Bonjour, et merci de bien vouloir prendre le temps de répondre à nos questions !
- Vent rouge est un roman de science-fiction qui nous transporte dans un espace-temps très éloigné du nôtre. Quelles ont été tes inspirations pour imaginer cette histoire ?
Je ne suis pas consciemment parti avec des inspirations quand je me suis lancé dans l’écriture de Vent rouge. Avant toute chose j’avais l’intention de présenter une société qui se serait entièrement construite autour de la notion du souvenir. Dans mes premières idées, j’avais même envisagé qu’il y aurait une espèce de police du souvenir, comme il y a un ministère du bonheur dans Felicidad de Jean Molla (superbe bouquin, soit dit en passant). Je n’imaginais pas que cela pouvait se passer sur Terre, il fallait que ce soit ailleurs, sur une échelle de temps très éloignée de notre époque et sur une autre planète. Dans mon deuxième roman, Où s’imposent les silences, je m’étais déjà beaucoup amusé à créer l’Histoire alternative d’un monde parallèle, des fragments de mythologie aussi dont je saupoudrais les éléments au fil du récit. Avec ce nouveau roman, j’ai eu envie d’aller beaucoup plus loin : d’élaborer un monde avec ses caractéristiques propres, sa faune, sa flore… son Vent rouge. Les Vifs, les habitants de cette planète appelée Sophis, sont donc soumis à ce phénomène. Lorsqu’il se manifeste, ils échangent un souvenir – ils le perdent – avec la personne la plus proche d’eux physiquement ; raison pour laquelle ils ont articulé leur société autour de lui : ils comptent leurs heures en souffles, leurs jours en brises, leurs années en bourrasques. Par rapport à cet aspect, et pour en revenir aux inspirations, il est clair que l’on peut penser au Monde inverti de Christopher Priest avec ce fameux incipit « J’avais atteint l’âge de mille kilomètres. » Et pour en rester sur les influences, il y a sans doute aussi Des milliards de tapis de cheveux d’Andreas Eschbach qui a été pour moi une vraie claque intersidérale, au même titre que Spin de Robert Charles Wilson ou Hypérion de Dan Simmons. Mais encore une fois, en ce qui concerne les inspirations, je crois qu’elles sont tellement multiples qu’il est difficile de les citer toutes. Vent rouge est peut-être la combinaison de plusieurs d’entre elles.
- Tu nous décris deux sociétés dictatoriales. C’est évident pour l’Ordocratie, un peu moins concernant le système sociétal de Sophis, qui semble de prime abord assez utopique. Y avait-il une volonté de faire passer un message particulier par ce biais ?
Au début, je n’avais pas pour intention de faire passer un message, mais de raconter une histoire. C’est toujours le point de départ pour moi, la motivation essentielle. Il n’y avait pour commencer qu’un garçon courant dans la jungle pour se soustraire à la fête du Souvenir car il redoutait d’avoir laissé échapper son secret au dernier passage du Vent rouge. Au cours de sa fuite, il tombe sur un bunker où trois corps inanimés parcourus d’implants végètent dans des cuves. C’est le problème quand on ne fait pas de plan, on se laisse guider et on navigue un peu (beaucoup) à vue, et j’ignorais donc encore ce qui était en train de se nouer. Mais ce qui m’a intéressé ensuite, en effet, c’est de confronter ces deux sociétés soumises à un devoir de contrôle permanent. D’un côté, l’Ordocratie, une dictature où l’hyperconnexion permet de savoir toutes les émotions qui traversent sans cesse les êtres et, de l’autre, les Vifs, obligés de veiller à chacun de leurs faits et gestes sous peine qu’ils ne soient un jour révélés à leur communauté. Ce qui m’a alors passionné, en plus de faire évoluer les personnages sur Sophis, c’était d’interroger la place de l’individu dans ces contextes, à la fois semblables et différents, et de voir comment ils parvenaient à s’affranchir (ou pas) des contraintes induites par leur environnement. C’est ce qui donne d’ailleurs lieu aux joutes verbales entre Satia, Investigatrice pour l’Ordocratie, et Tiqfu, Garante du Souvenir pour les Vifs.
- Les personnages de Vent rouge sont complexes, et peu manichéens. Même Satia, qui est assez rapidement identifiée comme ennemie, a fini par me sembler attachante. Comment as-tu construit ces personnages lors de ton écriture ?
