Les Enfants Loups, Ame et Yuki

Hana et ses deux enfants, Ame et Yuki, vivent discrètement dans un coin tranquille de la ville. Leur vie est simple et joyeuse, mais ils cachent un secret : leur père est un homme-loup. Quand celui-ci disparaît brutalement, Hana décide de quitter la ville pour élever ses enfants à l’abri des regards. Ils emménagent dans un village proche d’une forêt luxuriante…

J’avais attendu avec impatience la sortie de cet animé et au final je dois dire qu’il m’a surprise. Surprise dans le sens où pour moi les Japonais font très souvent preuve de profondeur et de complexité dans leur animation, ce qui n’est pas vraiment le cas pour ce film.

En effet, le traitement écologique et nature du film n’est pas du tout original. On ressent l’hommage et la ressemblance avec Miyazaki, mais avec la complexité et l’émotion en moins. L’intrigue est très linéaire et on connaît rapidement la fin. Quand la résolution arrive, on est plutôt déçue de voir qu’Hosada suit à la lettre un chemin tout tracé depuis le premier acte. Ainsi, si Hana promet à ses enfants d’accepter leur choix définitif (être un loup ou un humain), on sait forcément que l’un des deux fera le choix de rester loup. La voix OFF de Yuki racontant les aventures de sa famille se place toujours plus en avant dans le futur par rapport à l’action se déroulant à l’écran; du coup rapidement, on connaît le choix de chacun. Il manque donc l’émotion liée à la surprise.

Les personnages manquent de profondeur notamment les deux enfants Ame et Yuki. Si certaines scènes sont mignonnes et touchantes, leur caractérisation n’est pas suffisamment poussée. À l’inverse, Hana est le personnage le plus attachant du film. Cette très jeune mère qui accepte une relation avec un homme-loup puis se voit élever ses enfants-animaux seule est un beau modèle de réussite. Pleine de sensibilité, de doutes, mais aussi dotée d’une grande force mentale et d’une capacité de résistance assez importante, Hana est un personnage charismatique qui au final s’avère être au centre du film.

Toute la mythologie du loup chère aux Japonais est exploitée à son minimum et n’égale pas un Princesse Mononoké. Dommage, car cet animal intimement lié à la nature et à son évolution (mise en avant des dégâts des hommes sur la forêt) est un thème utilisable de différentes façons; il y avait donc moyen de nous proposer ce thème, fréquemment mis en avant, d’une nouvelle manière.

La larme à l’œil est à mon sens largement tirée par le réalisateur qui en fait souvent des tonnes dans sa mise en scène de la tristesse. La poésie et l’onirisme, certes présents, m’ont semblé artificielles et peu finement travaillés.

Le doublage japonais est comme à l’accoutumée parfaitement réussi avec une mention spéciale pour la doubleuse de Yuki enfant.

L’animation est différente avec un marquage des contours plus prononcé, des personnages au visage simple et des décors légers. Ce nouveau style découvert est plutôt plaisant et la mise en couleur de l’ensemble est superbe ainsi que le travail sur la lumière.

L’utilisation de la 3D et d’images en prise de vue réelle n’est cependant pas adéquate et gâche certaines scènes de nature.

CONCLUSION

Les Enfants loups est un animé japonais visuellement joli, mais dont l’intrigue très lente et linéaire s’avère assez ennuyeuse. Un film plus court aurait sans doute procuré plus de sensations. Il semblerait cependant que ce film ne soit pas le meilleur d’Hosada, ainsi laissons une autre chance au réalisateur japonais dont le succès est grandissant…

Les Enfants Loups, Ame et Yuki

Mamoru Hosada

Production Studio Chizu et Mad House

sortie 29 août 2012

One thought on “Les Enfants Loups, Ame et Yuki

  1. Je trouve que le problème majeur est dans le rythme du film… Trop long au début avant l’arrivée à la campagne et sur la fin à l’école… d’où un coté un peu décousu et un peu d’ennui.
    On imagine bien ce que Miyasaki aurait fait avec le même sujet dans la maitrise de la narration…

    Ceci dit, je trouve que la psychologie des enfants est remarquablement traitée, le tempérament opposé (comme souvent entre un frère et une soeur) et bien décris dans les moindres détails et l’enfant qui assume le plus son coté loup dès le plus jeune âge, n’est pas celui qui choisira d’y basculer… il y a de l’émotion indéniablement (très belle scène déchirante en prise de vue éloignée du Loup jeté dans le camion…) bien que je te l’accorde, il arrive parfois que ça vire à la sensiblerie, la facilité (vers la fin en particulier).

    Contrairement à toi je trouve que le travail 3D (retravaillé 2D comme le fait Miyazaki depuis quelques films) dans la ville, et surtout dans les scènes de courses dans la nature est une force dans la métrage, un plus qui nous immerge totalement dans la frénésie et l’excitation des enfants.

    Si je préfère Summer Wars (et même La Traversée du Temps) aux Enfants Loups, ce dernier est plutôt réussi dans l’ensemble et je n’ai donc pas été aussi déçu que toi.

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