Après une première saison surprenante et réussie, The Mandalorian revient pour une saison deux où, comme de coutume, il s’agit de pousser les curseurs au maximum. Ludwig Göransson s’y emploie avec talent, même si je ne le suivrai pas forcément sur tous les territoires musicaux qu’il aborde.
Cette saison, le compositeur a décidé de publier deux anthologies de la musique de la série, plutôt que l’intégrale, ce qui sépare ses travaux en deux albums équilibrés.
Le premier, consacré aux épisodes 9-12, est le plus réussi. Dès la première piste, Mando’s Back, Göransson nous rappelle avec brio son thème principal, varié notamment à la guitare électrique, ce qui est une introduction toute trouvée pour l’approche western à la guitare qui domine. Son utilisation est très réussie sur The Marshal’s Tale par exemple, nouveau motif excellent rattaché au personnage de Cobb Vanth.
En parallèle, quelques pistes font particulièrement mouche, à l’image de la très bonne Get the Child, qui enchaine percussions endiablées, thème de Mandalorien et motif à la guitare avec classe. C’est un des meilleurs moments musicaux de cette saison deux. A l’inverse, Long live the Empire essaie d’esquisser un thème pour les méchants, toutefois il est ici plus simple et pas à la hauteur de ses augustes ainés.
Autre surprise, Göransson choisit cette fois de citer directement un thème de John Williams. Dans Quite a Soldier, le thème de la Résistance/Nouvelle République de la postlogie fait une apparition aussi discrète que mémorable, toute en délicatesse. Une belle réussite.
A l’opposé, le thème des Mandaloriens de Bo-Katan, exposé sur Ship o hoj, Mandalorians! est très électro-techno, ce qui le rend très agressif et peu agréable à écouter de manière isolée. Selon la formule consacrée, c’est sans doute très efficace à l’image…
Globalement, ce premier album mis en ligne sur Youtube est dans le prolongement de la très bonne saison une.
Par la suite, ça se corse un peu plus sur le volume 2, dédié aux épisodes 13-16. The Sorcerer, première piste de cet album, ne nous trompe pas sur la marchandise qui nous attend : beaucoup de sonorités techno et d’ambiance, avant de laisser le thème principal, soutenu par des cordes dramatiques, émerger tout à la fin.
Cette partie ambiance est très présente. A Mandalorian and a Jedi est dans cette lignée, cette fois orientée vers de la percussion agressive. Agressif toujours Capture the flag avec son rappel d’une alarme en fond sonore, Troopers avec son motif électro-menaçant ou le rythme électro-lancinant de Brown eyes. Même si des motifs viennent s’intercaler, ces pistes font peu de narration et sont relativement peu intéressantes en écoute isolée.
Toutefois, la thématique n’est pas absente de cette deuxième partie. Il y a par exemple The Story, piste délicate avec un motif discret et agréable à partir de 4 minutes. Le thème impérial revient également à plusieurs reprises malgré sa faiblesse, mais l’on sent que la diversification des personnages à l’image a dilué l’identité musicale forte de la saison 1. Car le thème du Mandalorien est bien présent, mais moins omniprésent. Il bénéficie notamment d’un très beau développement du thème principal sur Ashoka Lives, à la flûte, ou d’une variation « en chambre » sur Come with Me.
L’une des plus belles piste est incontestablement Open the door, où Göransson reprend (enfin !) le thème de la Force. Prolongée par de beaux élans dramatiques, c’est une piste qui fait parfaitement la jonction entre l’ancien et le nouveau dans les BO Star Wars. Cette piste illustre bien la gravité des cordes qui prend le pas sur un ton plus western/coloré qui dominait dans la saison 1 et la première partie de la saison 2. Elle se termine sur une fanfare du Mandalorien malgré son écriture très Williamsienne, un beau tour de force du compositeur.
La saison 2 du Mandalorien n’est pas tout à fait équilibrée musicalement : si la première partie est dans la droite lignée de la saison 1, la seconde s’oriente vers un partage plus net entre ambiance et drame, les dernières pistes ramenant la BO vers des idées classique/proche de John Williams. Il n’empêche qu’elle recèle de très bons moments et témoigne du talent renouvelé de Ludwig Göransson à marquer l’univers musical de la franchise.