La nuit s’annonce électrique, le ciel chargé d’ondes vibrantes.
Quatre formations aux horizons distincts mais à l’énergie commune ont embrasé la scène, tissant un récit sonore intense, entre mélodies éthérées, bourrasques métalliques et orages cathartiques.

SENNA : Fragrance sonore et ivresse électrique
Premiers à investir la scène, Senna nous plongent immédiatement dans un univers où chaque note semble infusée d’émotions contrastées. « Lavender » ouvre le bal, une fragrance musicale qui apaise avant de s’intensifier. Très vite, la tempête menace : « Rain » s’abat sur nous, fine bruine mélodique qui s’épaissit jusqu’à devenir averse post-hardcore. Le ciel se noircit avec « Blackout », laissant place à un chaos orchestré, suivi par la tornade « Hurricane » qui nous emporte dans ses tourbillons instrumentaux.
On reprend notre souffle sur « High Note », oscillant entre envolées vocales et tensions sous-jacentes, avant que l’ivresse n’atteigne son paroxysme avec « Drunk Dial Anthem », véritable appel à la déraison et à l’émotion brute. Enfin, « Rosehip »referme ce premier chapitre avec douceur et amertume, à l’image d’un pétale tombant après la tempête.
OCEAN GROVE : Tsunami sonique et grand huit sensoriel
Si Senna nous avaient immergés dans une pluie d’émotions, Ocean Grove prennent le relais avec une énergie chaotique et insaisissable. « Fly Away » nous propulse immédiatement dans les airs, avant que la fièvre n’atteigne son paroxysme avec « CELL DIVISION », explosion sonique aux relents cybernétiques.
Les atmosphères planantes de « Stratosphere Love »contrastent avec la délicatesse de « Raindrop », mais tout cela n’est qu’un faux répit : « Guys From the Gord » vient percuter nos tympans avec son groove abrasif, tandis que « LAST DANCE » nous entraîne dans une ultime transe sonore.
L’insolence est au rendez-vous avec « No Offence Detected », tandis que « My Disaster » et « Junkie$ » clôturent leur set sur une note chaotique, un mélange d’urgence et de frénésie addictive. Un tsunami qui nous laisse à bout de souffle… et ce n’est même pas la vague finale.
KINGDOM OF GIANTS : Une odyssée entre ombre et lumière
La nuit avance et c’est au tour de Kingdom of Giants d’envahir la scène. Un royaume sonore s’érige devant nous, oscillant entre passages éthérés et déflagrations métalliques. « Night Shift » nous plonge immédiatement dans une nuit sans fin, où chaque note est un battement de cœur accéléré sous l’effet de l’adrénaline.
L’espace devient vide et froid avec « Wasted Space », une errance mélancolique qui laisse place aux rêves bleutés de « Blue Dream », entre atmosphères brumeuses et envolées cathartiques. L’air se charge de cendres avec « Smoke », nappé de guitares abrasives et de voix viscérales.
Le venin s’infiltre avec « Scorpion », titre aussi piquant que rampant, avant d’être purgé par « Bleach », lessivant tout sur son passage. Enfin, « Wayfinder » clôt leur set comme une boussole guidant le public vers la suite, ouvrant la voie aux derniers cataclysmes de la soirée.
THE DEVIL WEARS PRADA : Liturgie du chaos et apocalypse maîtrisée
Tête d’affiche de la soirée, The Devil Wears Prada n’ont plus rien à prouver : ils sont là pour déchaîner l’enfer avec une précision chirurgicale. Dès « Mammoth », la bête est lâchée. La machine s’emballe sur « Watchtower », véritable tour de guet sonique où chaque riff est un signal d’alarme.
Le set se fait cathartique avec « Danger: Wildman », évocation brutale d’un monde en perdition, suivi de « Born to Lose », l’un des hymnes les plus sombres du groupe. L’amertume de « Salt »coule dans nos veines tandis que « Broken »vient briser ce qui restait encore debout.
Le rituel se poursuit avec « Ritual », intensifiant la communion entre le groupe et le public, avant d’embrasser le chaos sur « Reasons ». Puis, surprise audacieuse, un cover d’Excisionnous plonge dans une réinterprétation métallique d’un monstre de la bass music.
L’apocalypse continue avec « Noise », puis l’écrasante « Termination », éradiquant toute résistance. « Escape » laisse entrevoir une issue… avant que « Dez Moines » ne nous replonge dans la frénésie. L’alchimie atteint son sommet avec « Chemical », explosion finale avant le « Sacrifice », où chaque spectateur semble se livrer entièrement à la musique.
Comme pour imposer une pause plus légère dans ce tourbillon d’émotions, les membres du groupe reviennent coiffés de bérets rouges, et offrent un interlude en français, démontrant l’étendue de leurs capacités linguistiques : « oui, oui, baguette ».
« Hey John, What’s Your Name Again? » vient clôturer ce rituel en apothéose. Les derniers hurlements résonnent, les dernières notes s’entrechoquent .
La soirée s’achève, laissant derrière elle des échos persistants. Les corps sont fourbus, les voix brisées, mais l’énergie circule encore, vibrante, comme une onde de choc qui refuse de s’éteindre.