LES METIERS DE LA MUSIQUE : Entretien avec Noemy de Solstice Promotion

eMaginarock : Bonjour Noémy, et merci de répondre à ces quelques questions. Commençons par le plus simple : peux-tu te présenter, et nous expliquer d’où t’es venue cette passion pour le rock et le metal ?

Noémy : Tout le plaisir est pour moi, et bonjour à tous les lecteurs d’eMaginarock ! Je suis attachée de presse à mon compte chez Solstice Promotion depuis la fin de l’année derrière, mais je roule ma bosse depuis quelques années à présent puisque j’ai été journaliste pour plusieurs magazines dès 2002, mais également attachée de presse et chef de projets web lors que j’étais chez EMI.

La passion du rock s’est immiscée en moi sans même que je m’en rende compte. C’est quelque chose qui est venue de façon naturelle puisque j’ai été bercé par les groupes que mon père écoutait (ZZ Top, Deep Purple, Midnight Oil, Gary Moore, Scorpions, INXS, Blue Öyster Cult…). Je me rappelle lui taxer des Cds et les écouter dans ma chambre alors que j’étais âgée de 6 ou 7 ans. Puis, vers l’âge de 9/10 ans, mes goûts se sont affirmés et j’ai commencé à écouter ma propre musique avec Aerosmith et Queen. J’ai commencé à écouter du Metal (Iron Maiden, Sepultura, Slayer, Metallica, Pantera, Guns N’ Roses…) à l’âge de 12 ans, en 1992, ainsi que tous les trucs tendances de l’époque : Nirvana, Pearl Jam, Offspring… A l’époque, je ne connaissais personne qui écoutait du Rock et encore moins du Metal et internet en était à ses balbutiements. J’ai donc fait mon éducation seule en achetant tous les magazines possibles (Hard Force, Rock Hard, Metallian, Rock Sound…), puis plus tard en allant écouter des albums chez les disquaires. Au fur et à mesure des années j’ai durci mes goûts en écoutant massivement du black metal et du death metal , tout en essayant de laisser une oreille trainer sur d’autres styles afin de satisfaire ma curiosité légendaire ! Chose qui m’a bien aidé lorsque plus tard j’ai rejoint une rédaction.

eMaginarock : Comment en es-tu arrivée à ce travail de promotion musicale ? Quelles études as-tu suivies,…

Noémy : On ne peut pas dire que j’ai eu un chemin tout tracé puisque j’ai fait un Bac STL Biochimie puis des études de préparatrice en pharmacie ! Une fois mon diplôme en poche j’ai décidé qu’il était temps que je fasse ce qui me plaisait. J’ai fait une formation en webmastering puis en graphisme. A cette époque je souhaitais déjà rejoindre une rédaction mais je n’avais aucune confiance en ma capacité d’écriture. Le journalisme s’est imposé par lui-même, j’aime à croire que c’était ma destinée. J’ai pu entreprendre un D.U. de journalisme et à la fin de mon année j’ai effectué un stage en entreprise chez Rock Sound. Suite à ce dernier ils m’ont gardé pour écrire des chroniques essentiellement Metal, et petit à petit j’ai « fais mon trou » et on m’a confié de plus en plus de rédactionnel. Pendant plusieurs années, j’ai écrit pour plusieurs parutions (Rock Sound, Rock Mag, Rolling Stone, Total Addict, Rock One…) jusqu’à ce que je signe un CDI chez Rock One en 2006. J’y suis restée jusqu’à ce que le magazine s’arrête. Entre temps, lorsque j’étais pigiste, j’étais également à mi-temps chez EMI en tant que webmaster éditorial puis chef de projet web. C’est là que j’ai rencontré Delphine Caurette (Webpromo) qui m’a formée au métier d’attachée de presse. Sur le papier ça parait un peu fou, mais c’est vrai que j’exerçais trois métiers en même temps. Aujourd’hui je mets à profit toutes ces expériences au sein de ma structure Solstice Promotion afin de promouvoir les artistes en France mais également à l’étranger.

eMaginarock : Comment vois-tu le marché de la musique actuel ? Est-il, comme le livre, complètement saturé ? Et si oui comment t’y prends-tu pour que tes groupes se démarquent ?

