Aviemore, Ecosse, au milieu de l’hiver. Un bus d’adolescents, sur la route de retour des vacances de neige, s’arrête à une station-restaurant au bord de la route. Ceux qui en descendent pour y manger un sandwiche n’en ressortent pas vraiment rassasiés : ils sont transformés en zombies. Seuls Alice, Bobby, Pete et Smitty, retranchés dans le bus, et farouchement décidés à ne pas finir sous forme comestible, parviennent à survivre.
Un lieu isolé, la nuit, la neige, une forêt de sapins, une panne de réseau, aucune liaison avec le monde extérieur, un bus bientôt attaqué, quelques bâtiments dans lesquels fuir ou se retrancher : la situation est à la fois classique et parfaitement bien choisie. Mais la succession rapide de situations terrifiantes n’empêche pas les adolescents de réfléchir, et de découvrir, grâce aux enregistrements des caméras de surveillance, des éléments qui leur permettront de faire des hypothèses sur les causes de leurs déboires.
Quel élève n’a jamais rêvé de défoncer la tête d’un de ses profs avec une planche de snowboard avant de lui rouler dessus avec un autocar de plusieurs tonnes ? Qui n’a jamais pensé à décapiter un de ses congénères tout en filmant la scène pour ensuite retransmettre cette histoire sur son blog ? Qui n’a jamais rêvé de faire sauter une station-service en envoyant en enfer, préalablement zombifiés, ceux de sa classe qu’il ne pouvait pas sentir ? C’est ce que nous promet, entre autres douceurs, la première partie de ce roman.
Le seconde partie, un peu moins classique, voit les survivants s’introduire, après une fuite nocturne, dans un des ces châteaux dont l’Ecosse est abondamment dotée. Mais la sécurité qu’ils ont trouvée dans ce refuge imprenable et désert se trouve compromise lorsque ses habitants reviennent. S’ils ne sont pas eux-mêmes transformés en zombies, ils apparaissent suffisamment bizarres pour que les choses tournent rapidement à l’aigre. Une fois épuisées les capacités scénaristiques de la station-service et du restaurant, c’est dont le château avec ses aspects gothiques (les caves, les souterrains, les oubliettes, le cadavre sans tête dans la cellule, les issues secrètes, les passages dérobés et la tour) qui prend le relais. Que faisaient donc ces mystérieux individus dans la région et quel rapport ont-ils avec la zombification en cours ? Sont-ils des savants fous ou des sauveurs ?
On bascule alors, peu à peu, du gothique au scientifique, avec la découverte d’une mystérieuse conspiration et des agissements d’une firme biotechnologique, Xanthro Industries, qui n’apparaît pas exclusivement dévolue au bien de l’humanité. Mais quelle est donc la place exacte de la mère de l’héroïne, employée de ce conglomérat ? Le temps manque pour y réfléchir, car les choses se bousculent alors avec l’inévitable intrusion de hordes de zombies dans le château, et nos adolescents doivent rapidement cogiter pour survivre. Certains d’entre eux, au terme de péripéties angoissantes, seront effectivement sauvés. Mais on connaît la fin désormais rituelle des métrages fondateurs du genre : l’ultime image ne manque pas de nous apprendre que tout n’est pas réellement fini…
Zombies panic, destiné aux plus jeunes, est décrété par l’éditeur comme lisible à partir de douze ans. L’auteur a su conserver les aspects dramatiques du genre en en atténuant ce qu’il peut avoir de trop gore. Les réparties adolescentes sont souvent bien vues, tout en évitant le piège d’une vulgarité trop facile. L’intrigue, dont le rythme rapide permet de passer sans cesse d’une ambiance à une autre, est tendue tout au long de trois cents pages aisément lisibles. Rien d’inoubliable ni de profondément original dans cette reprise de thèmes classiques, mais ceux de nos rejetons qui, après avoir été des petits monstres, sont en proie à l’inexorable processus de mutation les transformant en cette espèce définitivement non-humaine qu’est celle des adolescents, adoreront sans aucun doute cette histoire. Quant aux adultes, déjà engagés dans un lent processus de décomposition qui peu à peu les apparente eux-mêmes aux zombies, ils seront rassurés d’apprendre que leur progéniture est parfaitement capable de tenir tête à de telles engeances.
Zombies Panic
Kirsty McKay
Couverture : non créditée
Traduction : Daniel Lemoine
Seuil
12,90 euros