Ça y est ! Je tiens entre mes mains un Karen Miller, inédit en français. Je sens le frisson de l’exaltation monter en moi, je vais me régaler c’est sûr. L’ouvrage est un beau pavé de blanc vêtu avec un magnifique dessin de Pascal Casolari, qui représente l’héroïne principale. J’avoue que je suis souvent revenu sur ce dessin au cours de ma lecture, tellement il représente bien le personnage développé par Karen Miller. Le résumé qui nous est livré est tout aussi dépouillé et alléchant que la couverture :
« Esclave, Fulie est née dans un monde cruel ou règne la toute-puissance des hauts émissaires, conseillers religieux des seigneurs de guerre du royaume de Mijak. Lorsque le riche marchand Abajai, frappé par sa beauté, l’achète et la prends sous sa protection, Fulie sait que le dieu unique lui offre sa chance. Elle apprend à parler, découvre le monde et s’éprend éperdument de son maître. Quand elle comprend qu’Abajai l’a préparée pour la revendre au plus offrant, Fulie, folle de rage, s’échappe, portée par la voix de son Dieu : le temps de la servitude est révolu. Voici son histoire. »
Karen Miller nous entraîne dans un univers noir et cruel, ou Dieu est unique et omnipotent. Cette divinité exige en permanence des sacrifices sanglants et ses prêtres imposent en permanence à leurs ouailles des mortifications et des pénitences dont les souffrances sont censées être une occasion de rémission des péchés par Dieu. C’est dans ce monde cruel que va évoluer notre héroïne. Elle va devenir au fil des ans l’instrument de Dieu qui va lui donner ses instructions et en faire sa favorite. Elle va ainsi graver les échelons jusqu’au plus élevé.
La petite fille effrayée et fragile que nous découvrons dans les premières pages va devenir au fil de son évolution une guerrière et une femme impitoyable n’ayant en tête que la mission qui lui a été confiée par Dieu. Les personnages qui gravitent autour d’elle ne seront que les instruments de son ascension et elle va devenir, au fil du déroulement de l’intrigue, de plus en plus isolée au sein de la tour d’ivoire de sa conviction d’être « la préférée de Dieu ».
Cédric Perderau fait une traduction de grande qualité et a rendu dans son intégralité l’ambiance noire et pesante dans laquelle Fulie progresse.
Ne soyez pas effrayé par cette description, c’est justement cette ambiance qui fait tout l’intérêt du roman et qui permet à Karen Miller de nous montrer l’évolution d’une femme au sein d’un monde dominé par la violence et par les hommes. J’aime beaucoup la manière dont Karen nous entraîne au fil des pages à la suite de son héroïne et nous démontre que la conquête du pouvoir et ensuite l’assise de celui-ci ne peuvent être marquées que par la violence et le sang que l’on soit homme ou femme. Elle nous démontre également les dangers d’une foi aveugle et impitoyable qui retire à l’être humain son libre arbitre.
En bref, ce roman est aussi une leçon qui n’a pas été sans me rappeler certains personnages mis en lumière par l’actualité actuelle.
J’attends avec impatience le deuxième tome de cette trilogie et vous promet une chronique de celui-ci très rapidement.
L’Impératrice de Mijak
Les Seigneurs de Guerre T1
Karen Miller
Fleuve noir
24,34 €