Noémy : Voilà une question bien épineuse. Il est dur d’analyser en quelques lignes tous les changements qui se sont opérés au cours de ces quinze dernières années et les conséquences qui en découlent. Mais pour sûr le marché actuel me semble nettement plus complexe qu’il y a quelques années.

Dans un sens il est bien plus facile pour un groupe de s’enregistrer et produire sa musique, mais ceci a pour conséquence une saturation du milieu, les groupes ont du mal à se démarquer. Là où dans les années 2000 on recevait 10 sorties Metal par mois, dix ans plus tard on en recevait 70 ! C’est à la fois bénéfique car on peut faire découvrir un groupe avec peu de budget (du fait de ce qu’Internet représente), mais tout le paysage musical s’en est trouvé affecté. Chacun tire la couverture à lui et essaye de trouver des stratagèmes pour pouvoir tirer son épingle du jeu et faire de l’argent… L’économie musicale telle qu’on la connaissait a été profondément modifiée et je n’ai pas l’impression qu’elle se soit encore bien définie. Il ne faut pas se leurrer ce n’est pas sur la vente de disques qu’un groupe va arriver à se dégager des bénéfices. Un album leur sert juste de carte de visite pour avoir un public, faire des dates et vendre son merchandising. C’est en ça qu’avoir une promotion solide est devenu inévitable.

Je trouve que tout est devenu très difficile et je regrette les années 2000. Mais cela ne sert à rien de s’apitoyer. Soit on baisse les bras, soit on se relève les manches et on essaye de trouver une alternative. Mais pour cela la passion est le seul moteur de réussite.

Pour ma part je tiens à conserver des méthodes qui ont fait leurs preuves et j’aime travailler de manière assez traditionnelle. J’essaye d’entretenir des relations privilégiées avec mes groupes en étant en contact quasiment quotidiennement avec eux, tout comme je le suis également avec les médias. Je privilégie le contact humain car c’est la base du métier, et avec le temps j’entretiens une relation de confiance. Je sélectionne les groupes et en prend peu. Économiquement il serait préférable que je prenne 10 groupes par mois et que j’envoi en masse des newsletters, mais je préfère en prendre peu et relancer chaque média. Si je prenais plus de groupes chacun d’entre eux ferait de l’ombre à l’autre et on me demanderait de choisir quel groupe j’ai envie de mettre en avant. Je n’ai pas envie de faire un tel choix, et je laisse libre les journalistes de le faire à ma place. De par mon passif j’ai forcément un très grand respect pour le libre arbitre journalistique. ;) Fonctionner de la sorte demande plus de temps et d’investissement personnel, mais j’aime à croire que ça a un impact différent. Et pour le moment je n’ai pas à m’en plaindre puisque non seulement j’ai un bon retour des groupes que je défends, mais aussi des médias qui me soutiennent chaque mois.

eMaginarock : Combien de groupes as-tu actuellement en catalogue, et comment fais-tu pour tous les défendre ?

Noémy : Le mot « catalogue » impliquerait que lorsque l’on promeuve un groupe on le fera pour tous ses albums, or je travaille sur la durée de vie d’un album. Sauf pour le label Les Acteurs de L’Ombre que j’ai rejoint début 2015 et pour qui je m’occupe de toutes les sorties mais uniquement pour la presse papier et les radios, ainsi que la réservation d’espaces publicitaires. Blandine s’occupe quant à elle de la partie web.

