Bonjour ! Aujourd’hui on se retrouve pour parler de La machine à aimer de Lou Jan, paru chez J’ai Lu le 2 avril.

Les machines sont au service de l’homme dans sa vie quotidienne, et les robots intelligents programmés pour aimer font même de parfaits compagnons. Trop, peut-être. Au point que l’humanité prend peur et décide de les liquider.
Un génocide cybernétique dont Nobod réchappe par la grâce d’un bug inopiné. Pour survivre dans un monde hostile, elle va devoir dissimuler sa véritable nature et composer avec l’humain.
Ses épreuves ne font que commencer.
Le style de l’autrice est assez particulière. Les phrases sont courtes, lapidaires. Et de manière générale, tout est décrit assez froidement. Sachant qu’on suit tout au long de ce roman Nobod, une androïde dotée d’une intelligence supérieure et d’une certaine autonomie (au point qu’elle est appelée hybride, comme si elle était un mélange de robot et d’humain), cela peut se justifier. Cependant, Nobod n’est pas dénuée de sentiment et il faut quelques temps pour s’immerger dans le récit à cause de l’austérité du ton.
En parlant du récit en lui-même, j’ai trouvé qu’il manquait parfois d’un but, d’un fil directeur. Après, Nobod tente de survivre dans un monde qui lui est hostile, elle-même ne sait pas où elle va. Mais au début, cela donne l’impression qu’on va juste la suivre dans tous ses malheurs sans qu’il n’y ait vraiment d’autres histoires que sa survie. Ce n’est que vers le milieu du roman que c’est un peu plus construit. Ses errances permettent d’en apprendre plus sur le monde. Ce qui est sympathique, c’est qu’on a vraiment deux facettes bien distinctes. Sur la couverture, il est indiqué que Lou Jan est une autrice à rapprocher de Becky Chambers ou Rivers Solomon. Cela m’avait rendu très sceptique, car c’est deux auteurices qui écrivent un genre de science-fiction très différent (science-fiction féministe et positive pour l’une, science-fiction beaucoup plus sombre et violente pour l’autre). Et au final, il est vrai que l’on retrouve ces deux aspects dans La machine à aimer sans pour autant verser totalement dans l’utopie ou la dystopie.
Le plus gros souci pour moi dans ce roman sont les relations de Nobod. Elle est programmée à aimer de manière universelle, ce qu’elle répète à de nombreuses reprises. On aurait pu avoir un roman qui met en avant l’amour amical ou familial, ou des formes d’amour autres. Mais non, c’est l’amour romantique qui est mis en avant dans un triangle qui n’a pour moi aucune crédibilité. Dans les deux cas, un des personnages tombent amoureux sans raison (l’amour au premier regard sans parole échangée, je n’y crois pas du tout, surtout quand l’une des personnes est un robot sans visage). Le problème est que les choix et les sentiments de Nobod vont influencer une grosse partie de la fin du roman et vont rendre beaucoup de choses peu cohérentes de mon point de vue.
Cependant, le livre est assez court et donc même avec quelques éléments gênants, cela n’empêche pas d’aller jusqu’au bout. De plus, l’autrice aborde tout de même des sujets intéressants (l’IA, la place des androïdes dans le monde, l’auto-détermination, …) qui même s’ils manquent parfois un peu de profondeur (en même temps, en à peine 200 pages, ça va être compliqué de faire plus), donc ça donne envie de continuer et d’aller jusqu’au bout.