Oublions un temps la fin des vacances d’été : la mairie de Mennecy nous donne rendez-vous pour la douzième édition du Mennecy Metal Fest
Les habitués ne se sentiront pas perdus en arrivant : depuis le retour complet en extérieur post-CoViD la configuration est globalement restée la même. Entre les deux bâtiments, la grande Menn’Stage (qui n’a pas à rougir face à de nombreux festivals de plus grande ampleur) est idéalement placée face à une petite pente qui la rend bien visible, tandis que la petite Eye Stage face à l’entrée du site profite d’un relatif couvert des arbres (d’une grande aide face au soleil plombant l’année dernière, nous verrons si l’efficacité est la même face à la pluie).
Les deux scènes sont reliées par deux chemins possibles se répartissant le merch, les emplacements dédiés aux groupes, les partenaires et les artisans présents. Côté sustentation, deux bars font face aux deux scènes tandis qu’un ravitaillement nourriture se trouve à l’entrée.
En résumé c’est une organisation stable et bien rôdée dans laquelle on se retrouve facilement et qui s’inclut parfaitement dans les lieux qui accueillent le festival.
Mais trêve de visite, il est temps de voir des concerts !
C’est au trio francilien de Witchorious que revient la lourde tâche d’ouvrir le festival un vendredi après-midi en début de période scolaire… et c’est une réussite ! Les festivaliers qui arrivent sont accueillis par une belle énergie, et la performance de Witchorious est définitivement plus incisive que ce que l’étiquette « doom » nous laissait entendre.
Les musiciens sont bouillants, la scène est chaude et Mennecy s’éveille en beauté.
La Eye Stage prend le relai et c’est Sanctuary qui ouvre le bal de la programmation du partenaire historique du festival : MusikO Eye.
La formation de Blackened Death habituée des scènes franciliennes trouve vite ses marques et embraye sur une performance plaisante et prenante. Dans le (trop petit) public, les cheveux commencent à voler. Sanctuary paie malheureusement les pots cassés de son placement au running order mais aurait amplement mérité de faire face à un public plus fourni.
D’un premier abord on pourrait croire que Red Gordon allait subir le même sort… jusqu’à ce qu’ils jouent. Leur « Groove Metal » est magnétique et attire les festivaliers restés au loin. On parle là d’un mélange musical inspiré de Hardcore et de Neo Metal qui sent bon la réinterprétation moderne des sons et ambiances de la scène des années 2000. Scéniquement c’est un show à la fois carré et spontané avec en fer de lance un chanteur masqué (l’influence de Slipknot est indéniable) qui semble ne pas pouvoir s’arrêter de sauter et parcourir la scène.
Red Gordon dégage énormément de bonne humeur en plus de leur énergie scénique. C’est un premier coup de cœur de cette édition du MMF pour moi comme pour nombre de festivaliers qu’on entend exprimer leur bonne surprise à la fin du show.
Par contraste, le Thrash/Death d’Element of Noise qui suit sur la Eye Stage semble être un retour à terre.
Certes, mais un retour à terre qui nous met des baffes ! Element of Noise nous propose un juste équilibre entre bourrinage et précision : ça tape fort pour le premier vrai moment défouloir de ce weekend.
Mais rien de ce qui a précédé ne pouvait préparer à la folie de Ill Nino. Le collectif américain de Latin Metal prend possession de la Menn’Stage comme un raz de marée. Sur la scène comme dans le public ça saute, ça danse, et surtout ça sourit sans discontinuer pendant une heure qu’on ne sent pas passer. Le set de Ill Nino a l’ambiance d’une tête d’affiche avant l’heure et rend les festivaliers unanimes quelle que soit la distance à la scène.
Une telle ambiance en milieu de journée témoigne autant de la qualité que de la variété de la programmation du Mennecy Metal Fest.
Alors qu’Hypnos prend place sur la Eye Stage, je me retrouve malheureusement bloqué au rationnement. Comment aurais-je pu me douter que je ne serais pas le seul à vouloir des frites entre deux sets à 20h40 ?
Et c’est là qu’arrive la catastrophe : une friteuse a lâché. Quels que soient les efforts et la bonne humeur des bénévoles, on ne peut éviter l’embouteillage. Peu importe si certains se contentent de sandwiches saucisses, les glucides gras c’est le nerf de la guerre ! Les festivaliers en attente de leur barquette s’amoncellent donc à l’entrée.
On touche là aux limites de la restauration basique proposée par le festival mais il faut tout de même se souvenir que ça reste une logistique organisée par une mairie et des bénévoles. C’est aussi une part de l’identité de ce festival. Alors on prend notre mal en patience et on écoute le peu qu’on entend d’Hypnos au loin derrière les « Qui ne prend PAS de friiiiites ? »
C’est donc aux Tambours du Bronx de nous faire vibrer sur la Menn’Stage. Et je parle littéralement. Comme à son habitude le collectif rythmique nous en met plein les oreilles, peu importe une configuration réduite à 10 fûts. On ne pourra s’empêcher de noter l’absence de Renato Di Folco, habituellement comparse de Reuno et Stef Buriez aux micros. Le set des Tambours du Bronx est un vrai moment de communion entre la scène et le public, réunis par cet aspect primaire et primal de la musique : taper sur des trucs et ressentir le rythme a quelque chose d’universel qui est ici mis en avant et en valeur comme nulle part ailleurs. Et si ça ne suffisait pas, des morceaux comme Roots Bloody Roots de Sepultura ou Dragula de Rob Zombie mettent tout le monde d’accord.
Après tout ça, le passage de Korpiklaani est un véritable changement d’ambiance. Le groupe s’est dernièrement éloigné des pures chansons à boire qui ont fait sa popularité pour se recentrer sur ses racines folk. Il en résulte donc un set bien plus calme et moins chaotique que ce qu’on a pu voir sur scène il y a quelques années (2016 c’est loin, OK ?)
Mais ne pensez pas non plus qu’il s’agit de finir la journée sur des berceuses : Korpiklaani garde une atmosphère dansante, même si pour une oreille moins habituée ça peut parfois sembler un peu répétitif.
Et malgré tout il serait impossible de ne pas finir avec leur hymne à la petite eau… VODKA !
C’est donc sur cette autre passion universelle des metalleux que Le Mennecy Metal Fest achève la première journée de cette édition 2024 qui tient déjà largement ses promesses.