
Du jour ou Lytha est devenue orpheline, c’est un grand Golem d’argile, doux et gentil, qui s’occupe d’elle au quotidien.
Peu à peu, elle retrouve goût à la vie malgré sa tristesse, et son amitié naissante avec son Golem l’aide beaucoup.
Mais une nounou d’argile ne saurait remplacer ses parents, et Lytha se tourne vers la magie en espérant les ramener … au risque de tout perdre.
Un récit drôle et touchant sur le deuil, l’amitié … et les poules.
Un peu de douceur dans ce monde d’adultes !
Pour ma toute première chronique, j’avoue que quand j’ai reçu Golem Nanny (que j’avais pourtant choisi), j’ai ressenti un gros paradoxe m’envahir. En tournant et re-retournant l’ouvrage entre mes doigts de trentenaire nullipare, j’ai eu peur de m’être trompée, de ne pas être la cible idéale, et de trouver ça particulièrement « nian nian » (32 ans, mais avec un vocabulaire de qualité comme on peut le voir !). En effet, la couverture fait VRAIMENT livre jeunesse, un poil trop innocente à mon goût, et le résumé à l’arrière a achevé de me convaincre que j’étais décidément trop vieille pour cet ouvrage …
Savoir aussi affronter les problèmes d’adulte plus tôt que prévu …
… et pourtant, tous mes doutes se sont envolés avec les premières pages ! Que c’est Bô ! Que c’est doux ! Et finalement que c’est Adulte aussi ! Certes, on suit une petite fille, Lytha, franchement candide voire carrément naïve à travers les premières cases, mais qui est très rapidement confrontée à un drame, puisqu’elle perd tragiquement ses deux mamans (! Je reviendrai là dessus plus tard !). Elle doit grandir très vite, se responsabiliser, et assimiler rapidement que ses mamans ne sont plus là pour gérer pour elle ! En plus le style graphique, proche des design d’Ankama pour Wakfu et Dofus m’ont parus bien moins innocents au fur et à mesure des pages que sur la couverture.
Mais c’est bien à partir de la disparition des deux proches de l’héroïne que j’ai été happée. J’ai beau avoir toujours mes deux parents, j’ai pris conscience que l’on a tous été confronté à un deuil, plus ou moins proche, plus ou moins jeune, plus ou moins soudain aussi, donc ça fera forcément vibrer une corde sensible ! On a tous dû survivre à des gens qui nous étaient chers. On s’est tous demandés comment serait la vie « après », ou même juste « maintenant ». Et pour toutes ces questions, ce roman graphique fait du bien. Il n’est pas moralisateur, ne montre pas la recette parfaite pour faire son deuil, mais établit juste une réaction humaine, ni bonne ni mauvaise, avec ses qualités et ses failles, ses fiertés et ses craquages ! C’est fin, c’est plein de justesse, et ça déculpabilise tellement !
Des représentations silencieuses, mais essentielles !
J’aime la subtilité, les messages qui passent de manière naturelle sans faire débat. Utiliser des minorités pour cocher des cases, ou me faire rentrer des messages politiques au chausse pied pour ne finalement pas nourrir le récit, peut réellement me faire sortir d’une histoire. Or là, on a une histoire quasi exclusivement féminine, avec une petite fille métisse, qui grandit avec deux mamans, une poule et un Golem … et iz ok ! L’accent n’est jamais mis dessus, tout est amené de manière tellement naturelle que rien ne tombe comme un cheveu dans la soupe …et ça fait du bien !
J’aurais aimé avoir plus de livres de la sorte quand j’étais moi même enfant, qui proposent d’autres représentations, sans forcer, sans questionner, parce qu’après tout il n’y a pas de question à se poser ! Ce n’est absolument pas le propos du roman, mais c’est l’histoire de cette enfant, et si ça peut habituer d’autres enfants à ces schémas, rentrer plus de représentations de ce genre dans leur inconscient, alors c’est un pari gagné selon moi !
Le Mo’ de la fin ?
Pour conclure, je dirais que c’est un Roman Graphique, qui se dévore rapidement, aussi bien en lecture du soir avec des enfants, qu’au calme avec un plaid et une tasse de thé en bon adulte responsa
ble. Qu’on soit très jeune … ou un peu moins, le message est pur et didactique, et les graphismes doux sans pour autant être trop innocents vont finir de vous convaincre !
Bref, si on m’avait dit que j’allierai un jour le mot « Douceur » à la notion de deuil, surtout dans un livre à destination de la jeunesse, je n’y aurais pas cru …jusqu’à lire Golem Nanny !