Un roman fantastique comme je les aime : court, intense, prenant.
Rome, 1936. Giuseppe Rossi est un jeune opposant qui écrit clandestinement des articles pour le journal exilé l’Avanti ! Arrêté par la milice politique de Mussolini, il se fait déporter pour dix ans sur l’île-prison de Tripari, au large de la Sicile. Sur place, il découvre un paysage de roches volcaniques, la grande pauvreté des insulaires et les règles de la colonie pénitentiaire. Le propriétaire des mines de pierre ponce, un dénommé Castellucci, règne en maître sur l’île, cloîtré dans une villa opulente entourée d’un jardin luxuriant. Cette communauté hétéroclite vivote à l’ombre des deux plus illustres et tumultueux habitants de l’île : Ibal, le grondeur et Cabal, le dormeur. Dès l’instant où il pénètre dans ce microcosme fasciste, Giuseppe ne pense qu’à une chose : s’échapper. Mais il devra se confronter aux superstitions moyenâgeuses des villageois et aux étranges figures qui dévalent les flancs des volcans à la nuit tombée…
Une histoire étonnante
L’histoire proposée par Pascal Malosse est vraiment intéressante. Elle propose tout d’abord un bond dans le temps puisque l’on retourne dans l’Italie Mussolinienne, avec ses joyeusetés comme la censure, les camps d’internement, la police omniprésente… L’auteur nous présente Giuseppe, qui va bien vite se faire arrêter et être envoyé à Tripari. A partir de là les mystères de l’île et de son ogre vont se déployer aux yeux du lecteur pour notre plus grand plaisir. L’histoire se déroule sans difficulté sous le soleil italien, porté par un rythme très nerveux, avec des chapitres courts.
Un fantastique merveilleusement distillé
Bien vite le fantastique, ou tout au moins sa suspicion, arrive. Le lecteur se prend au jeu de chercher à savoir ce qui se cache réellement au cœur du cratère de ce volcan, et même si l’on a les grandes lignes assez facilement, il est certain que le détail étonne. Et finalement tout cela fonctionne, s’emboîte et séduit le lecteur et le surprend. La logique des évènements confrontée à l’illogisme fantastique a su me charmer et fonctionne parfaitement.
Un héros attachant
Giuseppe est des plus attachants et cela pour une bonne raison : il est humain, purement et simplement humain. Et c’est cette humanité, cette faillibilité, qui va permettre au lecteur de le suivre, de le comprendre, et va laisser la place au fantastique et à la résolution de l’histoire. Les autres protagonistes se font plus anecdotiques, entourant simplement le héros, même si j’ai adoré la sorcière du village, particulièrement réussie. Sur la création de ses protagonistes et leur caractère on peut dire que l’auteur maîtrise son sujet et cela aide à une immersion complète dans le récit.
Avec ce court roman Pascal Malosse invite le lecteur à une brève incursion sur une île semblant paradisiaque, mais bien entendu il n’en est rien. C’est bien écrit, rythmé, immersif, intense. Malpertuis, dont le catalogue regorge de pépites fantastiques, frappe de nouveau juste avec cet auteur qui n’est pas un petit nouveau. Jetez un œil au cœur du volcan du Bagne du feu, vous pourriez bien vouloir rester.
