Pour échapper à la pension, Camille fait un voeu à la veille de son treizième anniversaire, avant de s’endormir : ne plus jamais se réveiller. Lorsqu’elle rouvre les yeux, elle découvre que son souhait s’est réalisé. La voici à Evernight, le monde des rêves. Perdue dans cet univers étrange, elle rencontre le Marchand de sable. Malgré le soutien que lui apporte le jeune homme, Camille comprend qu’elle n’est pas la bienvenue : aucun humain n’est toléré à Evernight !
Adapté de la bande dessinée d’Andoryss et Yang, ce premier tome d’Evernight relate l’arrivée de Camille, enfant que son père destine à la pension, dans le monde des rêves. Dirigé par une mystérieuse organisation, l’Ordre, et maintenu en activité par trois enfants humains venant d’époques différentes, Evernight n’est peuplé que d’animaux. Les enfants qui, par un malheureux hasard, se réveillent dans cet univers, ne sont guère les bienvenus et l’Ordre se hâte de les renvoyer chez eux. C’est bien entendu ce qu’ils veulent faire avec Camille mais une succession d’événements inattendus vont les empêcher d’y parvenir. La petite fille, ballottée de droite à gauche, subit la situation sans vraiment pouvoir y changer quoi que ce soit.
Evernight est un monde original et plein de promesses. Malheureusement, l’auteur décrit peu son fonctionnement et, parfois, le manque de détails se fait criant. Je crains qu’un jeune lecteur ne se sente rapidement submergé sans pouvoir appréhender le monde de manière à profiter au maximum de l’histoire. C’est dommage car Evernight méritait un meilleur traitement, plus en profondeur. À mon sens, on ne peut pas conseiller ce livre à partir de dix ans avec un univers juste effleuré. À la base, les jeunes lecteurs sont déjà ceux qui se posent le plus de questions, alors ne pas aller au fond des choses dans ce domaine est une erreur dommageable pour l’ensemble du livre.
Les personnages ne sont pas très nombreux et cela, c’est une excellente chose. L’intrigue de ce premier tome se concentre sur Camille, bien sûr, mais aussi sur les trois enfants humains déjà présents à Evernight : North, Maximilien et Mathias. Ils ont chacun un caractère marqué qui déploie une véritable force au fur et à mesure de la mise en place de l’histoire. On les devine à la fois attachés à leur monde d’adoption et attirés par autre chose. Autour d’eux gravite MacClaw, maître de l’Ordre, un tigre gigantesque qui déteste les humains plus que quiconque. Le personnage est assez ambigu, ce qui n’a rien d’étonnant puisqu’il doit composer avec ses sentiments et le fait qu’Evernight a besoin des humains. Ce groupe-là est donc particulièrement bien assorti, et très bien réussi. À côté, il y a Camille… la pauvre paraît un peu fade dans ce premier tome où elle ne fait que subir les événements. Son caractère effacé ne l’aide pas à se faire une véritable place dans l’histoire et le lecteur aura beaucoup plus de facilités à s’attacher au trio d’Evernight qu’à cette petite, perdue au sens propre et figuré. Les dernières pages laissent supposer que cela va changer, mais n’est-il pas déjà trop tard pour le lecteur ?
Le style, plutôt simple, laisse la part belle aux verbes faibles et aux participes présents qui alourdissent la lecture. Je ne pense pas que ce soit là un bon choix pour un jeune lectorat : même si l’ensemble conserve une clarté indéniable, cet usage trop appuyé devient souvent pénible.
Evernight est donc une distraction sympathique qui aurait largement mérité plus de détails dans la mise en place du monde avec, pour rehausser le tout, un style plus travaillé. La fin laisse toutefois au lecteur l’envie de poursuivre l’aventure, juste pour savoir comment Camille va se sortir de ce pétrin et, surtout, comprendre pourquoi elle s’est retrouvée dans pareille situation !
Les enfants d’Evernight, De l’autre côté de la nuit
Mel Andoryss
Éditions Castelmore
318 pages
10,90 euros