Tous les personnages ont des problématiques différentes et il m’a fallu veiller à tenir les enjeux de chacun. C’est quelque chose que j’espère être parvenu à faire. Le plus difficile, cela a sûrement été pour Satia, la seule qui parle à la première personne. C’est une femme sans scrupule qui se retrouve confrontée à un environnement dont elle ne possède pas les codes. Cerise sur le gâteau, elle n’est plus connectée aux siens et n’est plus en mesure de contrôler ni de réguler ses émotions ou les divers maux auxquels son corps est soumis. Le temps de l’écriture n’ayant rien à voir avec celui du récit, il a fallu que je veille en permanence à ne pas oublier qu’elle ne pouvait pas effacer d’un simple revers de manche le conditionnement Ordocratique dont elle a été victime. L’envie aurait été là de lui faire changer de perspective, de la laisser réaliser un pas de côté, comprendre les Vifs, mais cela n’aurait pas été crédible. En tout cas, cela a été un vrai plaisir d’accompagner tous ces personnages de cette histoire, aussi différents soient-ils, et cela n’a pas été facile d’en… oups, je m’arrête avant de trop en dire…
Question bonus : Si tu devais être un personnage de Vent rouge, ce serait lequel et pourquoi ?
Ah, très chouette question à laquelle j’ai bien du mal à répondre… Je dirais Djimil, parce qu’il est obligé de faire face à des situations qu’il était loin d’avoir préméditées et malgré les embûches qu’il traverse, les peines et les peurs qu’il subit, il ne lâche rien. J’aime assez cette idée de faire autre chose que ce pour quoi on était destiné, et de s’ouvrir malgré tout à l’inconnu.
Bonjour, et merci de bin vouloir prendre le temps de répondre à nos questions !
- Vent rouge est un roman de science-fiction qui nous transporte dans un espace-temps très éloigné du nôtre. Quelles ont été tes inspirations pour imaginer cette histoire ?
Je ne suis pas consciemment parti avec des inspirations quand je me suis lancé dans l’écriture de Vent rouge. Avant toute chose j’avais l’intention de présenter une société qui se serait entièrement construite autour de la notion du souvenir. Dans mes premières idées, j’avais même envisagé qu’il y aurait une espèce de police du souvenir, comme il y a un ministère du bonheur dans Felicidad de Jean Molla (superbe bouquin, soit dit en passant). Je n’imaginais pas que cela pouvait se passer sur Terre, il fallait que ce soit ailleurs, sur une échelle de temps très éloignée de notre époque et sur une autre planète. Dans mon deuxième roman, Où s’imposent les silences, je m’étais déjà beaucoup amusé à créer l’Histoire alternative d’un monde parallèle, des fragments de mythologie aussi dont je saupoudrais les éléments au fil du récit. Avec ce nouveau roman, j’ai eu envie d’aller beaucoup plus loin : d’élaborer un monde avec ses caractéristiques propres, sa faune, sa flore… son Vent rouge. Les Vifs, les habitants de cette planète appelée Sophis, sont donc soumis à ce phénomène. Lorsqu’il se manifeste, ils échangent un souvenir – ils le perdent – avec la personne la plus proche d’eux physiquement ; raison pour laquelle ils ont articulé leur société autour de lui : ils comptent leurs heures en souffles, leurs jours en brises, leurs années en bourrasques. Par rapport à cet aspect, et pour en revenir aux inspirations, il est clair que l’on peut penser au Monde inverti de Christopher Priest avec ce fameux incipit « J’avais atteint l’âge de mille kilomètres. » Et pour en rester sur les influences, il y a sans doute aussi Des milliards de tapis de cheveux d’Andreas Eschbach qui a été pour moi une vraie claque intersidérale, au même titre que Spin de Robert Charles Wilson ou Hypérion de Dan Simmons. Mais encore une fois, en ce qui concerne les inspirations, je crois qu’elles sont tellement multiples qu’il est difficile de les citer toutes. Vent rouge est peut-être la combinaison de plusieurs d’entre elles.
- Tu nous décris deux sociétés dictatoriales. C’est évident pour l’Ordocratie, un peu moins concernant le système sociétal de Sophis, qui semble de prime abord assez utopique. Y avait-il une volonté de faire passer un message particulier par ce biais ?
