Aélis,
T1 Le Sacrifice
Flora Greys
Je ne savais pas que l’amour et la haine pouvaient s’amalgamer. C’était avant de rencontrer Aélis. La mener à la mort allait changer ma vie, bouleverser mes croyances et transformer mon âme. Pourtant si tout était à refaire, je donnerais n’importe quoi pour être à nouveau son bourreau…
Le Géhan est un royaume où la magie est interdite. Traqués, les magiciens représentent des offrandes de choix pour les sacrifices perpétrés au nom d’Ezrola la Rouge, la déesse guerrière.
Cyrus est un guerrier, fervent serviteur d’Ezrola promis à un grand avenir, qui se voit confier la mission de conduire Aélis, une magicienne arrachées aux siens, sur l’autel sacrificiel.
Alors que tout les oppose, leurs chemins se croisent et se trouvent étonnamment liés. Entre croyances et élans du cœur, rien n’est jamais acquis. Mais l’espoir naît de cette rencontre, aussi improbable soit-elle. Et alors, tout devient possible.
Aélis est jeune femme remarquable, dotée d’une force de caractère exceptionnelle et d’une fougue inextinguible. Elle est aussi une puissante magicienne et vit dans les bois de Mortelune, avec toute une communauté de sorciers. Rejetés de la société depuis que le peuple du Géhan s’est soumis au culte d’Ezrola la rouge, déesse sanguinaire (et imaginaire selon le peuple des maudits), ils survivent dans les bois, loin des villes.
Cyrus Niellin est le Premier Frontalier de Tespior, un brillant guerrier, froid et impassible, promis à un très grand avenir. Lorsqu’il envoie ses patrouilles au dehors des enceintes de la ville, les soldats réussissent à capturer une enfant se cachant à la lisière de la forêt.
De son côté Aélis, ne voyant pas la petite Telli revenir, accours au dehors de Mortelune, pour lui porter secours. Malheureusement son courage ne suffit pas, ses pouvoirs étant neutralisés par le rubis enchanté qui protège Tespior. La jeune femme est alors capturée et condamnée à être sacrifiée sur l’autel d’Ezrola au temple de Gillameth. Le grand Héros de Tespior, Cyrus Niellin, est donc chargé de l’y convoyer.
Durant le voyage, les deux protagonistes de cessent de s’affronter, l’une tentant de percer ses défenses, l’autre défendant sa foi.
Le résumé laisse penser que Cyrus a bel et bien conduit Aélis à la mort, puisque Cyrus écrit « si tout était à refaire » ce qui veut dire que la chose a déjà été faite : logiquement, Aélis est, à ce moment précis, déjà morte. On est donc là persuadé que le guerrier a tué la magicienne. Depuis le début, nous sommes absolument convaincus que le roman relate l’histoire tragique d’un homme qui se rend compte de ses actes après l’assassinat d’une jeune femme qui lui a ouvert les yeux, par les doutes qu’elle a distillé en lui pendant le voyage.
Mais il n’en est rien! Puisque les doutes ont percés ses défenses juste à temps, et Cyrus libère la magicienne au dernier moment. Quelle surprise pour le lecteur ! On ne s’attendait pas du tout à cela et le meilleur est que ceci n’est que la première surprise que vous réserve le roman.
Au début, on pense juste assister à un long voyage vers Gillameth où la jeune femme ébranlera petit à petit la foi du guerrier, mais on arrive très tôt au moment du sacrifice et c’est véritablement à cet instant que l’histoire commence : courses-poursuites, combats et traques s’entremêlent et pour faire vivre les pages.
À partir de ce moment là, l’histoire prend un tournant inattendu et bien plus palpitant que le résumé ne le laissait présager. De plus, le voyage n’est pas linéaire comme l’on pourrait s’y attendre, les héros ne traversent pas le Géhan, mais font plusieurs tours et détours, ce qui est surprenant ; ils ne cessent de se séparer et de s’attirer comme des aimants.
Au moment où Cyrus sauve Aélis, le lecteur est agréablement perdu et ballotté aux grées des péripéties rythmées.
Au départ, Cyrus et Aélis sont les seuls personnages importants, puis plusieurs autres personnages apparaissent et viennent peu à peu prendre place dans le récit : le peuple Asmat, le double cruel de Cyrus et le prêtre qui tire les ficelles. Au fil des pages, on se trouve sans arrêt étonné des aptitudes des personnages et on ne cesse de les découvrir jusqu’au dernières lignes.
En fait, l’auteure mène son histoire crescendo et en garde sous le coude jusqu’à la fin (que ce soit au niveau de la tournure des événements ou au niveau des protagonistes) ce qui est une chose très agréable pour le lecteur qui ne s’ennuie donc jamais.
J’ai beaucoup apprécié ce style de résumé qui sous entend une chose, qui finalement s’avère fausse, la surprise très est réussie. Et si je l’ai mentionné dans cette chronique, ce n’était pas dans l’intention de spoiler, mais plus d’attirer les lecteurs qui auraient crû à cette histoire morbide suggérée par le résumé.
La plume de l’auteur est fluide, poétique à certains moments. Flora Greys utilise deux types de narrations : le point de vue omniscient et le point de vue interne à travers le journal intime de Cyrus. En conséquence certaines scènes peuvent être manquantes comme l’arrestation d’Aélis qui est seulement évoquée par Cyrus dans son journal, ce qui est très frustrant pour nous lecteur.
Les notes de Cyrus sont, au commencement, très barbantes, noires, pleines de négations et d’abnégations, mais elles deviennent de plus en plus intéressantes car il doute ; puis, après avoir libéré Aélis, il fait part de ses réflexions profondes et parfois philosophiques sur la religion, sur le sens de la vie, le sens du monde, sur la quête de soit, sur l’âme etc… On vois, là aussi, que l’auteure rend les choses de plus en plus intéressantes au fil des pages.
En revanche, il m’a semblé que la couverture était trop sombre par rapport au contenu de l’histoire qui ne l’est pas tant que ça. De plus, je trouve que la femme sensée représenté Aélis lance un regard provocateur plus sensuel que furibond comme il devrait l’être, ce qui est totalement inapproprié et même déplacé. Aélis force l’admiration par son perpétuel regain de rébellion, non par sa sensualité! Ce détail m’a beaucoup dérangé.
Enfin, la fin est explosive et riche en révélations, le fil conducteur se multiplie par trois, promettant un deuxième tome très palpitant.
Personnellement, j’ai adoré ce roman, je le recommande et attend la suite avec grande impatience !