Sermons de minuit – Mike Flanagan

Les + :

– Une série très Stephen Kingienne

– Une écriture soignée

– Une mise en scène réussie

– Des acteurs au top

 

Les – :

– Quelques dialogues trop écrits

– Un rythme étrange

Coupable d’avoir causé un accident mortel sous l’emprise de l’alcool, Riley Flynn sort de prison après quatre ans d’emprisonnement. Sans nulle part où aller, il retourne chez ses parents sur la petite île de Crockett Island. La communauté de pêcheurs n’a pas changé depuis son départ, si ce n’est ce nouveau prêtre qui semble ranimer la foi des gens…

Mike Flanagan est le Monsieur Fantastique de Netflix : après The Haunting (Hill House et Bly Manor), il revient cette année avec Sermons de minuit. Pour l’occasion, il signe un bel hommage à Stephen King avec une mini-série très réussie.

Je vous précise que ceci est un avis rédigé sans spoilers et je vous conseille de garder la surprise sur le contenu de la série avant de vous y plonger : ne rien savoir renforce à mon sens le dispositif narratif.

A peine libéré de prison, Riley rentre chez ses parents, à Crockett Island, une île de pêcheurs où vivent une centaine d’âmes dans une bourgade rude, mais charmante. On y retrouve une petite communauté variée : une médecin lesbienne qui veille sur sa mère sénile ; un policier musulman ; une grenouille de bénitier qui se mêle de tout ; le maire et sa fille handicapée moteur ; le pauvre malheureux responsable du dit handicap et son chien etc. Tout ce petit ensemble vit apparemment en harmonie sous l’égide de monseigneur Pruitt, le prêtre du village. Mais quand Riley rentre, une petite révolution arrive : Pruitt est parti en pèlerinage à Jérusalem et a eu un problème de santé. Le diocèse envoie le père Paul le remplacer. C’est le point de départ de grands changements.

Cette communauté sans histoires en apparence, ce grain de sable qui arrive, tous ces éléments doivent vous dire quelque chose si vous lisez Stephen King. Le maître de l’horreur n’a pas son pareil pour dépeindre ces petites villes, miroir de la société américaine avec toutes ses qualités et ses défauts. Flanagan fait de même avec brio, évoquant talentueusement tous les sujets (les armes à feu, la place des musulmans, l’école etc) tout en rendant hommage à son glorieux aîné : comme avec lui, on ne sait plus si c’est la menace surnaturelle ou l’homme lui-même qui va lancer le bal des horreurs.

Si Flanagan parle de la religion et se montre critique sur l’aveuglement qu’elle génère sans que le catholicisme soit le seul sujet abordé frontalement. On sent, comme souvent, le poids de cette religion dans la civilisation américaine et comment, dans ces petites villes, elle sert de ciment à une communauté très hétéroclite. Il n’y a donc pas abus de bondieuserie, car l’approche globale est intelligente et bien écrite.

Le scénariste a la chance d’avoir une équipe d’acteurs et d’actrices parfaite. Leur interprétation fait tout le sel de la série. Le duo principal Zach Gilford/Kate Siegel (qui jouent Riley et Erin) est solide, mais c’est la galerie autour d’eux qui ravit : entre un acteur de Battlestar Galactica (Michael Trucco qui joue le Maire) et une actrice de X-Files (Annabeth Gith, la médecin), on croise d’abord Hamish Linklater qui interprète le père Paul. Il se montre très ouvert et calme, mais la passion n’est jamais loin quand il doit prononcer les homélies qui font le titre de la mini-série. Ces ruptures de ton sont impressionnantes et Linklater est la révélation des six épisodes par le charisme et le respect qu’il parvient à inspirer.

Il est suivi de près par Samantha Sloyan dans le rôle de Bev Keane. La grenouille de bénitier de la petite communauté affiche un masque de bonhomie totalement faux qui se brise régulièrement. Elle exprime par le regard toute l’ambivalence entre sa volonté de se montrer positive et la condescendance, voire la haine qui transpire de ses yeux. Sa seule présence est annonciatrice de scènes savoureuses.

Tous ces acteurs (et bien d’autres) bénéficient de personnages soignés, avec des dialogues à l’avenant. Flanagan leur a écrit de longues tirades qui font progresser l’intrigue ou qui développent leurs personnalités, à l’image de ce qu’on peut faire au théâtre. Autant certains monologues sont passionnants comme la confession du père Paul (épisode 3), autant d’autres sont un peu longuets à l’image de l’échange sur la mort entre Riley et Erin (épisode 4). Ces épisodes finissent par avoir un rythme étrange, entre tunnels de dialogues et avancées brutales de l’intrigue. Cela peut gêner le spectateur peu amateur de dialogues très littéraires.

Pour compenser, la mini-série bénéficie d’un soin particulier à la réalisation. Également derrière la caméra, Flanagan fait preuve de talent et imprime une patte visuelle bien au-dessus du standard de la plateforme. Il joue moins du montage que des plans et de la pure mise en scène pour créer une ambiance fascinante. On peut penser par exemple à sa caméra en rotation qui montre la vision d’horreur dont Riley est victime suite à son accident, principe qu’il répète et qui devient un gimmick de narration pour le spectateur. Si Sermons de Minuit ne fait jamais peur, elle impressionne et les Newton Brothers à la musique contribuent à ce sentiment de soin particulier apporté à l’aspect technique de l’ensemble.

CONCLUSION

Sermons de Minuit est une excellente mini-série fantastique qui profite du talent de Mike Flanagan et de sa troupe d’acteurs pour nous offrir un récit immersif et réussi. Elle crée un rythme particulier qui fait toute sa personnalité. N’hésitez plus, tentez le voyage vers Crockett Island !

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