Au début, je n’avais pas pour intention de faire passer un message, mais de raconter une histoire. C’est toujours le point de départ pour moi, la motivation essentielle. Il n’y avait pour commencer qu’un garçon courant dans la jungle pour se soustraire à la fête du Souvenir car il redoutait d’avoir laissé échapper son secret au dernier passage du Vent rouge. Au cours de sa fuite, il tombe sur un bunker où trois corps inanimés parcourus d’implants végètent dans des cuves. C’est le problème quand on ne fait pas de plan, on se laisse guider et on navigue un peu (beaucoup) à vue, et j’ignorais donc encore ce qui était en train de se nouer. Mais ce qui m’a intéressé ensuite, en effet, c’est de confronter ces deux sociétés soumises à un devoir de contrôle permanent. D’un côté, l’Ordocratie, une dictature où l’hyperconnexion permet de savoir toutes les émotions qui traversent sans cesse les êtres et, de l’autre, les Vifs, obligés de veiller à chacun de leurs faits et gestes sous peine qu’ils ne soient un jour révélés à leur communauté. Ce qui m’a alors passionné, en plus de faire évoluer les personnages sur Sophis, c’était d’interroger la place de l’individu dans ces contextes, à la fois semblables et différents, et de voir comment ils parvenaient à s’affranchir (ou pas) des contraintes induites par leur environnement. C’est ce qui donne d’ailleurs lieu aux joutes verbales entre Satia, Investigatrice pour l’Ordocratie, et Tiqfu, Garante du Souvenir pour les Vifs.
- Les personnages de Vent rouge sont complexes, et peu manichéens. Même Satia, qui est assez rapidement identifiée comme ennemie, a fini par me sembler attachante. Comment as-tu construit ces personnages lors de ton écriture ?
Tous les personnages ont des problématiques différentes et il m’a fallu veiller à tenir les enjeux de chacun. C’est quelque chose que j’espère être parvenu à faire. Le plus difficile, cela a sûrement été pour Satia, la seule qui parle à la première personne. C’est une femme sans scrupule qui se retrouve confrontée à un environnement dont elle ne possède pas les codes. Cerise sur le gâteau, elle n’est plus connectée aux siens et n’est plus en mesure de contrôler ni de réguler ses émotions ou les divers maux auxquels son corps est soumis. Le temps de l’écriture n’ayant rien à voir avec celui du récit, il a fallu que je veille en permanence à ne pas oublier qu’elle ne pouvait pas effacer d’un simple revers de manche le conditionnement Ordocratique dont elle a été victime. L’envie aurait été là de lui faire changer de perspective, de la laisser réaliser un pas de côté, comprendre les Vifs, mais cela n’aurait pas été crédible. En tout cas, cela a été un vrai plaisir d’accompagner tous ces personnages de cette histoire, aussi différents soient-ils, et cela n’a pas été facile d’en… oups, je m’arrête avant de trop en dire…
Question bonus : Si tu devais être un personnage de Vent rouge, ce serait lequel et pourquoi ?
Ah, très chouette question à laquelle j’ai bien du mal à répondre… Je dirais Djimil, parce qu’il est obligé de faire face à des situations qu’il était loin d’avoir préméditées et malgré les embûches qu’il traverse, les peines et les peurs qu’il subit, il ne lâche rien. J’aime assez cette idée de faire autre chose que ce pour quoi on était destiné, et de s’ouvrir malgré tout à l’inconnu.
Bonjour, et merci de bin vouloir prendre le temps de répondre à nos questions !
- Vent rouge est un roman de science-fiction qui nous transporte dans un espace-temps très éloigné du nôtre. Quelles ont été tes inspirations pour imaginer cette histoire ?
Je ne suis pas consciemment parti avec des inspirations quand je me suis lancé dans l’écriture de Vent rouge. Avant toute chose j’avais l’intention de présenter une société qui se serait entièrement construite autour de la notion du souvenir. Dans mes premières idées, j’avais même envisagé qu’il y aurait une espèce de police du souvenir, comme il y a un ministère du bonheur dans Felicidad de Jean Molla (superbe bouquin, soit dit en passant). Je n’imaginais pas que cela pouvait se passer sur Terre, il fallait que ce soit ailleurs, sur une échelle de temps très éloignée de notre époque et sur une autre planète. Dans mon deuxième roman, Où s’imposent les silences, je m’étais déjà beaucoup amusé à créer l’Histoire alternative d’un monde parallèle, des fragments de mythologie aussi dont je saupoudrais les éléments au fil du récit. Avec ce nouveau roman, j’ai eu envie d’aller beaucoup plus loin : d’élaborer un monde avec ses caractéristiques propres, sa faune, sa flore… son Vent rouge. Les Vifs, les habitants de cette planète appelée Sophis, sont donc soumis à ce phénomène. Lorsqu’il se manifeste, ils échangent un souvenir – ils le perdent – avec la personne la plus proche d’eux physiquement ; raison pour laquelle ils ont articulé leur société autour de lui : ils comptent leurs heures en souffles, leurs jours en brises, leurs années en bourrasques. Par rapport à cet aspect, et pour en revenir aux inspirations, il est clair que l’on peut penser au Monde inverti de Christopher Priest avec ce fameux incipit « J’avais atteint l’âge de mille kilomètres. » Et pour en rester sur les influences, il y a sans doute aussi Des milliards de tapis de cheveux d’Andreas Eschbach qui a été pour moi une vraie claque intersidérale, au même titre que Spin de Robert Charles Wilson ou Hypérion de Dan Simmons. Mais encore une fois, en ce qui concerne les inspirations, je crois qu’elles sont tellement multiples qu’il est difficile de les citer toutes. Vent rouge est peut-être la combinaison de plusieurs d’entre elles.
