Anthill – Grorr

Grorr, groupe de death metal progressif à influences djent né en 2005 à Pau, s’est fait remarquer en 2012, à la sortie de son troisième album Anthill, concluant la trilogie des insectes, également composée de Pravda (2011) et de leur éponyme (2008). Cet album nous raconte la vie d’une fourmilière en quatre phases : Introduction, Civilization, Expansion, Revolution.

Le morceau d’ouverture, habilement intitulé Ouverture, nous plonge d’emblée dans l’ambiance de l’album, en étant composé uniquement d’instruments traditionnels, avec un bourdon qui persistera jusqu’à la deuxième piste, Once Upon a Time, où l’on entendra les premières paroles chantées, et le premier instrument électrique, en l’occurrence une basse. Les guitares ne se font pas tarder, entrant très vite dans le même rythme tribal instauré jusque-là, ne le brisant qu’à l’occasion du refrain, avant de partir dans des rythmiques syncopées et saccadées, caractéristiques du Djent et du metal progressif moderne.

La fin de l’introduction et l’entrée dans la civilisation se fait sur un scream maintenu entre les deux phases, une montée de tempo, et une mécanisation des rythmiques. Malgré le titre de la piste, Love Theme, vous ne trouverez pas énormément d’amour dans ces mélodies dissonantes entrecoupées d’un scream à la jonction entre le death metal moderne et le metalcore, et ce malgré le pont instrumental, qui n’est là que pour souligner la violence du reste de la composition. Foundation nous offre un temps de repos, d’abord uniquement composée par le sitar et le chant, progressivement rejoints par d’autres instruments, nous offrant une montée des plus efficaces pour l’explosion de Mhome, encore plus syncopée et mécanique, se concluant sur un break qui diminuera le rythme, avant de le faire repartir de plus belle. C’est Megalopolis qui a l’honneur de conclure la partie Civilization. Reprenant le rythme et la violence des pistes précédentes, elle se conclut sur un arrêt brutal, laissant un gouffre sonore, dans lequel vient s’engouffrer We-Legion, première chanson de l’expansion.

Dès le début, les rythmiques martiales, les percussions, et les quelques rares instruments mélodiques annoncent clairement la couleur de cette partie de l’album. Nous assistons ici à la préparation des troupes de la fourmilière, marchant au pas au nom de la colonie. La piste Termit Mount surprend autant qu’elle dérange. Mélodique mais dissonante, rythmique mais déconstruite, elle se trouve dans un entredeux malsain, qui prépare parfaitement à We-War, qui vient conclure l’expansion, reprenant les rythmiques martiales abordées dans We-Legion, mais les poussant cette fois-ci à bout, dans une ambiance lourde et frénétique.

Mettant plus en avant les instruments traditionnels et les mélodies vocales, She-Worker décrit le quotidien morne et répétitif d’une fourmi ouvrière, et la colère et la frustration qu’il engendre. C’est ainsi que Grorr plante les germes de la révolution, qui seront alimentées par Deux Ex Machina. Une piste ne se calmant que pour son outro, jouée entièrement aux instruments traditionnels, qui nous prépare, encore une fois, à un retour en force de la violence et du mécanisme, avec Inside Ennemies, qui, malgré une intro qui traîne peut-être un peu en longueur à mon goût, nous assène quand même un bon gros coup en pleine face. Once Upon Again vient conclure cet album. S’ouvrant sur un tapis de double pédale, calé en rythme avec les guitares, elle se fait plus aérée et plus mélodique sur sa deuxième partie, avec le retour du thème de Love Theme, venant ainsi boucler la boucle et achever le cycle.

Il est difficile de maintenir un concept sur la durée, et de le rendre cohérent à la fois avec la musique, les paroles et la construction des pistes. Grorr a pourtant réussi à le faire, et le moins qu’on puisse dire, c’est que ça marche. Pour peu qu’on soit sensible aux arrangements et à la composition, on se laisse entraîner dans cette histoire, et on en ressort en ne voulant qu’une chose : encore plus. Si leur album suivant, The Unknown Citizens, basé sur le poème du même nom de W. H. Auden n’a pas eu le même succès qu’Anthill, il n’en reste pas moins excellent, et un très bon album à écouter juste après Anthill, si vous en voulez encore.

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