser des films pour coller à notre musique. J’espère que nous aurons l’occasion de faire de nombreux vidéo-clips.

M : J’ai vu que vous aviez eu l’opportunité de tourner en première partie de pas mal de groupes et personnalités de la scène métal actuelle tels Delain et Tarja, mais aussi dans pas mal de festivals. Comment vivez-vous la scène ? Quelle est la réception du public ?

W : La scène est un moment essentiel pour nous. C’est là que se crée vraiment la relation entre la musique et le public. On donne absolument tout ce qu’on a pour faire vivre cette musique et on finit sur les rotules à la fin de chaque concert. Mais c’est à chaque fois un grand bonheur de partager ça. De plus, nous avons la chance d’être suivis par les Créations Vultus qui créent de superbes tenues pour Marie, qui de son côté, travaille énormément la mise en scène de chaque chanson. Nous essayons de recréer un univers visuel en même temps que musical, de raconter des histoires encore plus que de simplement jouer notre musique. Je pense que nos fans apprécient particulièrement cette facette de Whyzdom.

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M : Quelles sont vos prochaines dates de concert ?

W : Pour finir notre tournée « Blind ? », il nous reste un seul dernier concert pour 2014, et ça se passera en Suisse à Genève, avec Alkemy, Dreamslave et Deus Ex Machina, le 7 novembre. Ensuite, nous essaierons de tourner un maximum après la sortie de l’album pour le faire découvrir au public.

M : Merci d’avoir pris le temps de nous répondre et à bientôt pour ce nouvel album que personnellement j’attends avec impatience !

W : Merci à toi aussi et aux lecteurs de eMaginarock. A très bientôt, à la fois pour l’album, et, je l’espère, pour nos prochains concerts !

Entretien réalisé par Thomas Riquet

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