Lorsque le jeune Will dérobe aux elfes un étrange objet, il n’imagine pas qu’il sera entraîné dans les filets d’une incroyable prophétie. Peut-être est-il la dernière chance de sauver le monde de la tyrannie de Chytrine, la terrible reine du Nord. Ayant eu vent de son existence, la souveraine envoie à ses trousses ses Lanciers Noirs.
Will doit fuir pour sauver sa vie, mais il n’est pas seul. Ailleurs, d’autres se lèvent contre Chytrine. Comme Alexia, princesse d’une nation disparue, qui, à la tête de son armée, défie les royaumes du Nord, ou les sorciers de Vilwan qui ont créé leur propre héros aux pouvoirs surhumains.
Tous vont converger vers la mystérieuse Forteresse Draconis et tenter d’empêcher Chytrine de reconstituer la Couronne du Dragon, un puissant artefact qui, s’il tombait entre ses mains, garantirait son règne éternel… Et la fin du monde.
Will, jeune voleur enrôlé au service de Marcus, souhaite l’épater en dérobant le trésor d’un Vorquelfe, un elfe apatride. Pourtant, dès qu’il met la main dessus, il se sent attiré par l’étrange objet et décide de le garder pour lui. Il n’ira pas loin avec, rattrapé par son propriétaire mais aussi par Corbeau et Résolu, deux compagnons à la recherche du Norrington qui devra accomplir la prophétie et vaincre la reine Chytrine. Will est l’héritier en question et il va devoir apprendre très vite à accepter ce rôle dont il ne voulait pas. Autour de lui se réunissent ceux qui souhaitent la destruction de Chytrine. Commence alors une lutte sans merci durant laquelle le jeune voleur verra ses illusions piétinées par la réalité d’une guerre beaucoup plus politique qu’il n’y paraît.
Dès que j’ai vu la carte du monde, en début d’ouvrage, j’ai su que j’allais souffrir : pas moins de cinquante nations se partagent le continent, créant un patchwork politique assez difficile à assimiler. Le fait que les villes principales n’y figurent pas est particulièrement gênant pour se faire une bonne idée du monde. Dans le premier tome, très peu de ces pays interviennent dans le récit et j’ai eu du mal à identifier chaque peuple, certainement parce qu’ils apparaissent sans descriptions vraiment claires quant à leurs positions, leurs interactions, leurs rôles, etc… j’ai allègrement mélangé les familles dirigeantes lors de la réunion politique, ne sachant plus où donner de la tête. Ce n’est pas vraiment le nombre qui gêne (je n’ai eu aucun souci avec Le Trône de Fer, par exemple) mais plutôt la manière dont ils sont présentés. Le fait qu’ils soient décrits d’un point de vue extérieur, dans le même chapitre, sans transition entre eux, n’est pas évident. J’ai trouvé que cela faisait trop fouillis. J’aurai préféré une approche plus en douceur ou plus progressive, afin de permettre au lecteur de s’imprégner du monde au fur et à mesure de son avancée dans l’intrigue.
Du coup, bien sûr, l’univers est assez riche, avec de multiples créatures et une grande diversité de peuplades. L’ensemble est plutôt bien décrit, sans trop de longueurs, avec une bonne note pour les elfes : ils sont assez originaux et séparés en différentes sous-races, si je puis m’exprimer ainsi. Il y a juste des noms avec lesquels j’ai eu du mal car ils sont difficiles à prononcer et, par extension, à mémoriser. Une habitude en Fantasy.
J’ai beaucoup apprécié la petite incursion du côté steampunk à travers l’emploi d’armes à poudre ; ainsi que du mélange magie / mécanique. C’est, pour moi, la véritable originalité de ce roman.
Car, il faut bien le dire, l’histoire demeure assez classique : un jeune homme devant accomplir une prophétie contre une grande méchante, des héros pour compagnons, un traître, une guerre sans merci, des intrigues politiques… dans ce premier tome, on retrouve tous les ingrédients des grandes sagas Fantasy. Les quelques rebondissements ne sont pas surprenants, on s’y attend facilement et l’on peut même regretter quelques facilités scénaristiques qui ne sont là que pour prolonger l’histoire.
Les personnages, comme d’habitude avec Stackpole, sont bien travaillés, décrits en profondeur par l’intermédiaire de leurs réactions et de leurs comportements avec des dialogues vraiment adaptés à leur caractère. Il n’y a pas de mauvaises surprises avec eux, chacun agit de manière logique et le lecteur n’est jamais désarçonné par un revirement d’attitude qui ne leur correspond pas. Ils sont attachants, ou au contraire insupportables, mais ne laissent pas insensibles et ne sont pas lisses et sans âmes. Un excellent point !
Le style de Stackpole est efficace, dynamique, sans fioritures. Du moins, lorsqu’il est respecté. Ici, la traduction souffre parfois de lacunes (comme si la traductrice avait hésité pour finalement faire un choix bancal) et, malheureusement, l’étape de la correction semble être tombée aux oubliettes : mots manquants, mots et bout de phrase en trop (par exemple : si la traductrice a hésité entre deux verbes, les deux sont restés), lettres en trop, erreurs de syntaxe, absence totale du « ne » explétif… certains me diront que la quantité n’est pas excessive mais, de mon point de vue, cela gêne suffisamment la lecture pour être désagréable. Ça ne m’a donné qu’une envie : avoir la version originale pour tenter de comprendre le pourquoi d’une telle traduction.
Si je n’ai pas apprécié l’aspect politique de l’intrigue (j’y adhère rarement en Fantasy, je dois l’admettre, certainement parce que c’est souvent la même rengaine), l’histoire est tout de même plaisante à lire, si l’on met de côté les coquilles du texte. J’espère être un peu surprise par la suite avec quelque chose qui ajoute du piquant à l’intrigue, histoire de sortir de cet aspect un peu trop classique à mon goût.
Forteresse Draconis, La guerre de la couronne, tome 1
Michael A. Stackpole
Éditions Milady
576 pages
25 euros
Cette chronique a été faite à partir du livre en grand format. Après vérification dans le petit format, j’ai pu constaté que les coquilles étaient toujours présentes.
En cherchant des extraits des ouvrages en anglais, j’ai découvert que la saga comportait en fait 4 tomes. Le premier, “The Dark Glory War” est un prélude et ne fait pas partie de la traduction française. Peut-être plus tard ?