La Dernière Reine de Grèce – Claire North

Une conclusion sous le signe de la sagesse.

Il est temps que les femmes d’Ithaque racontent leur histoire.
Le roi Ulysse est parti il y a vingt ans en guerre contre Troie, emmenant tous les hommes en âge de combattre. En son absence, son épouse Pénélope et les femmes d’Ithaque ont protégé l’île des prétendants et des rois rivaux.
Enfin, Ulysse est de retour, mais il n’est pas le héros triomphant que Pénélope attendait. En revenant sur l’île déguisé en mendiant, il teste non seulement la fidélité de sa reine, mais prépare également une vengeance qui pourrait plonger Ithaque dans une guerre civile sanglante. L’heure est venue pour Pénélope de déployer une ultime fois toute sa ruse, pour triompher d’une guerre qui scellera le destin de l’île et pour sauver les siens, quoi qu’il en coûte.

Claire North achève avec La Dernière Reine de Grèce, une trilogie puissante et exigeante, qui revisite les fondements des récits antiques à travers un prisme résolument féminin. Après Pénélope, Reine d’Ithaque et Le Palais d’Ulysse, ce troisième tome est sans doute le plus percutant émotionnellement. Il embrasse pleinement la douleur, la rage, et le désenchantement d’un des plus grands mythes Grec.

Dernier coup d’oeil sur Ithaque, cette île mythique

Dans La Dernière Reine de Grèce, c’est Athéna qui nous offre son point de vue sur le mythe d’Ulysse, son protégé. Guidée par la voix de la déesse de la sagesse, le ton du récit change radicalement : il est plus sec, plus frontal, plus grave. Fatiguée des hommes et des récits glorieux vidés de sens, Athéna dresse un constat du monde qu’elle observe se déliter.

Sa voix donne à ce roman une puissance unique. La rigueur tranchante d’Athéna souligne la violence des mythes et leurs absurdités, le tout en les rendant nécessaires afin que la magie et l’immortalité qui entoure un Héros puisse prendre vie. La déesse n’oublie cependant pas Pénélopes et ces femmes qui tente une ultime fois de faire entendre une voix que l’on n’a pris la peine d’écouter.

Le style, fidèle à l’approche de Claire North, reste lent, introspectif, presque incantatoire. Certains pourront le trouver contemplatif à l’excès. Ce n’est pas un défaut, mais une posture assumée. Elle épouse le tempo des mythes antiques, leur circularité, leur gravité, et les transpose dans une langue moderne, douce-amère… Ce rythme peut donner une impression de longueur, mais il sert profondément le propos : faire ressentir ce qu’est l’attente, l’effacement, la perte d’existence.

Bien sûr, Pénélope est toujours notre protagoniste principale, ses servantes et amies sont également au cœur de l’action, cependant dans ce tome, l’autrice nous offre une vision plus large et plus profonde des personnages masculins et de leurs différentes personnalités. Cela s’inscrit dans la continuité de la trilogie : Si le premier tome oubliait les hommes, le second commençait à s’y intéresser de plus prêt, le troisième lui, les remet en avant. Cela pourrait sembler contre productif, voire frustrant dans un récit qui se vante de mettre en lumière les personnages féminin oubliés de la mythologie Grecque, mais cela fait sens. Sans trop en dévoiler dans cette chronique, cela correspond à la vision qu’à notre narratrice et son souhait de voir la légende d’Ulysse traverser les âges.

Ce qui donne toute sa puissance à la trilogie de Claire North, c’est le choix parfaitement réfléchi de ses narratrices : Héra, Aphrodite et Athéna. Trois déesses qui, avant de devenir la voix des femmes d’Ithaque, ont été les protagonistes du mythe à l’origine de la guerre de Troie – celui de la pomme d’or jetée « à la plus belle ». Trois figures féminines que l’on a dressées les unes contre les autres pour mieux célébrer les exploits des hommes.

En réunissant ces trois voix dans une nouvelle fresque de l’histoire d’Ithaque, l’autrice compose une œuvre exigeante, subtilement engagée, où la forme épouse parfaitement le fond. Ce n’est pas une trilogie qui s’oublie une fois refermée. Les voix de Pénélope, Eos, Priène et toutes les autres restent un échos qui s’attache au mythe flamboyant de l’Odyssée.

 

Titre : La Dernière Reine de Grèce
Série : Le Chant des Déesses
N° du tome : 3
Auteur(s) : Claire North
Illustrateur(s) :
Traducteur(s) : Karine Forestier
Format : Grand format
Editeur : Hauteville
Collection :
Année de parution : 2025
Nombre de pages : 445
Type d'ouvrage : Roman

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