C’est plutôt refroidis que nous nous réveillons ce samedi 13 avril. Et pour cause : les tentes des festivaliers sont couvertes de givre. Bien qu’un petit déjeuner soit proposé par l’organisation du festival, nous préférons nous retrancher au Gallia, le bar-tabac en bas de la rue, où l’accueil est chaleureux. Les habitués en profitent pour nous demander comment se déroule ce festival dont ils savent peu de choses bien qu’il soit à leur porte depuis quelques années.
Peu avant la ré-ouverture de la salle, la fanfare rock de Mortal Combo a accompagné notre attente grâce à des reprises décalées d’airs connus, notamment celui de la Petite Maison dans la Prairie qui a su attendrir les petits cœurs sensibles de ces festivaliers metalleux (et les faire rire aussi !)
Sur scène, c’est Virgil qui démarre cette seconde Journée. Le Deathcore n’étant pas notre style de prédilection, c’est d’une oreille curieuse mais peu convaincue que nous découvrons le groupe. Les festivaliers présents par contre semblent apprécier la performance des cinq nordistes encapuchonnés. Entre deux morceaux rythmés par une batterie omniprésente et caractérisée par un chant parfois rauque parfois aigu, le chanteur pousse le public à faire toujours plus de bruit. Une injonction pas forcément respectée pour cause de manque de voix disponibles, le festival se remplissant plutôt lentement malgré un démarrage tardif.
Dans la même veine musicale (et d’ailleurs chaudement recommandé par leurs prédécesseurs), c’est Oddism qui prend la suite. Les lillois se distinguent par une musique centrée autour du rythme plutôt que la mélodie et couvert par un scream assez uniforme dans lequel le chanteur met toutes ses tripes. Toujours peu convaincus par le genre, nous en profitons pour nous diriger vers la restauration. Mais la scène locale n’est pas abandonnée puisque la salle s’est bien remplie.
Il y a du monde aussi pour aller manger et la queue à l’extérieur est plutôt longue. Heureusement qu’il ne pleut pas mais le vent en a découragé certains. Petit cafouillage en atteignant la baraque à frites, celle-ci indique n’accepter que les euros. Pourquoi avoir fait la queue acheter des jetons alors ? Finalement ils nous les prennent et nous pouvons profiter d’un cornet de frites bien servi.
C’est donc le ventre plein que nous retrouvons la scène. Le trio des Sticky Boys y prend place pour nous embarquer immédiatement avec un rock pur jus, péchu et joyeux. Le groupe a la formule simple et efficace par excellence : un chanteur guitariste, un bassiste et un batteur. Le tout dans une complicité visible depuis la fosse. Vraisemblablement très heureux d’être là, les membres s’amusent comme des mômes et s’adressent au public avec une formule décomplexée : «Mes loulous et mes louloutes». Ils nous font danser, sautiller, reprendre en chœur leurs refrains et la bonne humeur musicale se transmet si bien qu’au bout de trois morceaux on a l’impression d’avoir vu un set complet. Vous l’aurez deviné, c’est sans conteste notre coup de cœur du festival. Cette performance est un sans faute de bout en bout. Seul bémol : des t-shirts qui taillent trop grand !
Lorsque Pogo Car Crash Control entre en scène, on est d’abord frappés par l’âge des membres. Non pas qu’on s’étonne de voir des groupes jeunes (tant mieux d’ailleurs) mais à ce niveau de l’affiche ça n’est pas banal. Là où le bât blesse c’est que leur musique ainsi que leur prestation en général manque de maturité. L’attitude scénique ainsi que les paroles de leurs chansons font vraiment adolescentes. Quant à la musique qui se revendique grunge, elle donne juste un résultat brouillon. PCCC a une prestation qui manque de naturel, avec un trait trop forcé qui irrite. Dommage.
Au moment où Bukowski s’apprête à entrer en scène on s’attend à passer un bon moment. Forcément puisque les parisiens nous ont habitués à des shows dynamiques dans toutes leurs tournées. Ce soir pourtant c’est une petite déception : l’énergie n’est pas autant là que d’habitude, si bien que le set semble un peu trainer en longueur. Le public semble ne pas être non plus complètement au rendez-vous. Coup de mou de fin de journée ? Effet du faux rythme cassant causé par la demi-heure de pause entre chaque groupe ? Pause repas avant les têtes d’affiche ? Sûrement un peu de tout ça à la fois mais le manque de répondant dans la fosse n’a pas dû aider les membres de « Buko ». Ni la bonne humeur du bassiste ni les dreadlocks volantes du guitariste ne relancent vraiment la machine.
Pour In Flames, dont on attendait beaucoup, la déception est bien plus conséquente. Le son est particulièrement mauvais, à un tel point que ça peut parfois en devenir éprouvant, et le jeu de scène du groupe, quoique très communicatif, ne peut pas rattraper un tel désastre. Assommés par le brouhaha, on s’éloigne un peu pour suivre plus sereinement. Juste ce qu’il faut pour réaliser qu’on met du temps à reconnaître les chansons qu’on aime (mention spéciale à Leeches méconnaissable même au refrain alors que Come Clarity est l’un de mes albums de metal préférés). On surprend aussi le guitariste à bâcler ses solos. 1h15 de show et 17 morceaux pour ne rien en tirer d’autre qu’un mal de crâne, c’est vraiment une déception profonde pour une tête d’affiche qui avait grandement joué sur notre décision de venir au BetizFest.
Une demi-heure après In Flames, on peine à se déplacer dans la salle. Tous les festivaliers se sont regroupés pour le set de Mass Hysteria, avec clairement un gros noyau dur de fans. Les « Furieux » et « Furieuses » sont au rendez-vous pour un show bien rodé. On notera l’absence des hommes masqués et de leurs gongs qui avaient été du plus bel effet au dernier Download. La setlist tourne globalement autour des deux derniers albums du groupe, agrémentée de quelques morceaux plus anciens. Tous sont immanquablement repris par le public que Mouss interpelle allègrement. Le lien entre Mass Hysteria et son public n’est plus à prouver et comme pour les remercier le rappel comporte comme d’habitude Furia et Contradiction, des classiques du groupe.
Pour une première expérience, cette édition du BetizFest nous aura donc laissé un petit goût d’inachevé, avec deux journées très inégales au niveau de l’ambiance et du ressenti. Si la première a été globalement très agréable, la seconde a malheureusement été marquée par des déceptions et une ambiance générale moins festive (en excluant sur ce point le passage de Mass Hysteria). Le BetizFest reste tout de même un festival assez équilibré entre têtes d’affiches internationales et scènes locales, ce qu’on apprécie beaucoup. Et comme pour beaucoup, il s’agit d’un prélude à la saison des festivals d’été, c’est une bonne mise en jambes en sortie d’hiver.
Et vous savez le meilleur ? Il reste le dimanche pour se reposer !
Live report à quatre mains par Elise Diederich et Nicolas Chaigneau.