La Mort et quelques amis s’invitent chez le Club Diogène (1878-1885) – Jérôme Sorre & Stéphane Mouret

Depuis décembre 2009 une nouvelle série de recueils de nouvelles fantastique a envahi les étals des libraires et les mains des lecteurs connaisseurs. Jérôme Sorre et Stéphane Mouret nous avaient proposé dans un premier opus particulièrement bien conçu et rénovant une partie du fantastique classique. En effet l’organisation en recueils de nouvelles fantastiques centrées autour d’un seul et même personnage, ou groupe de personnages n’est pas rare mais le Club Diogène fleure bon le soufre et l’enquête… Voyons donc voir, disait l’aveugle, ce que donnera ce second opus de leurs aventures !

La couverture est du même acabit que celle du premier opus. Je ne suis pas forcément grand amateur de ce style d’illustration très figée mais je dois reconnaître que cela fonctionne parfaitement à la lecture du recueil. Cette espèce de bataille au cœur de la Seine avec une sorte de monstre marin dantesque et parfaitement retranscrite dans une sorte d’image d’Epinal de la lutte fantastique. Très appréciable… La quatrième nous donne également toute la mesure de ce second opus :

Les années passent, mais au cinquième étage de l’hôtel Impérial, tel un phare sans compassion, la lumière du club Diogène veille toujours sur les hauts-lieux et les bas-fonds de Paris, à l’affût d’une distrayante monstruosité qui viendrait à passer.

Rien n’a vraiment changé.

Certains en prennent peut-être plus à leur aise avec les règles édictées par Monsieur : ainsi Vayec et Franklin, en compagnie leurs belles, arpentent-ils en plein jour Montmartre. Mais, « D’une rue à l’autre », ils risqueront bien de se perdre.

Au fil des nouvelles le lecteur va avoir l’opportunité de retrouver les héros qu’il avait appréciés dans le précédent recueil. QU’il s’agisse de Vayec, Franklin, Le Maréchal, Lison, d’Orville, Camille,… tous sont de retout dans un Paris de la seconde république décadent et obscur. D’un poiint de vue scénaristique chaque texte reprend avec talent quelques idées classiques du fantastique pour les développer de manière différente, proposant ainsi une vision assez spéciale d’une capitale française devenue capitale du monde. D’un point de vue historique les descriptions faites de la ville elle-même, des tenues, des mœurs correspondent totalement à ce que le lecteur peut s’attendre à trouver. Pas de fausses notes sur ce point qui aurait pu, selon moi, être rédhibitoire.

Ce qu’il est très intéressant de noter c’est que le style des deux auteurs ne se ressent pas de leur collaboration. En effet j’ai réellement ressenti une uniformité littéraire et cela est fort agréable car souvent les ouvrages à quatre mains sont déséquilibrés stylistiquement. A cela il faut ajouter que le fait d’avoir deux cerveaux pour faire vivre de grandioses aventures au Club Diogène n’est pas négligeable pour produire un scénario de qualité.

De récit en récit, le lecteur va entrer plus avant dans la psychologie des personnages, dans leur intimité et ainsi en découvrir plus sur leur nature. Car chacun d’entre eux possède ses qualités et ses défauts, ses peurs et ses instants de bravoure. Même si chacun d’entre eux est un peu archétypal ils n’en sont pas moins particulièrement attachant et je suis navré de ne découvrir leurs aventures qu’une fois l’an.

Je suis intimement convaincu que Le Club Diogène et ses aventures font partie de ce que l’on fait de mieux  en matière de recueil de nouvelles fantastiques à personnages récurent. Loin d’être ennuyeux après quelques textes, Jérôme Sorre et Stéphane Mouret développent une grande épopée dans un Paris de fin du XIXème siècle particulièrement étonnant. Organisés temporellement ces nouvelles ouvrent le nombre de possibilités aux auteurs par le fait d’évènements historiques marquants : l’Exposition Universelle par exemple. Documentation et savoir-faire sont les clés de la réussite d’un tel ouvrage et les deux auteurs savent y faire, croyez-moi… Je suis d’ailleurs assez étonné qu’ils n’aient jamais été récompensés par un prix pour la qualité de leur travail.

La mort et quelques amis s’invitent chez le Club Diogène (1878-1885)
Jérôme Sorre & Stéphane Mouret
Malpertuis

16 €

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