Cité d’Ivoire – Jean Krug

La cité d’Ivoire est un roman de science-fiction comme je les aime : écologique, politique et humain !

Cinq cents ans de réchauffement climatique ont déferlé sur la Terre. Pour survivre, l’humanité s’est retranchée dans des cités couvertes, co-administrées par des intelligences artificielles.

  À Iliane, ville-dôme, dernier bastion d’une société de contrôle, la police peine à contenir la colère de ses citoyens. Les milieux contestataires s’étendent, et en leur sein, on évoque l’existence d’un endroit perdu dans le Dehors. Un dernier havre de liberté : la Cité d’Ivoire.

  C’est vers cette lueur que vont se tourner Sam Deson, un citoyen rangé accablé par le meurtre de son frère, Maëlle Swan, une policière d’élite traquée à mort par un mystérieux commanditaire, mais aussi le Kid, un jeune anarchiste tête brûlée.

  Y trouveront-ils leurs réponses ? Un lieu pour vivre ?

  D’ailleurs, la Cité d’Ivoire existe-t-elle seulement ?

Des spoilers dans le résumé… 

Le principal point négatif de ce livre, c’est à mon sens le résumé en quatrième de couverture, qui contient de gros spoilers. C’est très dommage, car ce qui est présenté comme le point de départ est en réalité le fruit d’un long cheminement de la part des protagonistes. Pourquoi nous en dire autant si vite ? La mort de Dan notamment aurait pu être un ressort inattendu, au lieu de quoi je ne me suis pas attachée au personnage car j’ai attendu sa disparition pendant les cent premières pages. Idem pour le départ vers la Cité d’Ivoire, qui est une décision découlant de nombreux bouleversements. Le déroulement nécessaire pour y parvenir est pertinent et très intéressant, il était à mon sens inutile de l’occulter à ce point dans le résumé.

Un contexte intéressant 

J’ai rapidement été immergée dans le cadre de cette histoire. Certes, le postulat d’une apocalypse écologique n’est plus une nouveauté. Je prends cependant toujours plaisir à lire les romans qui s’inscrivent dans cette perspective. D’autant que le concept d’une cité sous cloche, comme c’est le cas d’Iliane ici, m’était totalement inconnu, et n’en rend l’extérieur que plus attractif, presque déifié. Au-delà de cette bulle dont on ne sait si elle protège ou enferme se déploie une nature qui a repris ses droits, brute et luxuriante, aussi amie qu’ennemie. Ce contexte m’a séduite.

Un récit tissé entre suspense et philosophie

La première partie du roman est pleine de suspense. Entre les découvertes, les courses poursuites et les questionnements soulevés, l’envie d’avaler les chapitres est bien présente.

Ce rythme s’apaise un peu dans un second temps, pour laisser place à une avancée plus lente, plus réfléchie : après l’action vient la réflexion. Le temps pour nos personnages de réapprendre le monde, de comprendre un peu mieux d’où il viennent pour tracer en conscience leur route vers l’avenir. Si cette baisse de régime m’a déroutée dans un premier temps, les considérations que nous proposent l’auteur n’en sont pas moins intéressantes.

Des personnages attachants 

Parti pris intéressant, les personnages présentés dans ce roman choral semblent antagonistes de prime abord. D’un côté la police et sa rigueur, son engagement pour la sécurité, son devoir de protection. De l’autre la résistance et son chaos, son désir de liberté, ses luttes sociales. Une telle opposition raisonnera sans doute particulièrement dans le contexte politique actuel. J. Krug parvient néanmoins parfaitement à nous présenter ses personnages sans manichéisme aucun. Les motivations de chacun.e sont claires et compréhensibles, sans caricature.

Il est néanmoins un peu frustrant que les passages consacrés alternativement aux protagonistes soient aussi courts. A peine avais-je le temps de me plonger dans un point de vue qu’il fallait déjà en ressortir pour un autre. Second point déroutant : les temps de la narration diffèrent en fonction des personnages. Si Sam parle au passé, Maëlle et le Kid sont au présent. C’est un parti pris de l’auteur que je comprends, même si j’ai eu du mal à m’y adapter.

Ces trois protagonistes sont par ailleurs servis par un beau style, très travaillé, qui s’adapte à la personnalité de chacun. Il me semble que c’est suffisamment rare pour être relevé.

La cité d’Ivoire est donc un beau roman que j’ai pris plaisir à découvrir !

Titre : Cité d'Ivoire
Série :
N° du tome :
Auteur(s) : J. Krug
Illustrateur(s) :
Traducteur(s) :
Format : Semi-poche
Editeur : Éditions Critic
Collection :
Année de parution : 2023
Nombre de pages :
Type d'ouvrage :

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