- Tu nous décris deux sociétés dictatoriales. C’est évident pour l’Ordocratie, un peu moins concernant le système sociétal de Sophis, qui semble de prime abord assez utopique. Y avait-il une volonté de faire passer un message particulier par ce biais ?
Au début, je n’avais pas pour intention de faire passer un message, mais de raconter une histoire. C’est toujours le point de départ pour moi, la motivation essentielle. Il n’y avait pour commencer qu’un garçon courant dans la jungle pour se soustraire à la fête du Souvenir car il redoutait d’avoir laissé échapper son secret au dernier passage du Vent rouge. Au cours de sa fuite, il tombe sur un bunker où trois corps inanimés parcourus d’implants végètent dans des cuves. C’est le problème quand on ne fait pas de plan, on se laisse guider et on navigue un peu (beaucoup) à vue, et j’ignorais donc encore ce qui était en train de se nouer. Mais ce qui m’a intéressé ensuite, en effet, c’est de confronter ces deux sociétés soumises à un devoir de contrôle permanent. D’un côté, l’Ordocratie, une dictature où l’hyperconnexion permet de savoir toutes les émotions qui traversent sans cesse les êtres et, de l’autre, les Vifs, obligés de veiller à chacun de leurs faits et gestes sous peine qu’ils ne soient un jour révélés à leur communauté. Ce qui m’a alors passionné, en plus de faire évoluer les personnages sur Sophis, c’était d’interroger la place de l’individu dans ces contextes, à la fois semblables et différents, et de voir comment ils parvenaient à s’affranchir (ou pas) des contraintes induites par leur environnement. C’est ce qui donne d’ailleurs lieu aux joutes verbales entre Satia, Investigatrice pour l’Ordocratie, et Tiqfu, Garante du Souvenir pour les Vifs.
- Les personnages de Vent rouge sont complexes, et peu manichéens. Même Satia, qui est assez rapidement identifiée comme ennemie, a fini par me sembler attachante. Comment as-tu construit ces personnages lors de ton écriture ?
Tous les personnages ont des problématiques différentes et il m’a fallu veiller à tenir les enjeux de chacun. C’est quelque chose que j’espère être parvenu à faire. Le plus difficile, cela a sûrement été pour Satia, la seule qui parle à la première personne. C’est une femme sans scrupule qui se retrouve confrontée à un environnement dont elle ne possède pas les codes. Cerise sur le gâteau, elle n’est plus connectée aux siens et n’est plus en mesure de contrôler ni de réguler ses émotions ou les divers maux auxquels son corps est soumis. Le temps de l’écriture n’ayant rien à voir avec celui du récit, il a fallu que je veille en permanence à ne pas oublier qu’elle ne pouvait pas effacer d’un simple revers de manche le conditionnement Ordocratique dont elle a été victime. L’envie aurait été là de lui faire changer de perspective, de la laisser réaliser un pas de côté, comprendre les Vifs, mais cela n’aurait pas été crédible. En tout cas, cela a été un vrai plaisir d’accompagner tous ces personnages de cette histoire, aussi différents soient-ils, et cela n’a pas été facile d’en… oups, je m’arrête avant de trop en dire…
Question bonus : Si tu devais être un personnage de Vent rouge, ce serait lequel et pourquoi ?
Ah, très chouette question à laquelle j’ai bien du mal à répondre… Je dirais Djimil, parce qu’il est obligé de faire face à des situations qu’il était loin d’avoir préméditées et malgré les embûches qu’il traverse, les peines et les peurs qu’il subit, il ne lâche rien. J’aime assez cette idée de faire autre chose que ce pour quoi on était destiné, et de s’ouvrir malgré tout à l’inconnu.