Entretien avec Laurent Devernay, fondateur du Labo de Bob

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eMaginarock (M) : Bonjour Laurent. Tu es un auteur qui a sa petite notoriété dans le milieu du jeu de rôle, mais pour débuter cet entretien, peux-tu te présenter à nos lecteurs ?

Laurent Devernay (LD) : Bonjour à tous ! Alors, je suis concepteur et auteur de jeux de rôle depuis une bonne douzaine d’années à présent. J’ai fait mes premières armes avec Brain Soda (le jeu de rôle de l’horreur grasse conçu par Willy Favre) puis tout s’est enchaîné assez rapidement – d’abord en amateur / indépendant puis en professionnel chez divers éditeurs.

Pêle-mêle, j’ai pu participer à une quarantaine d’ouvrages divers et variés, sans compter mes contributions régulières à Casus Belli et Di6dent (pour ne citer que les magazines spécialisés encore en activité). Autant dire que je n’ai pas chômé. J’ai eu la chance d’œuvrer dans des genres très divers : le super-héros avec Hexagon Universe et la Brigade Chimérique, l’horreur avec Kuro, le manga shônen avec Devâstra et le steampunk dernièrement avec City Hall. Ce dernier projet s’est avéré colossal et m’a permis de travailler avec Ankama Éditions mais aussi avec les compères à l’origine de la bande-dessinée dont le jeu est tiré : Rémi Guérin et Guillaume Lapeyre.

M : Une belle ludographie, en effet. Mais alors, qu’est ce qui te pousse à monter ta propre structure d’édition alors que tu sembles avoir toute ta place chez les éditeurs du milieu ?

LD : Après tout ça, il peut arriver un moment où on se dit qu’on a fait le tour. Sauf que pas du tout ! J’en suis en fait arrivé au point où j’ai envie d’expérimenter et de m’affranchir de certaines contraintes pour travailler à ma façon. Au fil des années, j’ai accumulé des notes et des idées de jeux plus ou moins aboutis – sans compter les one-shots et autres bursts.

J’ai certes eu la chance de travailler avec de nombreux éditeurs mais j’en suis venu à vouloir travailler dans mon coin, à ma façon. Cela implique évidemment de recruter et payer moi-même illustrateurs et maquettistes, mais c’est aussi un excellent moyen de travailler en direct avec des gens que j’apprécie voire que j’admire. C’est également bien plus contraignant financièrement, ce qui est le prix de l’indépendance. Mais avec une plate-forme comme Lulu.com, qui gère l’impression à la demande et l’expédition des ouvrages, c’est possible. Si on y ajoute Ulule pour le financement participatif, on a à disposition tous les outils pour mettre en place de tels projets et éprouver directement leur viabilité.

C’est pour toutes ces raisons que j’ai créé le Labo de Bob.

M : Présente-nous donc ce fameux Labo de Bob.

LD : Le nom du studio a été facile à trouver : il y a de cela quelques années, j’ai ouvert mon propre site web afin de stocker mes productions et fournir des infos sur mes travaux en cours. Ce site s’appelait déjà le Labo de Bob car ce devait être mon terrain de jeu privilégié pour mettre à disposition mes diverses expérimentations, prototypes et autres tentatives ludiques. La création de mon studio de création est donc le prolongement logique de cette volonté – l’étape suivante, en quelque sorte. Pendant un temps, j’ai même envisagé de reprendre le nom de Zombie Inc, qui ne parlera qu’à une poignée de vieux rôlistes.

Interlude historique : en 2004, encore tout jeune auteur, je décide de me lancer dans la mode de l’époque : l’édition de jeu de rôle au format de PDF. Pour cela, je m’entoure de Gilles Etienne et de Mathieu Gasperin. Plein de gens nous filent un coup de main pour sortir le jeu Imputrescibles (du zombi chez les Incorruptibles, durant la Prohibition) et même des suppléments. Sauf qu’au bout de quelques temps, la motivation retombe et le studio – comme la plupart de ceux qui s’étaient lancés à l’époque – disparaît. Le truc amusant, c’est qu’on retrouve une bonne partie de ceux qui ont participé à cet élan dans le milieu professionnel du jeu de rôle d’aujourd’hui – ou dans des domaines proches. Et ça fait très plaisir.

