Les 24 et 25 mars se tenait le Ludinord, 10e du nom. Ce festival du jeu et de la création a lieu tous les ans au mois de mars à Mons-en-Baroeul, dans le Nord. Bien que le jeu de société soit majoritaire (famille, ambiance, stratégie, enfant… pour tous les goûts et les âges !), on retrouve également du jeu de rôle et du GN. Tournoi, concours, activités et autres joyeusetés rythment le week-end. Avec plus de 300 jeux, c’est également l’occasion d’en découvrir de nouveaux (qui généralement, ne tardent pas à venir alimenter la ludothèque), et c’est exactement ce que j’ai fait tout le week-end. Cette introduction terminée, passons aux choses sérieuses.
One Deck Dungeon – 1 à 2 joueurs
One Deck Dungeon est un jeu d’exploration de donjon. En début de partie, vous prenez une carte personnage, qui dispose d’aptitudes : la force, la vitesse et la magie. Ces trois aptitudes définissent le nombre de dés de chaque couleur dont vous disposez (x force = x dés jaunes, x vitesse = x dés roses et x magie = x dés bleus). Vous choisissez ensuite une carte donjon et il est temps de partir en exploration ! Chaque donjon compte trois étages, plus un boss de fin. Pour monter d’étage, il va falloir combattre des monstres, défaire des pièges… ou savoir fuir au moment opportun. Lorsque vous choisissez de bous confronter à votre adversaire, vous devez lancer vos dés pour obtenir le nombre requis dans chaque couleur. Par exemple, pour combattre le zombi, vous devez faire 11 bleu et 8 rose. Vous devez obtenir ces chiffres en additionnant vos dés, en utilisant vos compétences, bref, tout ce qui est à votre disposition. Au fur et à mesure que vous montez dans le donjon, des contraintes se rajoutent. Heureusement, il est possible d’améliorer les personnages en les faisant monter de niveau et en leur rajoutant des dés et des compétences. A savoir que si l’un des joueurs meurt, le jeu est perdu ! En soi, ce jeu peut paraître simple (je lance des dés et je poutre mon adversaire), mais en réalité, on se retrouve bien vite à calculer et à faire des probabilités pour savoir si on a effectivement une chance de battre l’adversaire ou s’il vaut mieux faire demi-tour. Il ne demande aucune mise en place et les règles sont rapides à comprendre et à intégrer. Point bonus, les illustrations sont plutôt sympathiques. En conclusion, un jeu qui m’a fortement plu et que j’espère pouvoir ajouter à ma ludothèque (il est actuellement en rupture de stock partout).
Indian Summer – 1 à 4 joueurs
La bonne surprise de ce week-end. J’avais déjà eu l’occasion de jouer à Cottage Garden du même auteur et je n’avais absolument pas accroché. Si le principe reste le même (on a une grille et grâce à des pièces de différentes formes, il faut la remplir), j’ai trouvé le jeu bien plus intuitif. Bien que les règles soient un peu longues à lire, elles sont cependant plutôt simples et nous n’avons pas eu besoin d’y retourner souvent. A quatre joueurs, le jeu était plutôt fluide, car nous avions le temps de réfléchir à quoi faire avant que ce soit notre tour, et même de prévoir des plans B au cas où que la tuile convoitée ne soit plus disponible. Pour pimenter le jeu, il y a également quelques petites actions en plus comme voler une tuile à un autre joueur, en poser deux ou récupérer des tuiles pour remplir sa réserve avant qu’elle ne soit vide. Ce n’est pas le genre de jeu que je sortirai toutes les semaines, mais c’était quand même agréable et un peu casse-tête, ce qui donne envie de refaire quelques parties.
Majesty : une couronne pour le royaume – 1 à 4 joueurs
Le but de ce jeu est de gagner le plus de points de victoire possibles. Pour ce faire, vous disposez de 8 cartes représentant des bâtiments : 7 vous faisant gagner des points et 1 vous en faisant perdre. Vous allez ensuite peupler votre village. Six cartes de la pioche sont alors révélés face visible devant les joueurs. Il faut alors faire des choix judicieux pour gagner le plus de points possibles : prendre des défenseurs pour éviter que vos cartes se retrouvent à l’hôpital (le bâtiment vous faisant perdre des points), embaucher des attaquants, recruter des brasseurs, etc. C’est un jeu en apparence simple, mais il faut prendre en compte un système de majorité (le joueur ayant le plus d’un même type de personnage gagne un nombre de points assez conséquent), le fait que plus votre village a de types de personnage, plus il rapporte de points, le fait que tout le monde dispose des six cartes et donc le temps que cela revienne à vous, il y a de fortes chances que celle que vous voulez ait disparu. C’est un petit jeu qui se joue rapidement (comptez une vingtaine de minutes), mais qui demande tout de même une bonne part de réflexion !
