Syrine, seize ans, a tout ce dont elle pourrait rêver : une famille unie, des super copines, une ville qu’elle adore. Mais tout bascule du jour au lendemain lorsque des excroissances douloureuses émergent dans son dos. Brusquement persuadée qu’elle sombre dans la folie, la jeune fille n’ose parler de ses problèmes et affronte souffrance et incertitude, subit l’incompréhension de ses parents et le rejet de ses amies. De fantasmes sanglants en pulsions violentes, de fugues en hallucinations, Syrine craint pour sa vie, pour celle de ses proches. Lorsque son père est muté à Rennes, elle espère que quitter Marseille lui permettra laisser ses doutes et terreurs derrière elle. Mais quand elle réalise que les étranges « Men in Black » qui ont offert ce nouveau départ à sa famille pourraient bien l’espionner ou vouloir faire d’elle un cobaye, le cauchemar devient intenable.
Syrine cherche de l’aide, mais ce n’est pas dans son lycée qu’elle va le trouver. Gauthier, peut-être, ce garçon qui semble être le seul à s’inquiéter pour elle ? Ou Agnès, la jeune fille handicapée qui a l’air de lire dans ses pensées…
Qui pourrait répondre à ses questions ? La djenneya, l’être qui hante son esprit, certainement. À moins que cette créature qui lui souffle ses fantasmes de sang et de sable ne soit autre que l’incarnation de sa propre folie…
Pour ma part c’est une première lecture chez les éditions du Riez. Mieux vaut tard que jamais, mais cette lecture m’a laissée un peu sur ma faim, je vous explique pourquoi…
Premièrement, nous avons comme héroïne une jeune fille issue d’une famille nombreuse et musulmane d’origine. Un parti pris que j’ai trouvé très intéressant et qui aurait mérité d’être encore plus développé mais qui ne va pas être, à mon goût, suffisamment abordé, ou mal l’être les rares fois où c’est le cas.
Deuxièmement, malgré les explications de Syrine, le fait qu’elle ne parle pas de ses problèmes à ses parents est assez peu crédible. J’ai toujours trouvé absolument irréalistes ces histoires où les ados vivent des aventures extraordinaires sans ne jamais rien dire à leurs parents. Arrive un moment ou je pense que tout ado, face à des situations aussi incontrôlables, finit par « cracher le morceau ». J’ai également été choquée par certaines réactions du père de Syrine, alors peut-être fais-je partie d’une famille beaucoup trop aimante, mais j’ai trouvé dérangeant son comportement violent et absolument non paternel.
Dernier point qui m’a particulièrement hérissé le poil : le blog de Syrine, où la jeune femme dévoile ses états d’âme et ouvre son cœur…en langage SMS. Premièrement je suis contre l’utilisation de ce type de procédé dans un livre, dans ce cas-là, pourquoi ne pas carrément écrire en langage wesh tout le long du livre tant qu’on y est ! Outre le fait que je suis contre le principe (mais cela ne concerne que moi), je trouve également que cela ralentit considérablement la lecture, forçant presque le lecteur à lire à voix haute certains passages, et je suis pourtant de la génération SMS. De plus, à un moment donné, une amie de Syrine lui reproche d’user et d’abuser de ce langage, ce à quoi Syrine répond qu’elle est d’accord et qu’elle se force presque pour écrire ainsi ( ?!?!) … avant de réécrire un article en langage sms quelques pages plus loin.
Bon, les critiques négatives ayant été faites, passons aux points positifs, car certes, il y en a. J’ai trouvé l’histoire particulièrement intéressante. Syrine va subir une transformation physique visible, qui va bouleverser sa vie. Loin des récits classiques d’urban fantasy, les changements par lesquels passe Syrine, même s’ils sont poussés à l’extrême, peuvent tout à fait refléter le passage à l’adolescence. Le corps change, le caractère évolue, les amis sont essentiels mais peuvent se retrouvés soumis aux pressions sociales et à leurs propres changements. Les ressentis de Syrine, à travers les yeux de laquelle nous suivons l’histoire, sont bien exprimés et ses relations avec ses amis le sont également. L’écriture reste agréable malgré les petits passages en SMS et la fin nous donne envie de lire la suite.
Bref, une histoire intéressante, des ressentis bien exprimés mais malheureusement, des réactions pas toujours compréhensibles de la part de certains personnages et un manque de logique à certains moments.
Mutante
Le Sang des Chimères T1
Sophie Dabat
Couverture : Alexandra V. Bach
Éditions du Riez
9,90 €