Tome hors cadre de la série La Tour Sombre, La Clé des Vents paraît finalement en poche chez J’ai Lu, l’occasion de revenir sur l’identité multiple de ce petit volume.
En chemin vers Calla Bryn Sturgis, sur le Sentier du Rayon peuplé de brumes et d’étranges personnages, Roland le Pistolero et son ka-tet sont pris au piège par une tempête de givre mortelle. Forcés de rester à l’abri d’une maison aussi abandonnée que le reste de la petite ville qui l’entoure, Jake, Susannah, Eddie et le familier Ote vont entendre une étrange histoire de la bouche de Roland. Celle de sa rencontre avec un Garou peu recommandable alors qu’il n’était encore qu’un enfant et le récit non moins fantastique d’un garçon jeté sans ménagement sur les chemins tortueux de la vie, un conte nommé La Clé des Vents qui lui fut transmis par sa mère bien avant les années tragiques.
Ce volume fut écrit par le maître alors qu’il avait terminé La Tour Sombre. Stephen King confesse lui-même en prologue que ce récit est une sorte d’aparté qui se situe entre les tomes 4 (Magie et Cristal) et 5 (Les Loups de la Calla) de sa série. On retrouve donc les protagonistes de La Tour Sombre sans pour autant en profiter réellement puisqu’ils sont aussi spectateurs que le lecteur à savoir qu’ils ne font qu’écouter passivement le récit de Roland. Peu de révélations au rendez-vous donc pour les fans assidus de La Tour Sombre, sans doute pour éviter les spoilers, un peu aussi pour laisser la voie libre aux lecteurs qui n’auraient pas encore lu cette saga. Si Stephen King affirme que l’on peut lire ce tome sans avoir lu sa saga, j’avoue ne pas partager cet enthousiasme. N’ayant pas encore lu ce fameux titre, je suis donc, pour moitié, le public visé et je n’ai pas réussi à véritablement entrer dans l’histoire, moins encore à m’attacher aux personnages, sauf peut-être à celui de Roland. En dépit des quelques clés données par le maître, je n’ai pas fait mien l’univers de La Tour Sombre par le biais de ce volume 4.5 et n’ai pas nourri l’envie de me jeter sur la saga pour autant. L’écriture est pourtant fluide et directe, qualités typiques de Stephen King. L’enchâssement d’une histoire dans une histoire puis du conte dans la première histoire est bien mené et le procédé séduisant. Il offre une richesse stylistique rare en, finalement, peu de pages. On aimera lire les aventures du jeune Roland même si son adversaire manque de charisme et l’effet miroir entre son parcours et le conte La Clé des Vents est prenant. Les aventures de cette jeunesse imaginée et passée se laissent plaisamment lire et découvrir mais je reste persuadée qu’il faut avoir lu ou du moins commencé la saga pour en savourer pleinement les qualités.
Récit pour fans avant tout, La Clé des Vents bénéficie, même en édition de poche, d’une mise en page reprenant les illustrations couleur et noir et blanc de Jae Lee et June Chung travaillées pour le grand format, un clin d’œil féérique bien agréable pour un petit prix. Derrière la superbe couverture de Grégoire Hénon, on pressent le monde mystérieux de Stephen King, quoi de mieux pour attirer le lecteur. J’ai Lu soigne auteurs et lecteurs avec des détails qui pourraient sembler secondaires mais jouent un rôle marquant à l’heure de la concurrence féroce de l’immatériel.
La Clé des Vents – Stephen King
Editions poche J’ai Lu
Traduction : Jean-Daniel Brèque
Illustration de couverture : Grégoire Hénon
Illustrations : Jea Lee
Couleurs : June Chung
Parution: 6 novembre 2013
6 €