Mareridt – Myrkur

Myrkur est un projet vraiment à part sur la Scène extrême. Derrière lui, une femme, Amalie Bruun, qui déchaîna les passions lors de la sortie de son premier EP. Certains avaient crié au coup marketing alors que d’autres déclaraient purement et simplement que la musicienne n’avait pas sa place dans le black metal.

Un an plus tard, en 2015, le premier véritable album M sort chez Relapse Record, produit par Kristoffer Rygg de Ulver avec Teloch de Mayhem en tant que guitariste studio. L’implication de ces deux musiciens très respectés fit taire les mauvaises langues. M fut plutôt bien accueilli et se paya même le luxe d’être n°1 dans la catégorie World Album au Billboard en septembre 2015. Depuis 2 ans, Myrkur n’a pas chômé et après une tournée et un album live, la chanteuse revient en 2017 avec un nouvel album.

Disons-le tout de suite, Mareridt (cauchemar en danois) n’est pas un album black metal voire metal au sens propre du terme. La définition est beaucoup trop étroite pour une œuvre aussi complexe. Les voix de possédés, marque de fabrique du genre extrême, sont finalement assez rares sur le disque, mais paradoxalement elles gagnent en intensité. Car au-delà du cri formel, ce sont des hurlements de désespoir.

L’opus, enregistré entre Copenhague et Seattle, bénéficie de la production de Randall Dunn. Habitué aux expérimentations comme Sunn O))), il était l’homme de la situation pour transcender les compositions de la musicienne avec une facilité désarmante.

Pour poser le décor, l’album s’ouvre sur du kulning (un chant scandinave que les bergères utilisaient pour appeler les troupeaux), la voix céleste de la chanteuse nous hypnotise avant de nous percuter avec rage sur le titre suivant, Måneblôt. Après un The serpent qui rappelle la lourdeur mélancolique de Tiamat, Crown nous fait perdre pied, en posant une voix grave qui n’est pas sans rappeler Lana del Rey.

Puis en alternant metal, musique folklorique voire gothic en duo avec Chelsea Wolfe, les morceaux se succèdent, et nous étonne par l’étendue du spectre musicale.

Si l’on écarte les trois titre bonus de la version deluxe, l’album s’achève sur Børnehjem après un morceau dans la plus pure tradition folklorique scandinave. Bien qu’un peu maladroit avec ce dialogue parlé sur une voix faussement enfantine, Bruun nous rappelle que malgré cet album, véritable exutoire face à ses démons, elle ne sera jamais vraiment délivrée de ces cauchemars.

Au final, nous avons ici un album introspectif fait avec beaucoup de sincérité. Si l’on peut évoquer quelques fois de la maladresse, des longueurs, Myrkur réussit le tour de force de proposer une musique protéiforme, viscérale qui ne vous laissera pas indifférent. Bienvenue dans mes cauchemars. c’est sur cette proposition en filigrane que l’on découvre le dernier album de Myrkur, une invitation au voyage quelque part entre la lumière et les ténèbres.

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