Bref, tout ça pour dire que Zombie Inc, ça reste le projet qu’on avait monté avec Gilles et Mathieu et que comme je ne veux pas sortir que des jeux avec des zombies, il me fallait un nouveau nom. Attention, je n’exclus pas pour autant de sortir des jeux avec des zombies : ce serait aller contre ma nature et on ne se refait pas ! Peut-être même qu’un ancien projet de Zombie Inc verra enfin le jour… Foin de digression : tout ça pour dire que le nom du Labo de Bob s’est imposé assez naturellement au final.

M : Le Labo de Bob ambitionne donc de sortir des jeux indépendants, en passant par des plateformes comme Lulu.com ou Ulule. Quels sont les projets envisagés  dans un premier temps ?

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LD : Le premier projet du Labo de Bob a été lui aussi facile à trouver : il s’agit de Sweepers Inc – les éboueurs de l’espace. C’est un jeu de science-fiction sans préparation pour des parties avec meneur de jeu tournant, pour des parties durant entre 1 h 30 et 2 h. On y joue des vétérans d’une grande guerre galactique qui, à leur retour chez eux, sont renvoyés dans l’espace. Leur nouvelle mission ? Explorer les épaves laissées par la guerre afin d’y dénicher les ressources qui manquent cruellement à l’humanité après ce coûteux conflit.

Le jeu est de base facile à prendre en main, avec tout ce qu’il faut pour cela : tutoriel, vaisseau d’entraînement, résumé des règles, etc. En plus, on ne part pas démuni vu que le livre propose directement cinq vaisseaux rédigés par des invités de prestige (Anthony Combrexelle, Willy Favre, Cédric Ferrand, Jérôme Larré et Eric Nieudan) mais aussi une campagne en cinq vaisseaux rédigée par mes soins. Et tout ce qu’il faut de conseils, listes et variantes pour créer ses propres vaisseaux. Bref, des parties courtes mais de quoi s’occuper pendant longtemps !

M : Comment met-on sur pied un tel projet en tant qu’indépendant ?

 

LD : L’histoire de Sweepers Inc s’est révélée assez mouvementée. Le jeu devait initialement sortir chez la Boîte à Heuhh mais cette chouette maison d’édition a fini par se retirer un peu de la scène. Après beaucoup de réflexion, j’ai finalement décidé de me donner les moyens de sortir le jeu moi-même. L’apparition de nombreux auteurs reconnus sur Lulu.com (coucou les fameux yno et le Grümph) m’a montré la voie – sans compter bien entendu les autres jeux de grande qualité qu’on trouve sur ce site (Sur les frontières, Pirates et autres… la liste est trop longue pour la prolonger ici). Bref, l’objectif était en vue.

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Après avoir décidé du mode de production, il me restait à remédier à un souci de poids : je ne sais ni dessiner ni mettre en page – ce qui est embêtant, surtout que je tenais vraiment à obtenir un rendu le plus professionnel possible pour ce jeu. Là, le hasard a bien fait les choses. J’avais croisé l’illustrateur Kevin Baussart à plusieurs reprises en convention. Je l’ai recontacté pour lui souhaiter un bon anniversaire, j’en ai profité pour savoir s’il était disponible en ce moment et hop, on s’est retrouvés à bosser ensemble (c’est beau comme une comédie romantique). Pour Julien de Jaeger en tant que maquettiste, le choix s’est imposé de lui-même. Ça fait un bon moment que je le côtoie, via Di6dent et les conventions. L’un des principes de base du studio étant de bosser avec des gens que j’apprécie, ça tombe bien.

Actuellement, la campagne de financement pour Sweepers Inc est en cours sur Ulule. Ainsi, j’espère mesurer la viabilité de ce projet et avoir une meilleure idée de ce qui est possible pour le studio. Le but est donc de financer Sweepers Inc mais aussi, si possible, du contenu additionnel pour ce jeu (des hacks, des missions supplémentaires rédigées par d’autres invités…). Et pourquoi pas, de commencer à financer les projets suivants en engrangeant un peu de trésorerie.

C’est réellement un projet qui me tient très à cœur et je suis impatient de le voir enfin aboutir. Ce serait formidable qu’il permette à d’autres projets de voir le jour rapidement.

M : Merci à toi et bonne chance pour le Labo de Bob !

 

Cannibals

Le site du Labo de Bob.

Laurent Devernay sur le GROG.

Laurent Devernay sur Facebook.

La page Ulule de Sweepers Inc.

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