Les mois d’avril/mai sont souvent des mois chargés, donc actuellement je suis sur 4 sorties pour la période avril/juin. Si on se base par mois et donc par date de sortie je ne souhaite pas avoir plus de 3 groupes par mois. Après il faut savoir qu’une sortie se travaille en général sur une durée de 3 mois donc il y a un glissement entre les projets. Mais j’ai conscience que les groupes investissent beaucoup et que parfois ils n’ont pas le budget nécessaire à 3 mois de suivi. Donc parfois je diminue, avec leur accord, cette durée. Comme je le disais précédemment j’essaye de prendre des groupes de styles différents et dont les sorties s’étalent et ne tombent pas la même semaine. J’ai par exemple proposé à Dead Season de décaler un peu leur sortie pour n’avoir qu’eux à défendre sur cette période. Si je me retrouve avec trop de groupes sur la même période je fais un choix artistique par rapport aux propositions. Il faut donc que les groupes aient conscience qu’il faut réserver sa période de promotion bien avant la sortie de son album.

eMaginarock : La composante d’organisation d’évènements est-elle vraiment importante dans ton travail ? Avec toutes les releases party, les journées d’interviews,… cela doit être un peu complexe à gérer, non ? 

Noémy : Si on parle d’organisation d’évènements liés à la promotion de la sortie d’un album et non de concerts je dirai qu’elle l’est de moins en moins. Là où avant tout se passait à Paris, et donc toutes les journées promo se déroulaient là-bas, le fait qu’il n’existe quasiment plus de magazines basés là-bas a ouvert les frontières régionales et mondiales. Avant il y avait des budgets pour envoyer des journalistes à l’étranger pour des releases party, pour faire une interview de couverture de magazine, ce n’est plus le cas, sauf pour les gros labels. Aujourd’hui la plupart des interviews se font par mail ou téléphone. Ça perd de son charme, mais ça permet aux groupes qui ont moins de budget de bénéficier de la même chance d’exposition. Du coup plus besoin d’être basé à Paris pour exercer ce métier, que ce soit pour les journalistes ou pour les attachés de presse. L’organisation s’en trouve facilité même si le contact de visu est quelque chose que j’apprécie toujours autant. Les concerts ou les festivals règlent ce problème. Je fais d’ailleurs également de la promotion pour des évènements de type concerts ou festivals comme par exemple le Fall Of Summer.

eMaginarock : Quel est ton dernier coup de cœur musical parmi les groupes que tu défends ? Et parmi ceux que tu ne défends pas ?

Noémy : Par chance je ne défends pas de groupes que je n’assume pas. Je trouve que les groupes ont aujourd’hui une réelle conscience professionnelle de la musique. Avant on leur demandait de jouer et composer. Aujourd’hui ils sont obligés de s’intéresser à tout ce qui se trouve entre leur musique et leur public, c’est-à-dire au business musical. J’aimerais qu’ils soient un peu plus naïfs face à ça, car ce n’est pas forcément un « beau milieu » bien que le rock/metal soit quelque peu épargné par rapport à une musique plus grand public. Je trouve qu’un groupe devrait juste devoir se concentrer sur sa musique, mais malheureusement ce n’est plus possible. Pour cette conscience professionnelle, j’ai vraiment aimé ce que Sinlust a proposé avec le concept album Sea Black et j’aimerai lire le livre qui l’accompagne et qui sortira en Juin. J’aime beaucoup aussi ce que Dead Season propose musicalement. C’est complexe, fait la part belle à diverse influences, mais intéressant. Je suis sûre que plus j’écouterai leur album, plus je découvrirai de nouvelles choses, et j’aime lorsqu’un album n’est pas une évidence dès la première écoute.

Concernant les groupes dont je ne m’occupe pas, mes coups de cœur sont généralement pour des groupes de black. C’est dur d’en choisir un car j’en découvre quasiment tous les jours en allant sur des chaines youtube. Mais spontanément je choisirai Violet Cold avec leur album Anomie. Dès la première écoute j’ai trouvé qu’ils avaient quelque chose bien à eux. Et bien entendu Panopticon que je trouve excellent même si je connais depuis plus longtemps.

eMaginarock : Merci d’avoir répondu à mes questions et à très bientôt au détour d’un concert !

Noémy : Merci à toi de m’avoir donné la chance de m’exprimer. J’ai été très bavarde, et encore si on s’était croisé à un concert et que tu m’aurais posé les mêmes questions je pense que tu n’aurais rien pu voir du concert ! ;)

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