Une sublime double histoire d’amour au cœur d’un évènement phare de la mythologie viking, porté par une des plus belles « nouvelles » plumes françaises.
» Temps des haches, temps des épées,
Les boucliers sont fendus,
Temps des tempêtes, temps des loups,
Avant que le monde s’effondre ;
Personne
N’épargnera personne. »
Le Ragnarök approche.
L’hiver, long de de trois ans, touche à sa terrible conclusion. Thor, fils d’Odin, a eu une vision : celle de sa mort prochaine.
Parce qu’elle refuse de s’y résoudre, son épouse, la géante Iarnsaxa, entreprend la plus périlleuse des quêtes, dans un monde où la mort et la vie se confondent désormais. Elle se joint à Jórunn, une scalde aveugle en route vers la Valhalle pour faire ses adieux à son amante tuée lors d’une des batailles qui font rage dans les royaumes humains.
Ensemble, la géante et la musicienne n’auront d’autre choix que d’affronter le Ragnarök.
Deux histoires d’amour
Jean-Laurent Del Socorro va nous parler d’amour, mais dans sa version tragédie. Alors cette tragédie n’est pas grecque mais scandinave, et cela ne va pas l’empêcher d’être prenante. Qu’il s’agisse de l’histoire de Iarnsaxa et Thor, ou encore de Jórunn et Hervor, leur destin mythique, leurs interactions, leur amour intemporel est mis en avant. Et pourtant il n’y a rien de trop sucré dans ces histoires, rien qui vienne alourdir la lecture et surtout la progression de nos personnages vers cette fin du monde mythologique.
Une histoire mythique
La tragédie de nos quatre personnages ne doit pas éclipser la tragédie mythique de la fin du monde avec le géant Surtur qui vient brûler Asgard. La manière dont les évènements sont liés par l’auteur, dont il ficelle tout cela est impressionnant. A notre quatuor vient s’ajouter une ribambelle de personnages mythiques comme Loki, Ratatosk… qui viennent prendre place dans cette grandiose toile qu’il dévoile sous nos yeux. Cela fait un petit moment que je suis fan de ce que produit cet auteur, mais je dois dire que j’ai été particulièrement impressionné cette fois par la maestria dont il a fait preuve en concevant son histoire. S’inspirant très largement de l’Eda poétique, bien que prenant également certaines distances, Jean-Laurent Del Socorro nous propose un récit proche du mythe dans lequel il parvient à développer de manière très intéressante son histoire.
Un style toujours aussi délié
Proposant des chapitres courts, des changements de point de vue constants, des descriptions pointues et des dialogues choisis, l’auteur continue dans la veine de ce que l’on connait de lui. Personnellement j’adore son style depuis bien longtemps maintenant et sa plume aussi bien que son inventivité ne m’ont jamais déçu.
Avec Les Amants du Ragnarök Jean-Laurent continue sa série autour des grands mythes, et de la plus belle des manières. Cette histoire est belle, tragique, émouvante, brutale aussi parfois. J’ai adoré chacun des personnages et j’ai vécu ce Ragnarök à leurs côtés…
