Une novella de chez Argyll qui étonne et séduit par son côté littéraire et l’imagination qui s’en dégage.

Par une froide nuit d’hiver, dans un village de Pennsylvanie appelé Jericho, des filles d’une communauté religieuse découvrent dans une grange un buste féminin métallique ; un robot fabriqué par Profane Industries, une gigantesque entreprise locale qui, d’après la rumeur, élève des moutons comme des légumes.
Pourtant, loin d’être effrayées, Lyddie et ses amies adoptent le buste féminin comme l’une des leurs. Elles la réparent et lui donnent un nom : Hard Mary. Sous leur aile bienveillante, l’étrange robot se comporte de plus en plus comme un humain.
Toutefois, même dans une communauté repliée sur elle-même, les secrets ne restent jamais longtemps des secrets…
Incursion SF dans une communauté religieuse
Sofia Samatar nous propose de plonger avec elle dans une communauté religieuse autarcique des Etats-Unis, dans un futur plutôt proche. Chez eux rien n’a vraiment évolué, et pour cause ils rejettent en partie la technologie. Toutefois l’arrivée de Mary va tout bouleverser. L’autrice connaît particulièrement bien son sujet puisqu’elle-même vit dans une communauté mennonite. Et la découverte des jeunes filles de cette communauté, de leur futur marital, de leurs relations est assez passionnant et crée un véritable contraste avec le robot venu du ciel.
Un robot tombé du ciel
Les jeunes filles de Jéricho tombent, au détour d’une grange, sur une robot, et la récupèrent, la réparent tant bien que mal, et se lient d’amitié avec elle. Ainsi elles échappent en partie à leur destin, s’amusent et gardent un secret dans leur petite confrérie. Mais le secret va bien entendu finir par être éventé et la communauté va être rattrapée par la société ayant conçu Mary.
Une novella superbement écrite avec une vraie réflexion
Sofia Samatar, qui avait déjà su séduire Nokomis avec Un étranger en Olondre, parvient de nouveau à proposer un texte magnifique écrit, avec de vraies qualités littéraires en plus d’une inventivité des plus appréciables. C’est bien écrit, prenant, et on s’attache à Lyddie comme rarement. L’autrice nous propose aussi une réflexion par rapport au destin des héroïnes, à la façon dont le patriarcat va agir sur elles, au principe de communauté religieuse également.
Avec cette novella la collection d’Argyll continue à s’étoffer de très très beaux textes. Hard Mary est de la pure SF et on prend grand plaisir à plonger dans les 80 pages de ce texte, complétées par une interview de l’autrice, qui apporte un vrai plus à ce livre.