Queendomino – 1 à 4 joueurs
Queendomino est un peu une version amélioré de Kingdomino. Dans ces deux jeux, il s’agit de construire un royaume à l’aide de tuiles de terrain divisées en deux (comme… des dominos), certains d’entre eux possédant des couronnes. Il existe différents types de terrain (eau, prairie, forêt, etc.). Une tuile doit forcément avoir un terrain identique adjacent à une autre tuile pour pouvoir être posée. Le but du jeu est de former le plus grand terrain avec le plus de couronnes possible, car les points de victoire sont comptés par multiplication. Par exemple, si vous avez trois forêts avec deux couronnes, ça vous fait 3 x 2 = 6. On fait ça pour tous les terrains et celui qui a le plus de points a gagné. Bref, il s’agit principalement d’un jeu de placement et d’anticipation. Queendomino rajoute quelques éléments. Il est à présent possible de construire des bâtiments. Pour cela, un système de monnaie a été mis en place. Pour gagner de l’argent, il faut utiliser des chevaliers à poser sur ses différents terrains (par exemple, si vous avez six prairies adjacentes et que vous posez un chevalier dessus, vous prenez six pièces d’or). Deux personnages sont également introduits : la reine (fait baisser le coût des bâtiments de 1 quand vous l’avez) et le dragon (peut détruire un bâtiment dans la file d’attente pour 1). Les bâtiments permettent de gagner des points de victoire, d’obtenir des chevaliers et/ou d’acquérir des tours (le joueur avec le plus de tours détient la reine). Etant une grande adepte de Kingdomino, j’ai bien aimé cette amélioration du jeu de base. Elle ne révolutionne pas totalement le jeu et au final, nous n’avons pas utilisé le dragon pendant notre partie, mais elle ajoute un petit quelque chose en plus qui n’est pas désagréable, loin de là !
Paper Tales – 2 à 5 joueurs
Cela faisait un petit moment que j’avais envie de tester ce jeu et c’est maintenant chose faite ! S’il s’est révélé moins bien que ce que je pensais, il reste tout de même un jeu fort sympathique dont il serait dommage de ne pas parler. Dans Paper Tales, le but du jeu est de régir un royaume sur deux siècles (qui sont représentés par quatre manches) et d’accumuler le plus de points de victoire. Il s’agit d’un jeu de draft, c’est-à-dire que chaque joueur commence avec un certain nombre de cartes Unité, en prend une et fait passer le paquet à son voisin (et reçoit donc un paquet de la part de son autre voisin), et ainsi de suite jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de cartes qui circulent. Une fois ces cartes en main, les joueurs doivent disposer leurs unités en ordre de bataille. Cependant, ils n’ont le droit qu’à quatre emplacements, puis cinq dans certaines conditions, ce qui sera toujours inférieur au nombre de cartes qu’ils auront en main. Il faudra donc faire les choix les plus judicieux. Particularité du jeu : il y a un système de vieillissement des cartes Unité qui fait qu’elles sont généralement défaussées en deux tours. Il est donc impossible de garder les mêmes cartes du début à la fin et il s’agit de toujours adapter sa stratégie selon les unités restantes des autres joueurs, les cartes que l’on a vu passer pendant la phase de draft et celles que l’on a pu récupérer. Il s’agit là d’un jeu à durée moyenne (nous en avons eu pour environ une heure à quatre joueurs avec explications des règles) qui nécessite un petit temps d’adaptation, car les manches peuvent se révéler complexes (elles sont divisées en six étapes et suivant les cartes, ce peut être un peu long de bien appliquer tous les effets aux bonnes étapes). Je pense cependant qu’après quelques parties, ne serait-ce que pour avoir une vue d’ensemble des cartes, le jeu peut facilement devenir fluide et intéressant niveau stratégique.
J’ai également eu l’opportunité de participer à une initiation jeu de rôle. Moi qui en ai déjà pas mal fait dans ma tendre jeunesse, j’avais peur de m’ennuyer un peu, mais que nenni ! Cette session n’a eu d’initiation que le nom et elle a tout de même duré deux heures. Il y avait déjà des personnages mis à disposition, ce qui permettait de passer l’étape fastidieuse de la création de personnages pour se lancer dans l’histoire. Ce fut une très bonne expérience, alors je ne peux que vous conseillez de tenter l’aventure ! Là encore, il y en a pour tous les goûts, avec plusieurs durées, des univers différents, pour débutant ou confirmé, etc.
Je vais conclure cet article déjà bien trop long ici. J’ai également eu l’occasion de jouer à des jeux qui ne m’ont pas convaincue (Time Arena, Oliver Twist, Doggy Bag) ou que je connaissais mais dans une configuration (Bunny Kingdom à 4 joueurs alors que je n’y joue qu’à 2 joueurs ou la découverte de l’extension Pantheon pour 7 Wonders Duel). Tout ça pour vous montrer qu’au LudiNord, il y en a vraiment pour tous les goûts. Il y a également une partie réservée aux créateurs pour qu’ils vous fassent découvrir leurs jeux, souvent encore des prototypes perfectibles, ce qui permet de leur faire des retours positifs comme négatifs. Cela permet d’avoir des discussions passionnantes avec ces fous de jeu. Et on ne parle même pas des bénévoles, qui sont vraiment la force de festival. Vous trouverez toujours quelqu’un pour vous expliquer des règles ou vous aider à trouver des joueurs ou un jeu. Bref, le LudiNord, c’est bien et si vous avez l’occasion d’y aller, n’hésitez surtout pas ! (Par contre, privilégiez le dimanche parce que le samedi, vous risquez de faire un échec critique en recherche de jeu et de gagner quelques points de folie à cause de la foule.)