Faut-il encore présenter ce livre ?
Visible à peu près partout sur les réseaux sociaux, dans les librairies et les grandes enseignes, Fourth Wing ne fait que parler de lui. D’ailleurs, peut-être un peu trop car, à peine ouvert, on a l’impression qu’on le connaît déjà et, en effet, j’y ai trouvé ce que je pensais y trouver. Néanmoins, pas que… Sous ses allures de « page turner », ce livre a tout de même de la ressource et peut révéler de belles surprises.
Rien ne prédestinait Violet Sorrengail à être une cavalière. Elle était censée intégrer le quadrant des Scribes et mener une vie tranquille parmi les livres. Elle dont les os sont si fragiles qu’ils peuvent se briser en un instant…
Mais aujourd’hui est le jour des conscriptions, et en tant que fille de la Générale – elle-même cavalière et dresseuse de dragons -, Violet n’a d’autre choix que de satisfaire les ordres de sa mère, et de rejoindre les épreuves de sélection pour devenir dragonnière… L’élite de la Navarre !
Pourtant, le simple fait d’envisager s’inscrire à cette compétition lui paraît ridicule… Car les dragons ne se lient pas aux humains « fragiles » : ils les brûlent ! Mais Violet est peut-être la candidate la moins forte physiquement, elle est cependant rusée et rapide. Des qualités indispensables quand on évolue dans un monde sans foi ni loi, où les alliés peuvent vite devenir des ennemis, ou peut-être encore des conquêtes… Violet va vite devoir penser à un plan solide, car cette compétition n’a que deux issues : passer toutes les épreuves ou mourir !
Commençons par un petit résumé de l’histoire.
Violet Sorrengail, jeune fille au corps frêle, est destinée à devenir une cavalière, mais pas n’importe quelle cavalière, une dragonnière. Elle qui pensait intégrer le quadrant des Scribes et mener une vie tranquille parmi les livres se retrouve propulser au sein du collège militaire de Basgiath, où chaque jour compte et repose sur un équilibre fragile. En tant que fille de la Générale, Violet n’a pas son mot à dire et doit passer les épreuves de sélection pour devenir dragonnière. Mais comment des dragons vont-ils pouvoir s’attacher à un être aussi faible ?
Violet n’est peut-être pas la candidate la plus forte physiquement mais elle est agile, rapide et surtout maline. Ces qualités vont se révéler indispensables pour faire sa place au sein de cette formation, où les allié.es, les ami.es peuvent vite se transformer en ennemis, ou peut-être encore en des conquêtes inattendues… Violet va devoir s’adapter et réussir toutes les épreuves, sinon elle devra mourir.
Derrière ce récit qui semble nous plonger au premier abord dans un livre classique de fantasy, se déroule en réalité une histoire assez haletante et frénétique. Je suis obligée de donner (un peu) raison au grand commerce : c’est vraiment un « page turner ». Les aventures de Violet se déroulent, défilent, s’accumulent au même rythme que s’embrouillent et se démêlent les choses dans sa tête, c’est-à-dire très vite. À peine sortis d’un défi éprouvant, d’un parcours vertigineux, d’un risque de meurtre qu’on embraye en un temps trois mouvements sur un cours de vol sur dragon, une menace de feu ou un baiser caché dans l’ombre. Il y a de tout dans ce livre : des créatures, de la guerre, de la magie, du meurtre, du complot, de la romance mais aussi de la peur, du vertige, de la tristesse et une bonne dose d’humour. Tout cela est finement cousu et nous donne un Fourth Wing vraiment bien mené dans lequel on ne s’ennuie pas car, objet commercial ou pas, l’histoire est quand même très bonne.
Cependant, j’émets tout de même quelques réserves à cette approche enjouée. Ce premier volume (et oui, il s’agit bien d’une duologie) a ses quelques défauts. Pour commencer, l’écriture. Je ne sais pas si cela est dû à la traduction française mais je trouve que certains passages sont repris sans trop se fatiguer dans la mise en forme et l’utilisation d’un vocabulaire un peu plus développé. Parfois, on frise avec le langage familier et, autant, sous certains aspects, cela rend les échanges des personnages vivants et drôles, autant dans certaines parties cela est un peu lourd. L’autre point qui peut déranger, c’est la manière dont les personnages sont abordés. Violet Sorrengail bénéficie d’un traitement de faveur en tant qu’héroïne mais les autres me semblent esquissés un peu trop vite. S’ils sont très présents tout au long du récit et que l’on peut comprendre leur caractère, des personnages comme Rhiannon Matthias, Xaden Rioson ou Dain Aetos par exemple, auraient mérité une exploration plus approfondie de leur passé, de leur famille, de leurs liens les un.es les autres. Là, l’autrice reste peut-être un peu trop en surface à mon goût. Je suis restée un peu sur ma faim.
Un livre qui n’est donc pas parfait, qui a été écrit pour passer un bon moment et se laisser prendre dans une histoire incroyable et qui, pour cela, fait très bien son travail, même si cela manque de finesse et ne me permet pas à mon sens d’en faire une œuvre, dans le sens fort du mot. J’ajouterais cependant un dernier mot. J’ai été très sensible, et aussi je l’avoue émue, à la manière dont les dragons sont traités et abordés dans Fourth Wing. La vision que l’autrice en donne fait de ces créatures des êtres puissants, effrayants, violents mais aussi sages, justes… et parfois plus humains que les humain.es qui les entourent. J’ai aimé lire en soubassement qu’ils sont prêts par exemple à supporter une grande souffrance plutôt que de nier ce qui est juste, de faire preuve de raisonnement même si l’émotion pèse. Il y a chez les dragons de Rebecca Yarros une forme d’intelligence et de cœur intègre, honnête que j’ai trouvé vraiment porteuse et aussi tout simplement belle.
Vous avez donc encore à connaître de Fourth Wing. Vous avez encore à lire.